LVC lance un défi au monde: la souveraineté alimentaire

Ouverture de la IV Conférence Internationale
En présence d’un demi millier de délégués et déléguées venus de la plupart des pays du monde, qui arboraient leur drapeaux et chantaient leurs chants de lutte et d’espoir, et sur fond d’une « mystique » trés émouvante, jouée par des jeunes, garçons et filles de tous les continents, la IVe Conférence Internationale de Via Campesina s’est ouverte lundi 14, à Itaici, dans l’Etat de São Paulo, au Brésil. Ce congrès où se retrouvent les plus importantes organisations paysannes et indigènes du monde, se réunit à nouveau dans le but de débattre et de définir ses stratégies face aux nouveaux défis que le modèle néolibéral impose à la petite agriculture paysanne et familiale. C’est pourquoi, les axes centraux qui orienteront la IVe conférence seront au nombre de trois : la souveraineté alimentaire, la défense de la semence et la lutte pour la réforme agraire.

Et justement, ces thèmes ont été soulignés lors de la cérémonie d’ouverture de l’événement, au cours de laquelle sont intervenus Egidio Brunetto, du Mouvement des Paysans sans Terre du Brésil (MST), et Francisca Rodríguez, dirigeante de l’Association de Femmes Indiènes et Rurales du Chili (Anamuri).

Après avoir souhaité la bienvenue à toutes les délégations, le dirigeant du MST a prononcé un discours sur l’importance des paysans pour le futur de l’humanité. « Les êtres humains dépendent des aliments qui sont le fruit de la terre, de l’eau et de l’oxygène ; la production de ces aliments dépend principalement des paysans et des paysannes. Si les paysans disparaissent, l’humanité disparaîtra également » a fait remarquer Brunetti, en même temps qu’il soulignait l’importance historique des femmes dans la découverte des semences, et le rôle qu’elles jouent aujourd’hui dans la Via Campesina.
Défendre la souveraineté alimentaire, les semences et la réforme agraire constitue un nouvel engagement historique, et pour y parvenir, il faut être « extrêmement unis et extrêmement démocratiques ; d’où l’importance de ce congrès, où nous continuons à défendre notre identité culturelle, nos drapeaux et nos symboles. Dans la Via Campesina, nous savons que nous, les paysans du monde entier, avons les mêmes problèmes et que nous nous unir pour y faire face » a conclu Egidio Brunetto.

Francisca Rodríguez, de ANAMURI était également chargée d’ouvrir l’événement : lors de son intervention, elle a résumé les 12 années de lutte de la Via Campesina pour globaliser les valeurs qu’elle défend : terre, alimentation, dignité et vie, qui sont également les mots d’ordre de cette IV conférence.

"La terre a unifié la lutte des paysans et des paysannes, des indigènes ; elle nous a fait marcher ensemble, nous reconnaître, nous revaloriser et avancer vers un chemin d’organisation et de lutte. » a dit Francisca Rodriguez, tandis que des centaines de voix lançaient dans la nuit leur cri de lutte : globalisons la lutte ! globalisamos l’espoir ! »
La dirigeante chilienne a commenté ensuite que si les congrès précédents avaient déterminé les axes de lutte, et la nécessaire égalité des droits entre les hommes et les femmes de la campagne, ce IVe congrès avait pour objectif de défier le monde de parvenir à la souveraineté alimentaire, « objectif qui se nourrit dans l’esprit des paysans, qui dispersent dans les champs du monde la semence pour produire les aliments »

Francisca Rodríguez a également souligné les apports des assemblées des femmes et des jeunes paysans, qui se sont tenues à Sao Paulo les 12 et 13 juin, et où a été réaffirmé leur engagement de renforcer leurs organisations pour lutter pour l’égalité dans les campagnes, lutter pour la souveraineté alimentaire et pour faire appliquer la réforme agraire. , La Mystique qui anime les mouvements du monde Il y a eu lors de la soirée d’ouverture de la IVe Conférence Internacional de la Via Campesina un moment émouvant et mystique. Avec un caractère universel, les paysans et paysannes ont montré en chants, musiques et gestes la richesse de la culture paysanne de presque une centaine de pays, qui participent à la Conférence.

La ’mystique’ dans les activités de mobilisation de la Via Campesina est présente constamment, et veut alimenter l’utopie selon laquelle un autre monde est possible pour l’organisation populaire. Elle retrace les situations d’oppression vécues par les paysans et paysannes, et les soulèvements qu’ils provoquent comme forme de resistance face à ce système. Il est intéressant de voir que les « mystiques » sont un mélange entre les sujets des discussions politiques qui ont lieu au sein des organisations, et l’ambiance mystique et festive qui se créé dans ces moments-là, où l’émotion devient plus importante que la rationalité et rallume l’espoir qu’un autre monde est possible. Lors de la cérémonie d’ouverture, la « mysique » de la terre, caractéristique propre des paysans et des paysannes, a enveloppé les participants qui attendaient ce moment avec hâte. Pour commencer, la « mystique » a retracé les situations de guerre, de violence et le peu d’importance accordée à l’être humain dans ce monde, où s’impose la logique de marché. Ensuite, on nous a démontré que l’union entre les pauvres de la campagne ouvre des possibilités de reconstruire ce monde dans une perspective de justice sociale. Un moment de forte émotion, ce fut lorsque les enfants qui représentent l’espoir de changement, sont entrés en scène en apportant du pain, dont ils ont sorti deux drapeaux de la Via Campesina.

Puis ils ont partagé les pains avec tous les participants, comme symbole de solidarité. Une vidéo a également été projettée, retraçant la repression subie par les paysans, les mobilisations et les alternatives que proposent les mouvements sociaux du monde. La « mystique » d’ouverture de l’activité la plus importante de la Via Campesina, la Conférence Internationale, a montré que ces espaces sont fondamentaux pour renforcer l’espoir, car ils touchent et sensibilisent l’esprit de changement et l’utopie des personnes qui dirigent et font partie des organisations sociales paysannes et de la lutte sociale paysanne. Et au milieu des accords magiques de « Imagine », et d’un hommage ému à Ernesto Che Guevarra pour l’anniversaire de sa naissance, de chants et de cris combattifs en faveur de la vie, la IVe conférence a éte lancée, à un moment de grands défis historiques, non seulement pour le futur des paysans mais aussi pour l’humanité.