La Via Campesina et le CETIM dénoncent les sanctions contre le Niger à l’ONU
Communiqué de presse du CETIM, de la Via Campesina et de la Plateforme Paysanne du Niger Genève, 14 septembre 2023
Le 14 septembre 2023, lors de la 54ème session du Conseil des Droits de l’Homme, un “Panel de discussion biennal sur les mesures coercitives unilatérales et les droits de l’homme” s’est tenu à Genève. Fatimatou Hima de la Plateforme Paysanne du Niger, membre de la Via Campesina, est intervenue au nom du CETIM pour déclarer et dénoncer les conséquences des sanctions économiques et financières contre le Niger et son peuple, et en particulier les conséquences sur les paysans nigériens.
Ce panel fait suite aux questions discutées lors d’un événement parallèle tenu lors de la 52ème session du Conseil des droits de l’homme en mars 2023, qui a été organisé à l’initiative du Rapporteur spécial de l’ONU. Parmi les panélistes figuraient la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les mesures coercitives unilatérales, Alena Douhan ; le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Volkan Türk ; le Président du Mécanisme d’experts sur le droit au développement, M. Mire Kanade ; ainsi que d’autres experts.
Lors du dialogue avec le panel en plénière du Conseil des droits de l’homme, Mme Fatimatou Hima présidente du collège des femmes de la Plateforme Paysanne du Niger a dénoncé le projet d’intervention militaire au Niger et a critiqué les mesures coercitives prises par les institutions régionales et les organisations internationales telles que la CEDEAO, l’UEMOA, l’Union africaine, la Banque mondiale et l’Union européenne qui ont un impact sur les droits de l’homme de l’ensemble de la population nigérienne, notamment les conséquences sur les paysans nigériens en particulier dans les zones rurales.
Ces mesures visent à provoquer des impacts négatifs dans la sphère économique, sociale et politique du Niger. La population est confrontée à une crise alimentaire en raison de l’augmentation généralisée des prix des denrées alimentaires, des difficultés d’accès aux intrants agricoles, d’élevage et de pêche, et de l’accès limité aux ressources par le biais des institutions financières. De plus, les activités d’aide au développement rural ont été suspendues et les coupures d’électricité entraînent des ralentissements économiques et des arrêts de la production agricole. Ces sanctions ont pour conséquence une aggravation désastreuse de la situation agro-sylvo pastorale et halieutique au Niger.
Selon Mme Hima de la Plateforme Paysanne du Niger, “l’approbation et la préparation d’une intervention militaire par la CEDEAO, avec la volonté manifeste de la France de soutenir le projet, sont extrêmement inquiétantes. Une éventuelle guerre contre le Niger et son peuple entraînera davantage de violations et de misère, sans parler des pertes en vies humaines et du nombre de réfugiés qui quitteront le pays, ainsi qu’une déstabilisation de la région. Le peuple nigérien rejette catégoriquement toutes les mesures coercitives qui lui sont imposées, ainsi que tout projet d’intervention militaire”. Dans sa conclusion, Mme Hima au nom des paysannes et paysans membres de la Plateforme Paysanne du Niger a exhorté le Conseil des droits de l’homme et ses mécanismes pertinents à exiger
la levée immédiate et inconditionnelle de toutes les mesures coercitives imposées au peuple nigérien et la reprise du financement de l’aide au développement, en particulier pour les zones rurales.
Conformément à la résolution 52/13 du Conseil des droits de l’homme, le rapporteur spécial sur l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l’homme préparera un rapport sur les débats de la table ronde, qui sera soumis au Conseil lors de sa cinquante-cinquième session. Ce rapport fournira des informations au Conseil sur la manière de procéder dans le cadre de son examen de l’impact des mesures coercitives sur les droits de l’homme.
La Via Campesina et le CETIM continueront à suivre de près la situation au Niger et à référer aux mécanismes pertinents des Nations Unies les violations des droits de l’homme, dans la perspective des plus vulnérables et à la lumière de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales.
Voir l’intervention (à partir de 1h:19m : 00 sec) de Mme Fatimatou Hima de la Plate Forme Paysanne du Niger
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