Développement rural: Les paysans exigent la souveraineté alimentaire et la réforme agraire!

Les populations rurales sont confrontées à une crise dramatique. Partout dans le monde, dans les pays pauvres mais aussi dans les soit-disant „pays développés”, les paysans et les paysannes sont contraints de quitter les campagnes faute d’accès à la terre, aux semences, à l’eau et au crédit et car ils ne peuvent vendre leurs produits sur les marchés locaux à des prix rémunérateurs. En conséquence, sur les 854 millions de personnes qui ont faim dans le monde, les deux tiers sont des travailleurs ruraux, des paysans, des paysannes et des peuples indigènes.

Les politiques de libéralisation des échanges et de privatisation qui ont été appliquées depuis plus de vingt ans au nom du développement rural sont responsables en grande partie de la crise actuelle. Transformer les ressources agraires en marchandises ne profite pas aux pauvres. Cela ne bénéficie qu’aux plus riches et aux entreprises multinationales qui, avec l’aide de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire International et de l’Organisation Mondiale du Commerce, prennent le contrôle de nos terres, de notre eau, de nos semences et maintenant également de nos savoirs.

Cela doit changer!

Nous ne croyons pas que la technologie en elle-même puisse être la solution. La soit-disant Révolution verte et les OGM ne font qu’aggraver la concentration des ressources entre les mains de quelques firmes. Ces „solutions” sont défendues par ceux qui ne veulent pas de réels changements dans l’actuelle répartition injuste des ressources.

Au lieu de cela, nous, paysans et paysannes, travailleurs agricoles, sans-terres, femmes et hommes d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Europe, d’Amérique Latine et d’Asie, nous exigeons la souveraineté alimentaire et la réforme agraire.

La souveraineté alimentaire est le DROIT des peuples, des pays et des groupes de pays à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers. Elle inclue le droit pour tous les pays, du Nord comme du Sud, de protéger leurs marchés (par des barrières tarifaires ou non-tarifaires), ainsi que la priorité donnée à la production agricole locale sur l’agriculture agro-exportatrice. Pour cela, l’OMC et tous les autres traités bilatéraux et bi-régionaux de libre-échange doivent sortir de l’agriculture. Les APE doivent être arrêtés.

La souveraineté alimentaire ne peut être séparée d’une vraie réforme agraire qui doit garantir aux paysannes et aux paysans, aux peuples indigènes, aux pasteurs, aux sans-terres et aux travailleurs agricoles, un accès et un contrôle effectif sur les ressources naturelles et productives dont nous avons besoin pour réaliser vraiment nos droits humains. Nous sommes contre la privatisation de la terre, de l’eau, des semences et des connaissances et défendons l’usage social de ces ressources.

Les femmes et les hommes doivent avoir le même droit à accéder aux ressources productives. Le rôle des femmes dans le développement rural doit être pleinement reconnu. Il est également particulièrement important pour le futur de l’agriculture paysanne de mettre en place des mécanismes qui assurent l’accès à la terre et aux autres ressources agraires pour les jeunes.

 La Conférence Internationale sur la Réforme Agraire et le Développement Rural (CIRARD) qui s’est tenue en mars 2006 à Porto Alegre, au Brésil, a permis des avancées substantielles dans le débat actuel sur la réforme agraire et le développement rural. La déclaration finale reconnait des éléments clés tels que le besoin de soutenir l’agriculture paysanne, le besoin de redistribuer la terre et les autres ressources agraires dans un contexte de très grande concentration, l’importance des marchés locaux et nationaux, le besoin de renforcer le rôle de l’Etat pour développer et appliquer des politiques agricoles plus justes et plus axées sur les besoins des populations et le rôle des organisations paysannes dans la définition des politiques agricoles.

Nous exigeons qu’à partir de maintenant, les politiques et les programmes de développement rural soient basés sur la déclaration finale de la CIRARD et sur les principes d’une coopération internationale respectueuse de la souveraineté des peuples et des nations.

Enfin, nous appelons au renforcement des alliances stratégiques entre les organisations paysannes et les autres secteurs de la société pour parvenir à un développement rural durable et juste. La souveraineté alimentaire est un droit pour tous, c’est également notre responsabilité commune!

Non à tous les accords de libre-échange!
L’heure est venue pour la souveraineté alimentaire!

Globalisons les luttes, globalisons l’espoir!

A Berlin, 17 juin 2007