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17 avril : France (Auch) Le Gers manifeste pour la défense des semences paysannes

17 avril 2014 / 0h00

article paru dans Sud Ouest, du 17 avril.

(Auch, 17 avril 2014) La chose passe inaperçue dans l’effervescence médiatique. Pourtant,la liberté à venir du consommateur se joue en ce moment, avec la loi sur la contrefaçon et la loi d’avenir agricole. Les légumes et céréales vendus sur les étals sont déterminés actuellement par cette réglementation. Très floue, elle pourrait se durcir de manière à n’autoriser que les variétés développées par l’industrie semencière. Fini les variétés anciennes, terminée la biodiversité. C’est contre ce projet que la Via Campesina, l’Adear 32 et la Confédération paysanne manifestent ce jeudi à 11 heures sur le marché d’Auch, lors de la Journée internationale pour les semences paysannes.

Actuellement, les agriculteurs n’ont déjà pas le droit de semer les graines issues de leurs propres récoltes. Seul le sacro-saint catalogue européen des semences autorisées (en très grande majorité celles brevetées par les multinationales semencières), créé en 1970,détermine les variétés que le consommateur a le droit de manger.

Le 15 janvier dernier, des maraîchers de l’Ariège ont été menacés de lourdes amendes pour avoir vendu des plants de légumes de variétés traditionnelles non enregistrées au catalogue officiel [Ndlr : Selon la réglementation, pour être mises en marché, les semences paysannes doivent être homologuées au catalogue. Or, elles ne sont pas assez homogènes sur la durée pour être inscrites et cette inscription qui coûte très cher.] et sans avoir acheté une carte d’adhésion à l’interprofession des semenciers (GNIS).

Après environ un siècle de création de variétés d’hybrides,le monde paysan se trouve à un tournant de son histoire. En France, à partir de 1830, le marquis de Noé, propriétaire de terres dans le Gers, propage la culture d’un blé meunier. Parallèlement, des blés anglais, résistants, sont introduits en France. Dans les années 1870, la famille de Vilmorin, marchande de graines, hybride ces blés anglais avec le blé de Noé. Vilmorin obtient, en 1883, le premier blé hybride français.

La sélection des blés s’accélère à partir de 1940. Le nombre total de variétés inscrites au catalogue passe de 385 variétés en 1936 à 131 en 1955 et à 65 en 1966. Quant au blé tendre, il n’en reste plus aucune en 1966.

Le Réseau semences paysannes naît en 2004. En 2009, il définit les semences paysannes comme « les variétés que nous, paysans, sélectionnons et que nous ressemons et continuons à faire évoluer dans nos champs pour les adapter à de nouvelles nécessités agronomiques, alimentaires, culturelles, ou dues aux changements climatiques. Nous considérons que ces activités sontun droit imprescriptible de chaque paysan, chaque jardinier et qu‘il nous appartient de plein droit de gérer collectivement le “patrimoine génétique” issu de milliers d’années de travail de nos ancêtres paysans. »

Comme pour la vigne,la sélection menace les variétés locales. Alors que dans la viticulture gersoise, Plaimont Producteurs a obtenu l’inscription de sa parcelle de vigne préphylloxérique à l’Unesco, l’agriculture emprunte le chemin inverse.

Pour le néophyte, l’interdiction pour l’agriculteur de semer ses propres semences paraît ahurissante. Pourtant, c’est bien la loi de 2011 (sur le certificat d’obtention végétale). Elle interdit à l’agriculteur d’utiliser sa propre récolte comme semence et, pour 21 espèces, l’assujettit au paiement de taxes au profit des firmes semencières. « Les paysans n’accéderont plus à une diversité des semences, n’auront plus la possibilité de sélectionner les variétés en fonction de leur terroir », explique la Confédération paysanne.

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Date :
17 avril 2014
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