Pourquoi la Souveraineté alimentaire dans la Constitution bolivienne?
Depuis 1996, la Vía Campesina (mouvement paysan mondial d’hommes et de femmes ruraux) débat du principe de Souveraineté alimentaire pour arriver actuellement à la définition suivante: “La Souveraineté alimentaire est le droit des peuples à produire leurs propres aliments et à organiser la production alimentaire et la consommation selon les besoins des communautés locales en donnant la priorité à la production et à la consommation de produits locaux ”. En partant de ce principe, la Vía Campesina a participé au Séminaire international “L’alimentation est un droit pour tous et pour toutes”, qui s’est tenu à Sucre le 19 avril et fut organisé par l’Asociación de Instituciones de Promoción y Educación. Pour la Vía Campesina, le fait que la société bolivienne se soit intéressée pour analyser, débattre et intégrer dans sa nouvelle constitution le principe de Souveraineté alimentaire revêt une grande importance étant donné que cela va donner un caractère constitutionnel au droit de tout homme et de toute femme à avoir accès aux ressources afin de pouvoir produire leurs propres aliments, de maintenir leur culture productive, de préserver leur culture alimentaire et surtout leur souveraineté nationale.
Or, que la Souveraineté alimentaire figure dans la nouvelle constitution, que de nouvelles lois soient votées ou qu’une organisation gouvernementale soit élevée au rang ministériel n’est pas suffisant, il faudra, en outre, une volonté politique de l’Etat pour approfondir une véritable réforme agraire intégrale et authentique qui récupère et valorise nos semences autochtones. Pour ce faire, il faut interdire l’introduction de semences génétiquement modifiées, soutenir la culture productive des petites et moyennes exploitations, lutter contre les monocultures qui ne font que détruire l’environnement et porter atteinte à la santé humaine dans les campagnes, garantir un marché aux produits des paysans et des indigènes, un marché juste et entre les peuples. Mais, surtout, il faut placer l’homme et la femme au centre du développement en leur fournissant des services de santé, d’éducation et, avant tout, une alimentation saine et appropriée.
A tout ce qui vient d’être dit, il faut ajouter l’élément principal, le peuple et la société, nous ne devons pas tout attendre de l’Etat, il faut participer. Or, la meilleure façon d’y arriver est de défendre notre souveraineté nationale par le biais de la souveraineté alimentaire. En tant que producteurs, nous devons valoriser, récupérer et préserver la culture productive de nos ancêtres. Il ne s’agit pas d’aller à l’encontre de la technologie, mais plutôt d’utiliser en premier lieu nos propres connaissances, nos ressources et, en tant que consommateurs, exiger des aliments produits en harmonie avec la nature et sur notre propre territoire. C’est, en effet, la seule façon qui peut nous permettre de garantir une alimentation saine et appropriée.
Si, dans la prochaine constitution bolivienne, la Souveraineté alimentaire est introduite, assumée et mise en pratique, non seulement nous obtiendrons notre souveraineté nationale mais nous donnerons l’exemple à tous qu’un autre monde est possible.
Lic. Ramiro Téllez M., Vía Campesina Centroamérica.
Avril 2007