Haïti: Appel à une marche de sensibilisation sur la souveraineté alimentaire nationale
Plus d’une dizaine d’organisations paysannes en Haïti se mobilisent pour tenir, le vendredi 12 décembre 2008 dans la capitale, une marche de sensibilisation pour la souveraineté alimentaire dans le pays, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Des délégués, femmes et hommes en provenance des dix départements géographiques d’Haïti, non seulement participeront au mouvement, mais surtout arboreront des pancartes de revendications spécifiques et régionales sur le thème « kaba grangou, rebati anviwonman se kore agrikilti lakay » (arrêter la faim, reconstruire l’environnement implique un processus de consolidation de l’agriculture nationale).
Le regroupement d’organisations de femmes Fanm p ap tann (Les femmes ne restent pas dans l’expectative) apportera également des messages de mobilisation à côté de la coordination nationale des femmes paysannes (Konafap) sur la souveraineté alimentaire, dans laquelle sont fortement impliquées les femmes comme droit revendicatif (rôle des femmes dans tout le processus de production agricole en Haïti).
Le parcours prévu est l’intersection de la route de l’aéroport international et de la route de Delmas (municipalité au nord-est de la capitale) comme point de départ, puis l’avenue Martin Luther King (communément Nazon), l’avenue John Brown, l’intersection du quartier dénommé Poste Marchand pour aboutir au kiosque Occide Jeanty, sur la principale place publique du pays à proximité du palais présidentiel à Port-au-Prince.
Cependant, les manifestantes et manifestants, qui seront accompagnés d’unités de la police nationale d’Haïti (Pnh), ne passeront pas devant le palais national, fait savoir à AlterPresse un membre du comité organisateur de la marche.
« Avec le plan préparé dans le cadre du document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (Dsncrp), [dont le gouvernement de Michèle Pierre-Louis fait son cheval de bataille], il est clair que rien ne va changer dans la réalité nationale », déplore Marie Edith Germain Remonvil du Mouvement paysan nasyonal kongré Papay (Mpnkp).
Remonvil rappelle combien ce Dsncrp a été concocté par des élus locaux avec certaines organisations partisanes sans la participation d’organisations de base à l’échelle du territoire national.
« Il faut reconnaître que les autorités nationales ont démontré leur capacité à mettre en relief des organisations bidon, sans prise réelle avec les vécus nationaux », critique-t-elle.
Interrogé sur les relations entre le coût de la vie et les prix du carburant, la représentante du regroupement d’organisations initiatrices de la marche et de la campagne pour la souveraineté alimentaire considère les prix du carburant comme « un facteur, un prétexte », susceptible d’influencer les prix des autres biens sur le marché national.
« Ce ne sont pas les prix du carburant qui agissent sur le coût de la vie. Seule la production agricole nationale a la vertu de faire baisser les prix des aliments. Beaucoup de millions ont été investis, le gouvernement se doit de définir une politique agricole responsable », préconise Edith Germain Remonvil dans des déclarations à AlterPresse.
Edith Germain Remonvil exhorte le gouvernement de Michèle Duvivier Pierre-Louis à donner la première place à l’agriculture dans le budget pour l’exercice fiscal 2008-2009, qui doit être présenté au Parlement le lundi 15 décembre 2008 – afin de prévenir des désatres environnementaux du type de ceux enregistrés entre août et septembre 2008 après le passage de 4 cyclones successifs (Fay, Gustav, Hanna, Ike).
Le regroupement d’organisations initiatrices du mouvement mettra en branle, en janvier 2009, d’autres actions de plaidoyer à l’échelle nationale afin de sensibiliser l’opinion sur les démarches à entreprendre en faveur de la souveraineté alimentaire nationale.
L’initiative de la mobilisation, relancée le 11 décembre 2008 après une série d’ateliers de réflexion déroulés entre novembre et décembre 2008 sur le territoire national, vient de Tèt Kole Ti peyizan ayisyen, la coordination régionale des organisations du Sud-Est (Crose), le réseau national haïtien pour la sécurité et la souveraineté alimentaire (Renahssa), le réseau des associations de coopératives pour le commerce et la production agricole dans le Bas Artibonite (Racpaba), Konbit peyizan Nip (Kpn), Kowòdinasyon paysan Grandans (Kpga), la coordination nationale pour les revendications des paysans haïtiens (Konarepa), le Mpp, le mouvement paysan national du congrès de Papaye (Mpnkp), la coordination nationale des femmes paysannes (Konafap).
Cette mobilisation, qui inclut des marches et des débats sur la souveraineté alimentaire, est appuyée par plusieurs organismes internationaux et nationaux, comme Action Aid, Intermon Oxfam, Oxfam Québec, Voisin Mondial, la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Enfo Fanm (Info Femmes), l’Institut culturel Karl Lévêque (Ickl), la coordination nationale de sécurité alimentaire (Cnsa, organisme public). [rc apr 11/12/2008 14 :30]