Droit à la souveraineté alimentaire au lieu de sécurité alimentaire
vendredi 17 octobre 2008
par Ronald Colbert
http://www.alterpresse.org/spip.php?article7799
De notre envoyé spécial
Maputo, 17 oct. 08 [AlterPresse] — Le mouvement international paysan Via Campesina réclame l’application du droit à la souveraineté alimentaire des peuples, en guise de réponse au concept de sécurité alimentaire “qui a généré davantage de faim dans le monde et de pauvreté au sein des familles paysannes”.
“La souveraineté alimentaire est un concept alternatif qui appuie les peuples dans leur lutte contre les politiques néolibérales et libérales, comme celles imposées par les institutions financières internationales, l’Organisation mondiale du commerce (Omc) et les corporations transnationales de l’agrobusiness par le biais du libre échange et de la libéralisation de l’agriculture”, affirme Via Campesina dans un dossier de presse acheminé à AlterPresse à l’occasion de la tenue de sa cinquième conférence internationale réalisée du 16 au 23 octobre 2008 à Matola (province de Maputo, Mozambique). “Oui à la souveraineté alimentaire, non a la violence faite aux femmes ! Pour la souveraineté alimentaire ! Unité et mobilisation des peuples !”
C’est le thème-leitmotiv du cinquième congrès de Via Campesina qui accueille plus de 600 délégués, femmes et hommes, paysans et petits
agriculteurs d’environ 150 organisations de plus de 70 pays.
Via Campesina considère cette conférence internationale d’octobre 2008 en Mozambique comme le troisième événement international important du continent africain, après le forum social mondial (Fsm)de Nairobi (Kenya, janvier 2007) et le forum international sur la souveraineté alimentaire Nyéléni [1]http://www.alterpresse.org/spip.php?article7799#nb1 (Mali, février 2007).
Le mouvement international paysan définit la souveraineté alimentaire comme un droit des peuples à des aliments nutritifs et culturellement adéquats, accessibles, produits de façon durable et écologique, et un droit des peuples à décider de leur propre système alimentaire et productif.
“Cela place celles et ceux qui produisent, distribuent et consomment des aliments, au coeur des systèmes et des politiques alimentaires, au-dessus des exigences des marchés et des entreprises”, articule Via Campesina.
Dans ce contexte, le mouvement international paysan indique que cette position devrait offrir aux organisations membres de Via Campesina une stratégie pour résister et démanteler le libre échange et le commerce corporatif, ainsi que le régime alimentaire actuel, et pour orienter les systèmes alimentaires, agricoles, pastoraux et piscicoles vers la mise en priorité des économies locales et des marchés locaux et nationaux.
Pour Via Campesina, la souveraineté alimentaire tend à octroyer le pouvoir aux paysans et à l’agriculture familiale, à la pêche artisanale et au pâturage traditionnel, tout en mettant la production alimentaire, la distribution et la consommation sur des bases de durabilité de l’environnement, de durabilité sociale et économique.
“La souveraineté alimentaire garantit que les droits d’accès et la gestion de notre planète, de nos territoires, de nos eaux, de nos semences, de nos animaux, et la biodiversité soient entre les mains de celles et ceux qui produisent les aliments. La souveraineté alimentaire présuppose de nouvelles relations sociales, libres d’oppression et d’inégalités entre les hommes et les femmes, groupes raciaux, classes sociales et générations”, propose le mouvement international paysan.
Via Campesina exige de mettre la souveraineté alimentaire et la durabilité en priorité sur les politiques commerciales.
Tout comme à des services publics adéquats, les personnes sans terre, les paysans et la petite agriculture doivent avoir accès à la terre, à l’eau, aux semences et aux ressources productives.
Depuis l’ouverture, le 16 octobre 2008, des travaux du cinquième congrès de Via Campesina avec la tenue de l’assemblée des jeunes ruraux, les paysans membres de l’Union nationale des paysans (Unac) de Mozambique s’efforcent de fournir, aux femmes et hommes délégués au cinquième congrès, des mets préparés par leurs soins et respectant les normes de production biologique dans l’objectif d’une “intensification d’actions qui contribuent à garantir la souveraineté alimentaire des familles paysannes”.
Il s’agit de “démontrer que, bien que les conditions ne soient pas toujours faciles ni favorables, il est possible de le faire”, signale Via Campesina, dont plusieurs organisations membres doivent partager, pendant les huit jours de débats et d’assemblées, les expériences conduites, dans leur continent propre, en matière de souveraineté alimentaire. [rc apr 17/10/2008 10:30 locales à Maputo]
[1 <http://www.alterpresse.org/spip.php?article7799#nh1>] Nyéléni est une paysanne malienne dont l’existence a été transmise par la tradition orale africaine. Originaire de la région de Ségou elle a vécu à une date indéterminée. Fille unique, elle n’a eu de cesse que d’exceller dans tous les domaines afin d’être la fierté de ses parents. Elle devient ainsi une agriculturice hors-pair qui gagnait tous les concours. On lui attribue la domestication du fonio une céréale aux grains minuscules, cultivée dans la partie sahélienne de l’Afrique de l’Ouest. Nyéléni est devenue le symbole de l’engagement des femmes dans la vie sociale malienne.
Les organisateurs du forum mondial pour la souveraineté alimentaire, qui s’est tenu à Sélingué au Mali du 23 au 27 février 2007, ont choisi de lui rendre hommage en baptisant cette rencontre "Nyéléni
2007, Source Wikipedia"