Les femmes de La Via Campesina occupent une hacienda au Sud du Brésil
Près de deux mille femmes de La Via Campesina ont occupé à l’aube du 8 mars la pépinière de la compagnie Aracruz Celulose à Barra de Ribeiro, Rio Grande do Sul, au Sud du Brésil. La mobilisation a pour but de dénoncer les conséquences sociales et environnementales de l’avancée du désert vert créé par les monocultures d’eucalyptus. La hacienda Barba Negra est la principale unité de production de plants d’eucalyptus et de pins d’Aracruz, elle possède également un laboratoire de clonage de plants. « Nous sommes contre les déserts verts, les plantations d’eucalyptus, d’acacia et de pins pour la cellulose. Ces plantations couvrent des milliards d’hectares au Brésil et en Amérique Latine. Là où le désert avance, la biodiversité est détruite, les sols se détériorent, les cours d’eau s’assèchent. De plus, les entreprises de cellulose polluent dangereusement l’air et les eaux, mettant en danger la santé humaine », affirment les femmes de La Via Campesina.
Aracruz Celulose est l’entreprise qui possède le plus grand désert vert du pays. L’entreprise compte plus de 250 mille hectares de plantation sur site propre, dont 50 mille seulement dans l’Etat de Rio Grande do Sul. Ses entreprises fabriquent 2,4 millions de tonnes de cellulose par an.
Par cette action, les femmes de La Via Campesina expriment également leur solidarité avec les peuples indigènes dont les terres ont été envahies par Aracruz Celulose dans l’Etat d’Espirito Santo. En janvier dernier, des familles indigènes ont été expulsées violemment par la police fédérale qui a utilisé les machines de l’entreprise pour l’expulsion.
Aracruz est une agro-entreprise privée mais qui bénéficie d’aides publiques. L’entreprise a reçu près de deux milliards de dollars au cours de ces trois dernières années. Pourtant, une entreprise comme Aracruz génère seulement un emploi pour 185 hectares de plantation, alors que les petites exploitations agricoles génèrent un emploi par hectare. « Si le désert vert continue sa progression, nous allons manquer d’eau potable et de terre pour produire des aliments. Nous ne comprenons pas pourquoi un gouvernement qui veut mettre fin à la faim soutient ce type d’entreprise au lieu d’investir dans la réforme agraire et dans l’agriculture paysanne », affirment les manifestants.
La mobilisation de La Via Campesina dénonce également l’impact environnemental des monocultures d’eucalyptus qui progressent dans l’Etat de Rio Grande do Sul, sous l’impulsion de trois grandes entreprises : Votorantim, Stora Enso et Aracruz. Les déserts d’eucalyptus épuisent les sols en consommant de grandes quantités d’eau : un seul eucalyptus peut consommer 30 litres d’eau par jour.
La mobilisation des femmes de La Via Campesina se déroule lors de la journée internationale des femmes. « En ce 8 mars, nous nous sentons solidaires des femmes rurales et des travailleuses urbaines partout dans le monde qui souffrent de violences imposées par la société capitaliste et patriarcale », déclarent les manifestantes.
Suite à la mobilisation à Aracruz, les femmes de La Via Campesina se joindront à la manifestation de la Journée internationale des femmes qui commence à 10h à Porto Alegre.
Pour plus d’informations
Isabelle Delforge à Porto Alegre : + 55 51 81789855
Porto Alegre, 8 mars 2006