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La Via Campesina : imposer la souveraineté alimentaire

17 avril 2014 / 0h00

Paru sur le blog de Frères des Hommes “Résonnances”

(Paris, 23 avril, 2014) A l’occasion du 17 avril déclaré Journée internationale des luttes paysannes, en mémoire du massacre des 19 paysans sans terre brésiliens assassinés par la police militaire, Frère des Hommes a souhaité revenir sur l’histoire de ce mouvement international qui rassemble des millions de paysans et paysannes dans le monde, la Via Campesina. « La plus évidente de nos avancées : être parvenus à imposer que la souveraineté alimentaire doit être le principe de base des politiques agricoles dans le monde. Et l’idée est acceptée aussi bien dans les campagnes que dans les villes, c’est très important. » Pour Paul Nicholson, dirigeant du syndicat paysan basque Ehne (Espagne) et l’un des cofondateurs de la Via Campesina, le monde paysan marque des points. 21 ans après sa création La Via Campesina est aujourd’hui un acteur central dans les débats sur l’alimentation et l’agriculture tant au niveau local que global, notamment auprès d’institutions comme la FAO et le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. A tel point qu’en 2013, la Via Campesina et la FAO ont signé un accord de coopération reconnaissant ainsi le rôle essentiel que jouent les petits producteurs.

La Via Campesina regroupe 150 organisations paysannes dans 70 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et des Amériques. Au total, près de 200 millions de paysans et paysannes sont représentés par la coalition. Selon ses propres termes, « la Via Campesina ressemble à un arc en ciel ». Peu de monde aurait prédit une telle reconnaissance au moment de sa création en 1993, à Mons, en Belgique. A cette époque, l’agro-industrie impose fortement son modèle, le but de la Via sera d’en défendre un autre. S’opposant à l’agriculture industrielle, elle lutte pour une agriculture durable de petite échelle comme moyen de promouvoir la justice sociale. Son leitmotiv : « Mondialisation la lutte, mondialisons l’espoir ! » Face à elle, de puissants acteurs de l’agro-industrie et plus particulièrement pendant la crise mondiale des prix alimentaires de 2008, en partie due à la spéculation sur les céréales, qui a appauvri plusieurs centaines de millions de paysans : « De la privatisation des semences et la vente d’agro-toxiques jusqu’à l’achat des récoltes, la transformation des aliments et leur transport, leur distribution et leur vente aux consommateurs, tout est entre les mains d’une poignée d’entreprises. Les aliments sont passés de l’état de droit pour toutes et tous à celui de simple marchandise. »

Les paysans peuvent nourrir la planète

Le mouvement est basé sur la conviction que les paysans, qui forment près de la moitié de la population mondiale, sont capables de nourrir leurs communautés et la planète d’une manière durable et saine. Autre position fondamentale : les membres de la Via sont aussi convaincus que les paysans des pays du Nord et ceux des pays du Sud ne sont pas concurrents mais font face aux mêmes difficultés, face à l’action des entreprises agroalimentaires multinationales.

Depuis la signature de l’Uruguay Round du GATT en 1994, les représentants des organisations rurales, organisés au sein de la Via Campesina, ont marché ensemble dans les rues de Genève, Paris, Seattle, Washington, Québec, Rome, Bangalore, Porto Alegre, Cancún et Hong Kong. Chaque fois que, et partout où des institutions internationales telles que l’OMC, la Banque mondiale et la FAO des Nations unies se rencontrent pour discuter sur les problèmes de l’agriculture et de l’alimentation, la Via Campesina est présente. Son action est aussi locale, elle est également présente dans les communautés locales du Honduras, Mexique, Brésil, Guatemala, Indonésie, Europe ou Canada lorsque des familles d’agriculteurs se mobilisent pour résister à la diffusion de semences génétiquement modifiées ou lorsqu’ils sont évincés de leurs terres.

Alliant la parole au geste, la Via Campesina a récemment créé des espaces de formation pour les paysans de ses organisations membres : une cinquantaine de centres de formation ont vu le jour depuis cinq ans à peine, enseignant des techniques douces et durables de protection des sols, de gestion de l’eau et des intrants naturels, de conservation de variétés locales, d’association de cultures.

Dans un message vidéo envoyé lors de la dernière conférence du mouvement en 2013 à Jakarta, Olivier de Schutter, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations unies ne tarit pas d’éloge sur le réseau paysan qui « s’est imposé comme une référence sur les questions de souveraineté alimentaire ». Ce que confirme Paul Nicholson, dirigeant du syndicat paysan basque Ehne : « Nous sommes parvenus à nous doter d’une vision collective cohérente, il s’agit d’un véritable mouvement, pas d’un simple forum. »

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Date :
17 avril 2014
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