La lutte paysanne en appelle au soutien des populations
Communiqué de presse de la Coordination Européenne Via Campesina, de Hands on the Land, et de Nyeleni Europe
(Bruxelles, le 13 avril 2017) À l’occasion de la Journée internationale des luttes paysannes, ce 17 avril, une large coalition pour les droits des paysan-ne-s lance un appel de soutien car l’heure des négociations de la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysan-ne-s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales se rapproche.
Alors que les paysan-ne-s nourrissent la grande majorité de la population mondiale, le système alimentaire industrielle actuel sape les droits des petit-e-s producteur-rice-s. Vu que les politiques dominantes tolèrent l’accaparement violent des terres et des ressources et que les défenseur-se-s des droits humains font face à une criminalisation systématique, un mécanisme assurant la pleine reconnaissance et la protection des droits humains du monde rural s’impose de toute urgence. Dans cette optique, le mouvement paysan a entamé il y a plus de 15 ans le processus d’obtention d’une déclaration internationale sur les droits des paysan-ne-s. Aujourd’hui, après un travail de plaidoyer considérable et plusieurs mobilisations, et alors que les négociations onusiennes sont imminentes, le soutient de la société apparaît plus important que jamais.
À la suite du Congrès mondial des droits des paysan-ne-s en mars dernier, une coalition de mouvements sociaux et d’organisations de la société civile a lancé une pétition afin d’accroître la pression exercée sur l’UE et ses États membres pour qu’ils participent activement et de bonne foi à l’élaboration d’une déclaration. Étant donné que l’opposition et le désintérêt ont jusqu’à présent été la marque de fabrique de leur position, la pétition encourage les citoyen-ne-s à demander à leur ministre des Affaires étrangères respectif de reconnaître et de s’engager en faveur des droits des paysan-ne-s, y compris leurs droits à la terre, aux semences, à la diversité biologique, à un revenu et des moyens de subsistance décents et aux moyens de production. Avec plus de 3000 signatures recueillies en un peu plus de deux semaines, l’objectif de la pétition est de rallier le soutien de 30 000 personnes, particulièrement dans toute l’Europe.
Les violations des droits des paysan-ne-s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales ont également lieu en Europe, où la Politique agricole commune (PAC) favorise la logique du « agrandis ta ferme ou disparais ». Ce système agricole et alimentaire industriel européen de production axé sur l’exportation mène à la perte d’emplois, la dégradation des conditions de vie des paysan-ne-s et des travailleur-se-s agricoles et l’exode rural. Il va sans dire que les répercussions sur la planète entière de ce modèle agricole sont énormes.
La quatrième session du Groupe de travail intergouvernemental à composition non limitée (GTICNL) de la Déclaration des droits des paysan-ne-s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales se tiendra du 15 au 19 mai à Genève. La position du bloc de l’UE sera sous le feu des projecteurs, étant donné qu’il avait déjà mis en doute la légitimité des paysan-ne-s en tant que titulaires de droits et sa réticence à considérer des questions telles que la terre, les semences et la diversité biologique comme des droits devant être soumis à de nouvelles normes. En soutenant leur lutte, les paysan-ne-s et les autres personnes travaillant dans les zones rurales préserveront des alternatives agroécologiques résistant à l’agriculture industrielle et continueront à développer des systèmes alimentaires locaux sains et durables pour l’avenir de notre planète.
Signez la pétition et faites passer le mot : https://peasantsrights.eu/fr_index.html
Pour plus d’information, merci de contacter:
• Alejandra Robinson del Rey (Chargée de communication – FIAN International) : delrey@fian.org, +49(0)6221 65300 33
• Andres Arce Indacochea (Chargé de communication – ECVC) : andres@eurovia.org , +32 (0) 489 55 22 97
N.D.E.
· La Journée internationale des luttes paysannes fête aujourd’hui son 21e anniversaire. En 1996, La Via Campesina (LVC) a désigné le 17 avril comme la Journée internationale des luttes paysannes, après que 19 paysan-ne-s, membres du Mouvement des sans-terre, ont été assassiné-e-s alors qu’ils prenaient part à une lutte légitime pour l’obtention de terres dans le sud de l’État du Pará, Brésil. Ce drame est également connu sous le nom du « massacre d’Eldorado dos Carajás ».
· Le GTICNL a été créé en septembre 2012 en vertu de la résolution 21/19, suite au travail de plaidoyer entrepris par La Via Campesina et de nombreuses organisations de soutien depuis plus de 15 ans. Pour plus d’information sur l’évolution de ce travail, cliquez ici.