Europe : besoin urgent d’une régulation obligatoire de la production laitière
Communiqué de presse de la coordination Européenne Via Campesina
(Bruxelles, le 3 mars 2016) Une délégation d’organisations membres de la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), venant de Portugal, l’Espagne, la France et la Belgique, a rencontré hier le Cabinet du commissaire à l’agriculture Phil Hogan pour lui faire part de son sentiment concernant la situation dramatique rencontrée par les éleveurs laitiers et lui donner sa position pour sortir de cette crise.
ECVC a fait le constat alarmant que le secteur laitier rencontre de graves difficultés. Entre 1984 et 2011 l’Europe a perdu 80% de ses éleveurs laitiers. En 15 ans, la taille des exploitations agricoles en Europe a plus que doublé de volume. ECVC tire la sonnette d’alarme, nous ne pouvons pas accepter que l’ajustement de la production aujourd’hui en Europe se fasse au travers de la disparation de milliers d’éleveurs laitiers.
Pour sortir de la crise à court terme, ECVC a revendiqué, auprès de la Commission européenne, l’augmentation du prix d’intervention public conditionné à une réduction obligatoire de la production laitière à travers toute l’Europe, en particulier dans les pays qui ont le plus augmenté leur production.
A long terme, ECVC a exposé son modèle pour empêcher de futures crises : améliorer l’efficacité de l’observatoire des prix européens (MMO) et mettre en place un tunnel des prix pour sécuriser le revenu des éleveurs laitiers.
L’observatoire des prix doit devenir un système d’alerte et de prévention des crises en calculant les coûts de production dans les États-membres, en fixant un prix d’équilibre et en jouant la transparence sur les fabrications et la valorisation faite du lait par les industries.
Par ailleurs, un tunnel de prix permettra de garantir un prix sur un volume par actif. L’idée est de baser le tunnel sur les volumes du marché intérieur, soit 90% de la production et de fixer le prix minimum du tunnel sur le coût de production moyen en Europe. Des mécanismes complémentaires d’aide seraient assurés pour les zones défavorisées. Un fonds de mutualisation contracyclique s’enclencherait en cas de crise, concentré sur un mécanisme de réduction obligatoire de la production pour soutenir le prix. Lorsque les indicateurs de prévention de crise déclenchent le système d’alerte de l’Observatoire, un mécanisme de réduction obligatoire des volumes est mis en place. Cette obligation s’appliquera de façon différenciée au regard des volumes produits par exploitation. Les élevages aux plus grands volumes et ceux ayant le plus augmenté durant une période de référence devront davantage contribuer à l’effort de réduction par rapport aux petites et moyennes fermes.
La Commission a été attentive à la présentation d’ECVC d’outils à court terme et long terme pour prévenir les crises. La Commission reconnaît la crise mais elle n’a aucune proposition et a demandé au 28 États membres d’envoyer leurs propositions pour prendre des décisions communes.
La Commission se cache derrière son budget européen en défendant que les éleveurs doivent prendre conscience de leur chance d’être soutenue par l’Europe via un budget dédié à la Politique Agricole Commune. Toutefois, on constate que le budget PAC ne permet pas de répondre à la volatilité des prix subie de plein fouet par les élevages laitiers.
Face au changement climatique, ECVC a insisté sur la nécessité d’une politique de transition pour orienter les exploitations vers des modèles durables, utilisant les pâturages et étant plus autonomes en protéine. La politique mise en place par l’Europe détruit ce modèle de ferme à taille humaine. Il ne faut pas produire plus mais autrement pour maintenir l’élevage dans l’ensemble des régions d’Europe et satisfaire les consommateurs Européens.
ECVC, via ses organisations membres, fait et fera encore passer le message d’un besoin urgent de régulation obligatoire en Europe pour résoudre la crise auprès des décideurs politiques de chaque pays.
Contacts presse :
• Andoni Garcia (Coordinadora de Organizaciones de Agricultores y Ganaderos – ECVC): 0034 63 645 1569
• Gwenaelle Martin (Fédération Unie de Groupements d’Éleveurs et d’Agriculteurs – ECVC): 0032 49 156 3388
• Geneviève Savigny (Comité de Coordination ECVC): 0033 62 555 1687
• Stéphanie Delhaye (Mouvement d’Action Paysanne – ECVC): 0032 47 436 4242
• Jose Miguel Pacheco Goncalves (Comité de Coordination ECVC): 0035 19 6872 1995
• Victor Pereira (Confédération Paysanne –ECVC): 0033 14 362 1033
• Henri Lecloux (Mouvement d’Action Paysanne – ECVC): 0032 47 436 4242