Mars 8: Femmes en lutte pour la souveraineté alimentaire, contre la violence et l’agrobusiness
(Harare, le 8 mars 2015) En cette Journée internationale des Femmes – 8 mars – La Via Campesina appelle à organiser des actions afin de mettre en évidence le rôle fondamental des paysannes pour garantir la souveraineté alimentaire visant non seulement à faire face à la crise alimentaire mais surtout comme principe éthique de vie se basant sur la justice sociale et l’égalité. Lors de cette journée de lutte, nous dénonçons la violence exercée en particulier à l’encontre des femmes. En effet, dans nos campagnes, le modèle de l’agrobusiness et le capital ont exacerbé les inégalités sociales et celles entre les hommes et les femmes. C’est pourquoi nous luttons contre le patriarcat qui se manifeste dans tous les espaces de notre vie, la famille, les organisations, les communautés, les relations homme/femme et la sexualité. Nous condamnons également le féminicide causant l’assassinat de millions de petites filles et de femmes dans le monde, et nous exprimons notre solidarité avec toutes les personnes qui subissent des discriminations et des violences en raison de leur identité de genre et/ou sexuelle.
Le rôle tenu par la femme dans La Via Campesina fait que ce mouvement soit unique dans l’histoire non seulement des mouvements paysans mais aussi des autres mouvements sociaux et organisations internationales.
Pour Nettie Wiebe, de la Via Campesina d’Amérique du Nord, « le travail, les perspectives, l’analyse, l’énergie, le leadership et la présence des femmes dans La Via Campesina ont transformé et renforcé notre mouvement». Le modèle de l’agriculture paysanne assumé par La Via Campesina internationale non seulement inclut les femmes mais revendique en outre leurs droits et leur permet d’être des paysannes à égalité avec les hommes.
Dans le contexte actuel, l’accaparement, la spoliation et l’exploitation des terres de la part des transnationales augmente avec le modèle en extension de l’agrobusiness. D’autre part, la vulnérabilité des paysannes et des femmes autochtones s’accroît du fait des expulsions quotidiennes de leurs terres.
A cet égard, La Via Campesina affirme la nécessité d’une Convention internationale sur les Droits des paysannes et des paysans car les conventions et mécanismes existants se sont avérés trop limités pour la protection des droits des paysannes et les conséquences des politiques néolibérales.
C’est pourquoi à l’occasion du 8 mars, nous, les femmes et les hommes de La Via Campesina, défendons une réforme agraire intégrale, les biens naturels comme la terre, l’eau, les territoires qui, dans leur ensemble, garantissent la souveraineté alimentaire au moyen d’une production agroécologique revalorisant l’agriculture paysanne. Nous dénonçons avec force la destruction et la déprédation dues à la monoculture, à l’utilisation indiscriminée d’intrants chimiques toxiques et aux dommages causés par les transnationales sur nos territoires. Obtenir plus de productivité et de rentabilité dans nos champs signifie la dégradation des conditions de vie dignes pour des millions de paysans et de paysannes. Le marché ne peut pas continuer à dicter les politiques agricoles et à porter atteinte à la santé des peuples et de la nature.
En ce 8 mars, nous continuerons à globaliser la lutte et l’espoir pour un monde plus juste et égalitaire pour toutes et pour tous. Nous exprimons notre solidarité avec Máxima Acuña, paysanne péruvienne qui lutte et résiste contre une transnationale minière. Sa force et sa dignité nous inspirent pour déclarer: Finissons-en avec le système capitaliste et le patriarcat.
Liens vers :
Vidéo : Semeuses de luttes et d’espoir !
Cartes postales contre la violence faîte aux femmes