La souveraineté alimentaire

Communiqué de presse 

Dans la ville de São Paulo, Brésil, va avoir lieu la IVème Conférence Internationale de la Via Campesina. Le point le plus important, vu la conjoncture de la rencontre, constatera l’offensive du capital en ce qui concerne sa phase commerciale. Près de 500 entreprises multinationales (dont 58% des Etats-Unis) contrôlent 51% du PIB mondial, tout en n’employant que 1,6% de la main d’œuvre mondiale. A partir de cette analyse se déploieront les objectifs généraux de la Conférence. A savoir : améliorer les articulations entre les organisations et les mouvements paysans jusqu’à parvenir à des visions communes sur les différentes formes de lutte et contre qui lutter ; améliorer l’organisation et/ou l’articulation internes tout en cherchant un saut de qualité relationnelle pour affronter cette situation internationale.

Dans ce contexte, le thème de la Souveraineté Alimentaire est très important pour comprendre les procédés organisationnels du monde paysan. La Souveraineté Alimentaire s’explique par le droit qu’ont les peuples à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires sans « dumping » vers les autres pays. Voilà la définition politique essentielle que l’organisation mondiale, Via Campesina, est parvenue à imposée au Sommet Mondial sur l’Alimentation (1996), par opposition au concept de « Sécurité Alimentaire » de l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO).

De nos jours, le monde paysan se voit être confronté à un modèle économique basé sur la concentration de la richesse et du pouvoir, qui détruit toute sécurité et souveraineté alimentaire mondiale, toute diversité culturelle ainsi que les propres écosystèmes qui soutiennent la vie dans notre planète. La priorité, pour les paysans et les paysannes, c’est de gérer une production alimentaire saine, libre de tout OGM et autonome de toute définition politique donnée par les instances commerciales destructrices telles que l’OMC, mais au contraire gérées par chaque région du monde.

Ainsi, la Souveraineté Alimentaire signifie une participation active des mouvements paysans dans le processus de définition des politiques agricoles et alimentaires, où la capacité de production alimentaire est basée sur un système de production paysanne diversifiée pour garantir la souveraineté alimentaire des peuples.

Actuellement, ce thème traverse des problématiques qui sont, chaque jour, de plus en plus aiguës, tels que les Traités de Libre Commerce et les constantes privatisations qui touchent aux ressources naturelles de tout type, ainsi que le dumping.
De leur côté, les TLCs généralisent sous toutes les formes possibles, l’idée, principalement des Etats-Unis, d’avoir partout et n’importe où le contrôle absolu de toutes les nations. Nous devons avoir présents à l’esprit que les gouvernements d’Amérique Latine sont, actuellement, en train de négocier l’ALCA (Accord de Libre Commerce des Amériques), cet instrument commercial encore plus néfaste que les traités commerciaux. Les gouvernements n’ont plus d’impunité lorsqu’ils négocient en secret avec la « puissance capitaliste ». Une partie de l’action des mouvements sociaux devrait être, justement, d’obliger les gouvernements à rendre leurs actions transparentes. Exiger des informations ce n’est pas demander une faveur ni une concession, c’est exiger qu’un droit soit respecter.

La libéralisation des marchés jointe au fait que toutes les ressources productives ne sont dirigées que vers un modèle agroexportateur, provoquent une situation d’excédents généralisés, un dumping commercial, ce qui fait qu’aujourd’hui, dans le monde entier, les produits se trouvent bien en dessous de leurs coûts de production. Ce n’est qu’une des causes de la crise de l’agriculture familiale paysanne dans le monde. L’accès aux marchés et à une hypothétique disparition des subventions ne ferait qu’accélérer et renforcer, encore plus, la crise.

Ce n’est qu’en tant que peuple, organisation, paysan, paysanne qu’il y a encore des armes possibles pour combattre les infamies du capitalisme. Il est de plus en plus vital de maintenir le contrôle des semences, l’indépendance par rapport aux pesticides et fertilisants chimiques, la récupération des marchés et des circuits de commercialisation locaux, le plein travail pour la souveraineté alimentaire, la création de liens de solidarité. Pour tout cela, il faut des organisations qui se défendent et se mobilisent dans le monde entier. Cette capacité d’organisation n’est absolument pas privatisable, elle continue à n’être qu’un droit des peuples.