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L’eau c’est la vie!
1 mars 2003 / 0h00
DÉCLARATION
Les groupes ayant apposé leur signature à la présente Vision pour l’action de la société civile rejettent les principes fondamentaux de l’Énoncé des objectifs à long terme présenté par le Conseil mondial de l’eau, et adopté lors du 2e Forum mondial de l’eau tenu à La Haye. Sur cet énoncé sont basés les politiques et les projets du 3e Forum mondial de l’eau qui se tiendra en mars 2003. Ces principes de base sont rejetés pour les raisons suivantes :
Le modèle de gestion de l’eau proposé· dans cette vision abandonne entièrement au secteur privé, par le biais de la commercialisation, le contrôle de nos ressources en eau. La priorité est donnée à l’agriculture industrielle intensive aux· dépens des pratiques communautaires traditionnelles à petite échelle des peuples autochtones et des paysans. Il promeut l’usage accru des semences génétiquement modifiées dans le· but « d’économiser » l’eau, menaçant de ce fait la biodiversité et l’intégrité culturelle de la planète et de ses peuples. Le Conseil mondial de l’eau est un organisme non représentatif et non· démocratique reflétant l’influence de ses membres provenant exclusivement des institutions financières internationales, des multinationales de l’eau, et des ONG dont les intérêts sont rattachés à ces dernières. Le Conseil mondial de l’eau et sa Vision prétendent avoir atteint un· « consensus » sur l’avenir de l’eau dans le monde et ce, sans consultation ni débat, et sans l’approbation des organisations populaires représentants les peuples du monde.
Le modèle proposé est normalisé à l’échelle du globe, détruisant de ce fait la diversité des écosystèmes aquatiques ainsi que les peuples qui en dépendent. Il mènera à la cartellisation des ressources en eau potable dans le monde, à la dévastation de l’environnement, ainsi qu’à la mort de millions, voire de milliards de personnes dans le monde.
De tout temps et pour tous les temps, l’eau a appartenu et appartiendra à la terre et aux espèces qui y vivent. C’est un droit inaliénable et un bien public qui doit être protégé et dont doivent prendre soin les peuples, les collectivités et les nations, ainsi que les organismes qui les représentent sur les plans local, étatique et international. Nous fondant sur ces principes inébranlables, nous affirmons ce qui suit :
L’eau n’est pas une marchandise et ne doit pas être abandonnée aux caprices du marché, car personne, ni individu ni société n’a le droit d’en tirer un profit. L’eau ne doit pas, par conséquent, être transformée en marchandise, privatisée, commercialisée ou exportée à des fins commerciales. L’eau ne doit pas figurer en tant que « bien », « service » ou « investissement » dans quelque accord commercial international, régional ou bilatéral que ce soit.
Chaque être humain a droit à de l’eau propre. Nous exigeons que les gouvernements du monde augmentent considérablement leurs dépenses pour fournir de l’eau propre et des services d’hygiène aux démunis et aux personnes ayant difficilement accès à l’eau. Nous affirmons qu’en réduisant les sommes astronomiques actuellement allouées aux dépenses militaires, il serait possible de fournir de l’eau potable à chaque personne vivant sur la planète. Nous maintenons que l’annulation de la dette est essentielle pour garantir l’approvisionnement en eau dans les pays pauvres, et nous exigeons que la privatisation cesse d’être posée en condition aux prêts internationaux.
Nous déclarons que la principale façon d’assurer l’approvisionnement durable de l’eau nécessaire à la vie est d’entretenir et de protéger l’intégrité écologique de tous les écosystèmes. Nous demandons l’adoption et l’application d’un programme de restauration visant à réhabiliter les écosystèmes dégradés. De plus, nous déclarons qu’il ne saurait y avoir suffisamment d’eau potable dans l’avenir si l’on poursuit l’agriculture industrielle et que l’on permet à une poignée de sociétés de conserver le contrôle monopolistique des aliments et des semences. Nous appuyons la production alimentaire autosuffisante. Nous sommes également d’avis que les projets de développement à grande échelle, tels les méga-barrages, ne peuvent être durables ni d’un point de vue écologique ni d’un point de vue social. L’on ne peut garantir un approvisionnement en eau pour l’avenir que si l’on reconnaît, respecte et protège les droits, ainsi que le savoir traditionnel, des autochtones, des paysans et des peuples pêcheurs.
L’eau, en tant que bien public et droit inaliénable de tout être humain doit être contrôlée par les peuples et les collectivités qui en dépendent pour vivre et pour gagner leur pain. La gestion des services d’eau doit non seulement demeurer entre les mains publiques, mais elle doit être améliorée et affermie afin de rendre centrale la participation des collectivités et des travailleurs aux processus décisionnels, et assurer la transparence et la responsabilisation. Une telle participation doit s’étendre à tous les paliers, étatique, régional et international et ce, dans toutes les décisions touchant les ressources en eau. Qui plus est, tous les projets de développement des ressources en eau doivent être fondés sur le respect des droits des collectivités touchées, et doivent permettre la participation pleine et entière à toute décision.
Et enfin, nous déclarons que la gestion et la protection des ressources en eau du monde doivent absolument être fondées sur les principes de justice, de solidarité, de réciprocité, d’équité, de diversité et de durabilité, parce que l’eau est un droit de tout être humain. Comme il a été précisé dans la Déclaration faite à Pôrto Alegre en 2002, nous demandons à tous les législateurs et parlementaires de prendre les mesures nécessaires pour faire de cette vision une réalité. De plus, par voie d’opposition au 3e Forum mondial de l’eau à Kyoto, les militants dans le domaine de l’eau se rassemblent en forums sociaux pour l’eau à Florence (Italie), Sao Paulo (Brésil), Accra (Ghana), New York (É.-U.), et New Delhi (Inde), et formeront une coalition mondiale alternative sur l’avenir de l’eau.
* Détails des forums : Premier Forum populaire mondial de l’eau, Florence (Italie), les 21 et 22 mars Forum social de l’eau (du 16 au 23 mars) Conférence africaine sur l’eau, Accra (Ghana) (date à déterminer) Conférence et festival de l’eau, Ville de New York (du 16 au 23 mars) Forum populaire national de l’eau, New Delhi (Inde), les 15 et 16 mars