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17 avril: Pour la souveraineté alimentaire du Cameroun!

17 avril 2008 / 0h00

  « Anéantissions-nous donc la souveraineté par nos politiques alimentaires ? Loin de là ! au contraire, nous luttons pour la souveraineté de l’alimentation ».

En guise de commémoration de la journée Internationale de la lutte paysanne qui à lieu tous les 17 Avril de chaque année, instaurée depuis 1996 par le mouvement paysan International dénommé : La via Campesina,  et dont le Cordap a fait une demande d’adhésion officielle via sa région afrique ; les organisations paysannes, les producteurs agricoles et les représentants du monde rural du Cameroun se sont concertés et ont dialogué le 17 Avril 2008 à Yaoundé à l’initiative du Conseil Rural pour le Développement de l’Agriculture et la pêche (Cordap), pour la souveraineté alimentaire du Cameroun.
Durant cette concertation et dialogue, les participants ont analysé la situation actuelle des crises alimentaire que connaît le pays (Afrique en miniature).

De cette analyse, il ressort que :
Le Cameroun demeure fortement tributaire de l’extérieur pour son alimentation, malgré toutes les multiples ressources naturelles, les terres arabes, une jeunesse dynamique synonyme de main d’œuvre fraîche et disponible du savoir-faire des millions de paysans et paysannes, producteurs agricoles qui  travaillent localement et vivent de leur production nourricière via leur exploitation familiale.

Notre système de gouvernance agricole nationale est encore timide et nos programmes s’appuient exclusivement sur la seule sécurité alimentaire, et non sur la souveraineté alimentaire :
Tout ceci conduit et contribue à rendre le Cameroun et sa population toujours plus vulnérables face à la mondialisation, au réchauffement climatique, ainsi qu’aux prédateurs de l’agroalimentaire et l’agro négoce.
Pire encore, cela entraîne une pauvreté de masse sans précédent, condamnant ainsi les paysans et producteur agricole s à toujours être les premières victimes de l’insécurité alimentaire. Cela a aussi engendré des émeutes dues à la faim et la pauvreté du peuple tout récemment.

Le concept de souveraineté alimentaire demeure pour l’instant la seule  piste favorable  pour la survie de million de personnes et la protection de la vie sur terre. Il se définit comme de prime abord n’étant en soi pas opposé aux échanges commerciaux mondialisés, et à la sécurité alimentaire. La souveraineté alimentaire c’est le droit pour tout pays ou ensemble de pays à définir sa politique agricole et alimentaire dans l’intérêt de son peuple, à protéger ses paysan(ne)s et producteurs agricole et ses marchés locaux du dumping et des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix, afin que ceux-ci parviennent à satisfaire durablement les besoins d’une alimentation saine, sûre, culturellement acceptable et écologiquement cultivée ; et soit de même le socle pour une rémunération équitable aux paysan(ne)s et aux producteurs agricoles locaux.
La faim au Cameroun n’est pas attribuable uniquement à un manque de nourriture, mais aussi aux taux démographiques très élevés et moins maîtrisé. Cela s’ajoute au fait que la misère et la pauvreté ont réduit certains de nos compatriotes à la seule production de cultures de rentes (Cacao, café, coton,…) et l’agriculture vivrière connaît dès lors une baisse considérable de production depuis plusieurs années.
Le Conseil Rural pour le Développement de l’Agriculture et la pêche (CORDAP) pense que  des solutions à la crise alimentaire actuelle doivent émerger des acteurs sociaux qui promeuvent des modes de productions, de commerce et de consommation fondés sur la justice, la solidarité et une vie en société plus saine. Tous conscients du rôle et des responsabilités qui sont les nôtres vis-à-vis de notre production nourricière du peuple au quotidien, via nos organisations et nos exploitations familiales. Nous, les participants à la concertation et au dialogue à l’initiative du CORDAP avons adopté le présent document baptisé « L’Appel du CORDAP pour la souveraineté alimentaire du Cameroun », afin d’inviter d’autres mouvements sociaux et les communautés à s’associer pour revendiquer collectivement et développer des transformations radicales tant du point de vue social, qu’économique ou politique, ceci afin de renverser la tendance actuelle et proposé d’une seule voix la prise en compte et l’adoption de la souveraineté alimentaire dans notre constitution.

DE CE FAIT :

  1. Conscients de la place importante qu’occupe l’agriculture dans le développement social et économique du Cameroun, nous voulons par le truchement de cet appel apporter notre contribution pour la construction d’une nouvelle politique de développement agricole courageuse et sans précédent de toutes celles que le Cameroun a mis en œuvre depuis son indépendance.
  2. Préoccupés par les importations massives des produits agricoles et agroalimentaires qui renforcent notre dépendance alimentaire et fragilise entre autre l’économie et le tissu social du pays via les pratiques prédatrices d’idéologies néolibérales.
  3. Convaincus que l’agriculture, notre profession qui est essentiellement basée sur les systèmes d’exploitations familiales est encore à mesure de nourrir toute la population du pays, de nous faire vivre dans la dignité tout en participant à la préservation de l’environnement et à la croissance économique globale.
  4. Considérant que le secteur agricole national est la base du bien être de la majorité de la population, et est une opportunité forte pour mettre au travail des millions des jeunes en leur fournissant des revenus et des cadres de vie appropriés au sein de leur communautés, atténuant de ce fait les migrations de cette force vive en favorisant la paix sociale.
  5. Convaincus que la mise en route d’une politique nationale de souveraineté  alimentaire reste le socle sur lequel les pouvoirs publics doivent s’appuyer  pour construire la véritable sécurité alimentaire du pays en créant les conditions nécessaires pour faciliter l’accès à tous et à toutes de manière équitable au facteur de production et aux technologies répondants à nos attentes et à nos besoins de modernisation, d’affranchissement des aléas climatiques et de maintien d’une agriculture paysannes centrée sur les exploitations familiales aux fonctions multiples, et de ce fait redevenir moins dépendant, plus autonome pour l’alimentation de son peuple en constance croissance.

Nous, organisations paysannes, producteurs agricoles et représentants du monde rural du Cameroun, voulons ici réitérer notre reconnaissance au Président de la République pour son intérêt porté sur l’agriculture et le développement rural en créant il y’a quelques années déjà par un décret présidentiel le MINADER (Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural). De même, pour sa volonté permanente de faire de ce département ministériel, des paysans et producteurs agricoles, et du monde rural le premier levier du développement durable et nourricier du pays dans le cadre de sa politique des « grandes ambitions ».
Afin que l’agriculture assume toujours et pleinement les fonctions qui lui sont reconnues, il est souhaitable d’entreprendre ensemble le dialogue et la concertation en vu de pouvoir et opter promptement pour une nouvelle politique agricole reconnaissant :

  1. Au peuple camerounais, son droit à la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire le droit de protéger nos marchés agricoles et agroalimentaires à l’intérieur du pays en favorisant la production et la consommation locales.
  2. Aux pouvoirs publics, la consécration de l’intérêt de consulter, associer et responsabiliser les organisations paysans et autres mouvements sociaux dans la définition, l’application et l’évaluation des orientations stratégies et mesures relatives de toutes politique concernant l’agriculture et le développement rural.
  3.   Aux paysans et producteurs agricoles, une marge de manœuvre considérable et digne d’accéder, de procéder et jouir durablement de la terre et des ressources naturelles dans le strict respect des droits humains et environnementaux,
  4.  La vision consensuelle qu’ont les organisations paysannes et les producteurs agricoles du Cameroun de ce que serait l’agriculture du pays dans les 10, 20 et 30 prochaine années afin de pouvoir au prévisions à court, à moyens et à long terme.
  5. Aux pouvoirs publics, l’obligation de créer une institution nationale dénommée : « le conseil supérieur de l’agriculture et la pêche », ayant pr mission l’orientation, le suivi et l’évaluation des politiques agricole basée principalement sur les exploitations familiales agricoles multiformes.
  6. A travers une loi d’orientation agricole nationale, le code juridique d’un statut pour les exploitation  familiales et agricoles qui se veut transparente et démocratique aux travers d’une convention collective souverainement paysanne.

En attendant, nous marquons notre engagement à la poursuite du processus du dialogue et la concertation multi-acteur autour de la souveraineté alimentaire du Cameroun et sollicitons via cet appel un appui technique des partenaires… Enfin, nous donnons mandat au CORDAP de nous représenter dans toutes les instances de dialogue de concertation relative à la mise en route de la souveraineté alimentaire au Cameroun sur le plan national et international.

Le CORDAP vous tend la main…
Globalisons la lutte !
Globalisons l’Espoir !

Fait à Yaoundé, le 17 Avril 2008

Détails

Date :
17 avril 2008
Heure :
0h00
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