FSA: 10 ans de promesses non-tenues ; le temps est venu pour la souveraineté alimentaire!
Depuis dix ans, la situation pour les paysans du monde entier ne s’est pas améliorée. Au contraire, les paysans souffrent encore de la pauvreté et de la faim. Dans certains cas, la situation s’est même empirée. Dans quelques pays, des milliers de petits paysans se sont suicidés du fait de la dégradation de leur niveau de vie. Ils abandonnent en désespoir de cause, face à la faim, à l’impossibilité de nourrir leurs enfants et à l’incapacité de rembourser les dettes qu’ils ont contracté pour produire leur nourriture.
Dans le même temps, les aliments importés inondent les marchés des villages à des prix imbattables. Les paysans produisent donc de la nourriture, mais ils sont obligés de manger des aliments importés. C’est la conséquence de 10 ans d’OMC et de politiques néo-libérales.
Lors du sommet mondial de l’alimentation en 1996, les chefs d’Etat avaient promis de réduire de moitié la proportion des gens qui souffrent de la faim d’ici à 2015. Plus tard, en 2000, cet engagement a été inclus dan les Objectifs du Millenium pour le Développement de l’ONU. Cependant, peu de progrès ont été réalisés depuis et il est aujourd’hui clair que cet objectif ne sera pas atteint.
Cet échec est du au fait que le principe de sécurité alimentaire, auquel la FAO a dévolu tous ses moyens, est inefficace. La sécurité alimentaire, au lieu de réduire la pauvreté et la faim, créé plus de pauvreté et plus de faim. La sécurité alimentaire a été utilisée pour faire accepter des politiques néo-libérales, en faisant croire que le commerce pouvait résoudre la problème de la faim. Mais cela n’a pas réussi, tout simplement car on ne s’est pas intéressé à la question de comment et par qui la nourriture est produite et car la sécurité alimentaire n’est pas une garantie pour les paysans que leurs droits soient respectés.
La Via Campesina, le mouvement paysan international, défend depuis le sommet mondial de l’alimentation en 1996 l’alternative de la souveraineté alimentaire. La souveraineté alimentaire traduit les attentes des paysans et des travailleurs sans terre qui représentent la majorité des personnes pauvres et mal-nourries dans le monde. Elle suppose des réformes agraires authentiques, le rejet des OGM et la fin du dumping dans le commerce agricole.
Cette année, nous célébrons le dixième anniversaire du Sommet mondial de l’Alimentation, dont les promesses n’ont pas été tenues. C’est pourquoi La Via Campesina se rendra au siège de la FAO à Rome pour promouvoir les revendications des paysans et défendre la souveraineté alimentaire.
Nous sommes particulièrement attentifs à la question de la réforme agraire (suivi de la Conférence de la FAO sur la réforme agraire et le développement rural –ICARRD- de Porto Alegre), ainsi qu’aux questions concernant les semences, la souveraineté alimentaire et le commerce.
La Via Campesina participera à plusieurs activités, certaines organisées directement par La Via Campesina et d’autres en collaboration avec d’autres mouvements sociaux. Plusieurs leaders paysans de Via Campesina participeront également à la réunion officielle de la FAO.
A Rome, la Via Campesina continuera à porter haut les revendications des paysans et à se battre pour des semences paysannes, pour des réformes agraires authentiques et pour la souveraineté alimentaire.