France : Monsieur le Premier Ministre, Il n’y a pas que 40 agriculteurs en Limousin, du moins pas encore
Communiqué de presse de la Confédération Paysanne du Limousin
(Limoges, le 9 février 2017) La venue du Premier Ministre vendredi prochain au centre d’engraissement des 1000 veaux à Saint-Martial-le-Vieux en Creuse suite à l’incendie de décembre dernier interpelle la Confédération paysanne. Cette visite cache mal un soutien effectif à la Fnsea et à son modèle industriel et productiviste !
L’idée d’engraisser en Limousin de manière collective des animaux qui habituellement partaient pour l’Italie pourrait être une bonne initiative. Cependant, la dimension de ce projet, qui rassemble plus de 1000 jeunes bovins de provenances diverses dans un même bâtiment, ne permet l’emploi que de deux ou trois salariés et oblige à des traitements médicamenteux systématiques des jeunes bovins.
De plus, la totalité de la nourriture de ces animaux sera achetée dans un rayon de 150 km et acheminée par camion. Le transport de ces animaux et de leur alimentation représente un trafic de 1,5 camions par jour. Un projet industriel de cette envergure conçu uniquement pour l’exportation n’a pas sa place sur le territoire d’un Parc Naturel Régional.
Par ailleurs, c’est la partie non agricole, photovoltaïque et méthanisation, qui assure la rentabilité du projet. L’agriculture ne doit pas devenir un sous-produit d’autres activités plus lucratives. Nous sommes donc très loin d’une agriculture responsable des enjeux sociaux et écologiques de son territoire qui seule peut être garante d’une alimentation saine pour nos concitoyens.
D’autre part, la force de l’agriculteur était de pouvoir fixer son prix et de vendre à qui il le souhaitait. Mais dans cette exploitation la contractualisation obligée avec un des actionnaires de la holding « Jean Rozé – Intermarché » menotte les paysans associés. Ce système d’intégration agro-industriel fait et fera disparaître des éleveurs et leur savoir-faire.
La Confédération paysanne exprime fortement qu’il existe un modèle d’agriculture paysanne à l’échelle familiale dans des circuits de proximité ou longs à travers lesquels l’agriculteur reste son propre décideur, avec une production autonome qui garantit la sécurité alimentaire de ses produits et la transparence avec le consommateur.
Le premier Ministre même s’il a des raisons de condamner, au même titre que nous, cet incendie criminel et absurde, ne doit pas pour autant participer à la destruction de tout un pan de l’agriculture locale en privilégiant ce modèle agricole.
Il ne doit pas y avoir de modèle agricole dominant prédateur d’un autre ! L’agriculture doit rester en harmonie sociale, économique et environnementale gage de dynamique des territoires qui maintient des paysans nombreux.
Pour tous contacts :
Fred Lascaud – Porte-parole Limousin : 06.71.05.28.36
Philippe Coutant – Porte-parole Nouvelle-Aquitaine : 06.76.88.43.57