ECVC se réunit à Rome
Retour sur le déroulé de l’assemblée générale de la Coordination Européenne Via Campesina du 23 au 25 mars 2017 à Rome
(Rome, 23 mars 2017) Cette journée du 23 marque le coup d’envoi de l’AG d’ECVC à Rome. Avec des délégué/es venus de plus de 22 pays européens, la réunion annuelle a été ouverte par Fabrizio Garbarino, président de l’organisation hôte ARI, Associazione Rurale Italiana. Points à l’ordre du jour : un bilan des activités de 2016, un hommage à notre regretté camarade Nicolas Duntze et des discussions préparatoires sur la VII Conférence de La Via Campesina de cet été.
Au cours de ces 3 journées d’Assemblée, sont prévues : l’élection de nouveaux membres du Comité de coordination et des discussions relatives à d’autres questions importantes pour l’organisation telles que les semences, la terre, les droits des paysan/nes, les femmes, les jeunes, la PAC, les droits des migrant/es dans l’agriculture et les travailleur/ses agricoles. Également au programme, un moment de célébration et de partage d’enthousiasme !
Débat sur la PAC : « L’heure de la révolte a sonné ! »
La réforme de la PAC était au cœur du débat tenu le 23 mars au soir à l’Université de Rome, La Sapienza, où une discussion organisée par ECVC et Slow Food a mis en exergue les mesures destructrices mises en place par la Politique agricole actuelle de l’UE, mais aussi l’importance de l’agriculture paysanne dans notre société. Présentant le cas de l’Italie, Antonio Onorati, orateur invité et membre du comité de l’organisation italienne Ari, Associazione Rurale Italiana, a soutenu que la PAC servait principalement à promouvoir la concentration extrême des terres. Dans le modèle actuelle de la PAC en place en Italie, a-t-il souligné, « 20 % des bénéficiaires reçoivent 85,7 % de l’ensemble des dépenses, alors que les 80 % restant se partagent les misérables 14,3 % restant. »
Attila Miklos Boruss, membre de l’organisation paysanne roumaine Eco Ruralis, a présenté la situation de l’Europe de l’Est, en accordant une attention particulière à la Roumanie. Dans cette région, la PAC a joué le rôle d’une mesure incitatrice pour les grands investisseurs. Le cas de la Roumanie est un exemple parlant : depuis son adhésion à l’Union européenne, 1 million d’agriculteur/rices ont disparu, cédant pour l’heure le contrôle d’environ 1,5 million d’hectares aux 100 plus grosses exploitations du pays. Par conséquent, le pays connaît désormais une situation où 90 % des subventions de la PAC qu’il reçoit vont à 1 % des exploitations.
Les marchés paysans étaient monnaie courante dans l’ensemble du territoire roumain ; désormais, ils doivent de plus en plus céder le pas face à l’arrivée de supermarchés. « Les marchés paysans doivent continuer d’exister. Ils sont un bien public. Ils ont une utilité publique au même titre que les hôpitaux et les écoles. »
Alors que le débat touchait à sa fin, Antonio Onorati a insisté sur la nécessité d’avoir une discussion citoyenne sur la PAC car ses aspects sociaux doivent être reconnus. « Nous devons rompre avec le débat où seule la facette économique de la Politique agricole commune est abordée. Les répercussions de la PAC vont au-delà du secteur agricole ; les producteur/rices ne sont pas les seul/es concerné/es. C’est un problème commun à l’ensemble de la société. »
Jour 2 : 24 mars
À l’ordre du jour, les Assemblées des femmes et des jeunes ont présenté les conclusions de leurs discussions internes. Vers la fin de la journée, notre membre italien, ARI, a présenté une motion sur la reconnaissance de l’agriculture paysanne. ARI a également expliqué aux participants réunis en séance plénière la campagne qu’elle a entreprise pour obtenir une loi en faveur de l’agriculture paysanne. Le parlement italien est actuellement dans la phase des consultations visant à définir la version finale du texte. Il traite de l’établissement d’un outil législatif propre à l’agriculture paysanne, qui la distinguerait de manière appropriée des modèles industriels et commerciaux (par commerciaux, nous entendons les grandes exploitations industrielles). Le texte permettrait aux communes et aux gouvernements locaux d’attribuer des terres à des paysan/nes dans leurs territoires.
Jour 3 : Manifestation du 25 mars
Les paysannes et paysans d’ECVC ont manifesté dans les rues de Rome samedi 25 mars, à l’occasion du 60e anniversaire du traité fondateur de l’Union européenne. À 10h, à la Piazza Vittorio, nos délégué/es ont mené une action paysanne visant à représenter la prédominance de l’influence des entreprises au sein des institutions de l’UE, mais il s’agissait également d’une petite pièce de théâtre destinée à montrer l’importance des actions paysannes conjointes à travers le continent pour reconquérir nos systèmes alimentaires et nos droits. ECVC et ses alliés revendiquent une alimentation saine et de qualité, un travail décent et une politique agricole juste et durable dans une Europe des peuples et de la solidarité. Après cette action, nous avons rejoint d’autres mouvements sociaux italiens et européens pour la manifestation générale intitulée « NOTRE EUROPE », dont le cortège a pris fin devant le COLISÉE. Voir ici plus de photos de cette marche.