Le CSIPM soutient les Directrices volontaires sur l’égalité des genres tout en soulignant les omissions | #CFS51

Paola Romero (FIAN Colombie) et Paula Gioia (La Via Campesina) du groupe de travail du MSCPA Femmes et diversité des genres, ont présenté la déclaration suivante le mardi 24 octobre 2023, lors de l’adoption par la plénière du Comité de la sécurité alimentaire mondiale des Directives volontaires sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles dans le contexte de la sécurité alimentaire et de la nutrition.


Déclaration

Président, représentant.e.s des États membres, observateur.trice.s, collègues, personnes de tous genres, de toutes orientations sexuelles, classes, castes, ethnies, races, capacités et âges…

Au nom du MSCPA, nous souhaitons commencer par exprimer notre solidarité avec tous les civils dans les zones de conflit et de crise prolongée, en particulier ceux de Gaza, actuellement privés d’abri, d’eau potable et de nourriture adéquate.

Le groupe de travail (GT) sur les femmes et la diversité des genres du MSCPA remercie les présidents du groupe de travail sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. Nous remercions également le président du CSA, le secrétariat et les autres agences onusiennes qui ont soutenu le processus.

Nous avons participé à ce processus de travail avec un engagement total, rassemblant une belle mosaïque de personnes et d’expériences du monde entier. Nous avons appris ce qu’est la véritable solidarité. Nous avons appris comment soutenir une diversité de personnes qui subissent des oppressions multiples et intersectionnelles. Nous avons appris ce que signifie rendre visibles ceux qui sont rendus invisibles. Nous avons appris à prendre soin de tous et toutes.

Pour nous, ce processus de négociation a été émotionnellement exténuant et l’espace a souvent été violent, amenant de nombreuses personnes dans la salle à pleurer. Pendant que nous prenions part aux négociations et au moment même où nous parlons ici, de nombreuses vies dans nos pays d’origine subissent des violences sexuelles et basées sur le genre. Des millions de personnes ne sont toujours pas en mesure de réaliser leur droit à l’alimentation et sont même tuées pour ce qu’elles sont. Nous avions de grands espoirs que ces lignes directrices aboutissent à un résultat ambitieux et progressiste.

Notre participation a fait la différence non seulement dans cet espace des Nations Unies, mais aussi dans la vie de certaines des personnes que nous portons dans nos cœurs et nos pensées.

Malgré les tensions et les difficultés, nous reconnaissons que le résultat final aura des répercussions positives, y compris pour quelques membres de nos communautés. Nous avons réussi à intégrer un cadre de droits humains dans le document, ainsi que des références importantes au rôle des organisations de femmes et des mouvements sociaux. Les peuples autochtones et les paysan.ne.s, deux groupes très importants pour le MSCPA, sont également reconnus dans les lignes directrices. D’autres aspects importants se retrouve dans le document.

Cependant, le texte final contient de nombreuses omissions qui diminuent nos espoirs et nous laissent insatisfait.e.s. Il s’agit notamment de :

  • La reconnaissance de la terre comme un bien commun ;
  • Le consentement préalable, libre et éclairé des peuples autochtones est toujours nécessaire ;
  • La reconnaissance droits des personnes LGBTQIA+ ;
  • La redistribution du travail de soins non rémunéré, invisible et non reconnu ;
  • L’agroécologie ;
  • L’intersectionnalité ;
  • Les besoins des femmes et des diversités sous occupation ;
  • La protection sociale universelle doit être une réalité partout, en tant que droit essentiel à la réalisation du droit à l’alimentation.

L’exclusion de ces questions permet d’accroître l’exploitation et la violence contre les personnes les plus défavorisées de nos communautés. Elle permet également de réduire au silence et de condamner les demandes de reconnaissance et de respect des droits humains. Tant que certains d’entre nous seront exclues, marginalisées et rendues invisibles, nous ne pourrons pas véritablement nous réjouir.

En même temps, le MSCPA souhaite éviter le piège de la polarisation politique et de la dichotomie entre le bien et le mal. Nous avons rédigé une réserve pour l’annexe qui explique nos préoccupations tout en reconnaissant que ce document est un point de départ pour la poursuite des discussions au sein du CSA afin de parvenir à l’égalité des genres dans les systèmes alimentaires. Nous avons déjà communiqué cette note au secrétariat du CSA. Nous sollicitons le soutien des États membres pour qu’elle soit ajoutée à l’annexe.

Avec ces clarifications, le MSCPA soutient l’approbation des Directives volontaires sur l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. Nous contribuerons à leur diffusion et les utiliserons dans nos actions de plaidoyer futures. Le prochain PTPA du CSA nous offre de nombreuses opportunités de continuer à progresser vers une véritable transformation des réalités vécues par tant de personnes marginalisées et d’aborder la question du genre comme un aspect transversal et intersectionnel de la réalisation progressive du droit à l’alimentation.  En tant que principale plateforme la plus inclusive et basée sur les droits humains au sein des Nations Unies, nous attendons du CSA qu’il prenne pleinement en considération nos propositions pour parvenir à une véritable égalité des genres et à l’autonomisation dans la transformation des systèmes alimentaires. Nous existons ! Nous continuerons à revendiquer nos droits dans nos communautés et nos sociétés, auprès de nos gouvernements, au sein du CSA et dans tous les espaces des Nations Unies, et nous ramènerons les avancées ainsi obtenues chez nous.