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FSM: Charte Mondiale des Migrants
5 février 2011 / 0h00
C’est sur l’île de Gorée, au Sénégal, lieu de mémoire de la traite négrière qu’a eu lieu les 4 et 5 février 2011, le lancement d’une Charte mondiale des migrants qui affirme la perspective d’un monde idéal, sans murs, où chaque personne aurait le droit de circuler et de s’installer là où elle le désire, sans illusions toutefois sur l’appui à attendre de la part des Etats «qui sont des adversaires et non des partenaires»
La réalité des migrations humaines est aujourd’hui douloureuse, de plus en plus douloureuse, les migrations le plus souvent clandestines sont une des conséquences d’un capitalisme financier qui va se poser là où le coût du travail est insignifiant, prêt à déplacer le travail en fonction des avantages comparatifs.
Mais les migrations planétaires les plus nombreux sont d’abord d’origine paysanne. D’après la FAO, sur le milliard d’humains qui n’arrivent plus à satisfaire leurs besoins alimentaires se trouveraient 650 millions de paysans. Il sont confrontés à un dilemme terrible, soit rejoindre le bidonville de la mégapole la plus proche où arrivent des surplus agricoles achetés à bas prix sur le marché mondial. Soit pour les plus jeunes, tenter de chercher un avenir dans ces pays plus au nord, où les paillettes de la modernité appartaissent sur les écrans de télévision, cachant difficilement des zones d’exclusion appelées banlieues. L’actuelle spéculation criminelle sur des produits alimentaires de base est d’abord causée par l’abandon de nombreuses politiques agricoles, au nord comme au sud, et aux contraintes de l’OMC et des Accords de libre-échange. Mais les migrants, devenus migrants par choix ou par contrainte revendiquent des droits, les mêmes droits humains en vigueur que dans les pays d’accueil en n’ignorant pas que les frontières les plus difficiles à faire tomber sont d’ordre culturel ou idéologique. « Nous devons choisir une journée qui nous appartient, affirment- ils, plus encore « s’il y avait simultanément une journée de grève des migrants, montrant le poids et l’importance qu’ils représentent dans l’économie ».
Contribuer à la disparition d’un monde égoïste cynique, où le fossé entre riches et pauvres devient géant quelques soient les lieux, reconstruire une proximité entre lieux de production et de consommation, en finir avec le transfert des richesses du sud vers le nord et avoir aussi le droit de rester dans son pays, tels sont des aspirations entendues lors de la proclamation de cette Charte.
Etre tous des citoyens planétaires, un autre monde est possible.
Christian Boisgontier
Via Campesina News