Les mobilisations continuent

Tegucigalpa, 5 juillet 209.  Le cauchemar continue pour le peuple du Honduras, hier les mouvements sociaux furent violemment réprimés par des forces de la police nationale et de l’armée alors qu’ils attendaient l’arrivée du président Zelaya.

La manifestation pacifique commença en façe de l’Université Pédagogique Nationale Francisco Morazán vers 11:30 du matin et alors que la foule
avançait le long du Boulevard des Forces Armées de plus en plus de personnes se joignirent à la marche. On estime à 500 000 ou plus le nombre de personnes ayant participé à cette manifestation massive qui s’est ensuite maintenue plusieurs heures en façe de l’aéroport international de Toncontín. Les manifestants étaient euphoriques dans l’attente de leur président José Manuel Zelaya Rosales dont l’arrivée dans le pays était annoncée vers 16:00. Ils criaient des slogans tout en marchant jusqu’à l’aéroport où ils sont ensuite restés plusieurs heures. Cependant, quelques minutes avant l’arrivée du chef d’état, une émeutes commença. La police et l’armée étaient visiblement effrayées et n’avait sans doute jamais vu autant de personnes réunies au même endroit, prêts à défendre la démocratie et l’ordre constitutionnel. Au moment où les manifestants se rapprochèrent du mur d’enceinte de l’aéroport ils furent attaqués. Ils utilisèrent dans un premier temps des balles à blanc mais ensuite des vraies balles et des bombes lacrymogènes pour effrayer la foule.

Il est déplorable que l’armée et la police agissent d’une manière si violente contre leurs propres frères honduriens alors que la majorité des soldats de notre pays viennent des couches les plus pauvres de la population. Cependant chaque fois qu’ils en reçoivent l’ordre ils attaquent leur propre peuple et sont même prêts à le tuer si possible comme cela c’est produit hier à l’aéroport.

Le chaos a pris place et malheureusement nous avons appris que deux personnes seraient mortes : Darwin Antonio Lagos, un enfant de 8 ans et
Isis Obed Murillo, un jeune de 18 ans, tout deux originaires du département d’Olancho. Dix autres personnes furent blessées. Il est cependant nécessaire de rechercher d’avantage d’informations car le corps de l’enfant n’est pas pour l’instant localisé. Nous avons seulement le témoignage oral d’une personne qui a ramassé son corps sans vie du sol pour le mettre dans un véhicule afin de le transporter à l’hôpital. Même si à l’heure actuelle nous ne savons pas où se trouve le corps de l’enfant, des défenseurs des droits de l’homme de notre pays continuent les recherches, visitent les hôpitaux de la capitale, les morgues, afin de localiser le corps de l’enfant et de confirmer s’il est mort ou non.

Il me paraît ici important de préciser que David Murillo, le père du jeune Isis Odeb Murillo qui a reçu en pleine tête une balle de M-16 tirée par un des nombreux snippers qui entouraient les manifestants, est un camarde qui soutient le Comité des Familles de Disparus du Honduras (COFADEH) du département d’Olancho. Le camarade David était venu avec ses 11 fils depuis sa communauté d’origine jusqu’à Tegucigalpa pour soutenir les manifestations qui se déroulent quotidiennement dans la capitale et les grandes villes du pays avec l’espoir et la conviction que les mouvements sociaux vaincront dans la lutte pour la justice et la vraie démocratie. Il annonça que, malgré la douleur causée par la perte irréparable de son fils, il ne fera pas marche arrière et continuera à lutter jusqu’au bout.

Suite à ces violences qui ont eu lieu alors que nous attendions l’arrivée de José Manuel Zelaya Rosales, beaucoup de personnes s’en allèrent en courant jusqu’à chez eux. Mais de nombreuses personnes restèrent sur place et virent arriver l’avion du chef d’état qui survolait le ciel de la capitale en cherchant un moyen d’atterrir. Mais il lui fut impossible d’atterrir car l’armée positionna plusieurs camions sur la piste afin d’empêcher à l’avion d’atterrir. Les forces aériennes du Honduras envoyèrent également ses avions en menaçant d’intercepter l’avion du président s’il ne renonçait pas. Le pilote vénézuélien et le président prirent la décision d’aller atterrir à Managua au Nicaragua une demi-heures plus tard. Zelaya fut reçu par le président du Nicaragua Daniel Ortega, son épouse ainsi que divers représentants de son gouvernement avec lesquels il s’entretint un
certain temps avant de partir pour le Salvador où l’attendaient ses homologues d’Argentine, du Paraguay, d’Équateur et du Salvador. Ils se
réunirent avec le secrétaire général de l’OEA et prirent des décisions sur la résolution du conflit hondurien.

Nous avons appris aujourd’hui qu’une commission hondurienne s’était rendu à Washington où s’étaient rendus l’ensemble de ces présidents
depuis le Salvador pour dialoguer ensemble et résoudre ce grave conflit qui frappe le pays. Malgré toute cette répression et toute cette violence dont sont victimes les mouvements sociaux et populaires et l’ensemble du peuple hondurien, les leaders de nos mouvements affirment que nous ne feront pas marche arrière et que la lutte pour l’ordre constitutionnel au Honduras continuera. En ce moment même les différents mouvements sociaux s’organisent en façe de l’Université Pédagogique Nationale Francisco Morazán depuis le petit matin pour continuer les manifestations.

Morazán ordonne: la liberté pour la partie ou la mort De Mabel Marquez (Chargée de communication pour la Via Campesina au Honduras)

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