Les Femmes Paysannes du monde entier échangent leurs expériences et leurs luttes

Un mélange puissant et extraordinaire, telle est la rencontre qui a lieu à Sao Paulo : des femmes paysannes de 80 nations se sont rassemblées à l’occasion de la IV Conférence Internationale de Via Campesina, qui se déroule a Itaici (SP) du 14 au 19 juin. Pour cette seconde Assemblée, des femmes du monde paysan et indigène se réunissent pour discuter des thèmes portant sur la situation politique et sociale actuelle.

L’ouverture de l’événement a eu lieu vendredi soir (11) au cours d’une cérémonie soulignant le regard de ces femmes sur le contexte international et qui a rassemblé des traditions et arts du monde entier.
Femmes d’Amérique du Sud, du Nord et Centrale, femmes d’Afrique, d’Europe, d’Asie, des Caraibes et du Moyen-Orient, toutes ont échangé leurs expériences et intentions, renforçant leurs luttes pour la terre, des aliments sains et des conditions dignes de vie.

Au milieu des couleurs des drapeaux de leurs organisations, elles ont exposé leurs produits et leurs semences, ainsi que leurs expériences, si distantes et pourtant si semblables. Alors que les récits parlent de discrimination et violence, les visages sont souriants, par la compréhension de la compassion que ces femmes, par le biais d’une armée de traducteurs, réussissent à partager.

Parmi des dizaines de témoignages dans autant de langues, Imelda Lacandazo nous parle de la réalité quotidienne des femmes qui travaillent dans les rizières des Philippines : "Les femmes d’Asie, surtout les femmes paysannes, participent aussi activement à la lutte pour développer une agriculture durable, car nous voulons une réforme agraire sans poisons. Par notre travail dans le cadre de l’International Rice Research Institute (Institut International de Recherche sur le Riz), nous avons appris que plusieurs femmes paysannes soufrent de maladies, comme des maladies de peau, le cancer du sang, des problèmes rénaux et certaines sont mortes à cause des effets des pesticides utilisés dans les riziéres (…) Je crois que maintenant nous devrions appeler toutes les organisations de femmes à se mobiliser, nous devons unir nos organisations à tous les secteurs comme la jeunesse, les peuples indigènes, les femmes ainsi que tous les agriculteurs et travailleurs ruraux pour développer un vrai programme de réforme agraire et promouvoir alors la souveraineté alimentaire et interdire les OGMs (organismes génétiquement modifies), alors nous devons nous unir, nous unir dans l’action !"
La construction de l’organisation des femmes du milieu rural a commencé en 1997 lors de la première Rencontre Latino-américaine des Femmes, ou a été établi l’engagement de créer une articulation entre
les organisations latino-américaines.

En 1999, à Seattle, durant les négociations de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), des femmes du monde entier ont fait leur première déclaration, dans laquelle elles condamnaient le système néolibéral. Ensuite il y eut des rencontres en Espagne, France, Belgique, Bolivie et Cancun.

La II Assemblée de Femmes précède la IV Conférence Internationale de Via Campesina. Via Campesina est un mouvement international composé d’organisations paysannes de petits et moyens agriculteurs, travailleurs agricoles, femmes et communautés indigènes d’environ 80 pays d’Asie, Afrique, Amérique et Europe.

Le mouvement a été fonde en 1992, quand divers dirigeants paysans d’Amérique Centrale, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud se sont réunis a Managua (Nicaragua) lors du Congrès de l’Union Nationale d’Agriculteurs et Eleveurs (UNAG). En mai 1993, la Première Conférence de Via Campesina s’est déroulée a Mons, Belgique. Au cours de cette conférence, Via Campesina s’est constituée comme Organisation Mondiale et les premières stratégies et structures furent définies.

Le principal objectif de Via Campesina est de développer la solidarité et la diversité entre des organisations de petits agriculteurs pour promouvoir des relations économiques d’équité et justice sociale ; la préservation de la terre ; la souveraineté alimentaire ; la production agricole durable ; et l’égalité fondée sur les petits et moyens agriculteurs. Via Campesina est organisée en huit régions : Europe, Asie du Nord-Est, Asie du Sud-Est, Asie du Sud,Amérique Centrale, Amérique du Sud, Afrique et Amérique du Nord.