Déclaration politique du 7e Congrès de la CLOC-LVC (Amérique Latine)
La Havane, le 30 juin 2019
« La révolution, c’est le sens du moment historique, c’est changer tout ce qu’il faut changer, c’est la pleine égalité et la pleine liberté, c’est être traité et traiter les autres comme des êtres humains, c’est de nous émanciper pour nous-mêmes et par nous-mêmes, c’est défier les puissantes forces dominantes à l’intérieur et à l’extérieur du champ social et national, c’est défendre des valeurs dans lesquelles on croit au prix de tout sacrifice ». Fidel Castro Ruz, 1er mai 2000
À La Havane, Cuba, à l’occasion du 60e anniversaire de la signature de la Loi sur la réforme agraire, 27 ans après la création de la CLOC et 25 ans après son premier Congrès continental, 300 femmes et hommes, délégués d’organisations paysannes, autochtones et afrodescendantes, de sans terre et de pêcheurs artisanaux, de peuples originaires et de travailleurs travailleuses agricoles, de jeunes et de femmes de 30 pays représentant toutes les régions des Amériques, des représentants de La Via Campesina Internationale d’Afrique, d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord et plus de 50 invités internationaux se sont réunis pour célébrer le 7e Congrès continental de la CLOC Via Campesina.
Sur le long chemin de l’unité et de l’articulation des luttes, nous continuons à réfléchir sur le moment historique actuel et les défis du mouvement paysan international.
Le contexte actuel est caractérisé par l’aggravation du conflit géopolitique et une offensive impérialiste qui attaque les gouvernements progressistes, criminalise les mouvements populaires, encourage les coups d’État et discrédite les dirigeants de masse à l’aide des mécanismes coordonnés des secteurs militaire, judiciaire et médiatique en violant les systèmes démocratiques et les droits humains. Les États-Unis attaquent témérairement pour reprendre sa domination du territoire latino-américain et subordonner les États nationaux à ses intérêts géopolitiques et économiques. Cette offensive cause la faim et la pauvreté et déclenche une nouvelle étape de la guerre culturelle qui vise à naturaliser la haine et la discrimination fascistes. Des millions de migrants doivent abandonner leurs pays en l’absence d’opportunité chez eux. Ils sont privés de leur droit de migrer et victimes de toutes sortes de violations de leurs droits humains aux frontières de l’empire.
Le développement de l’agriculture industrielle et les niveaux élevés de consommation dans les pays dits du premier monde exacerbent la crise climatique.
Voilà le contexte des nouvelles guerres d’oppression et de conspiration contre les gouvernements des peuples, en particulier contre Cuba, le Nicaragua, la Bolivie et le Venezuela, et notamment l’emprisonnement de Lula et la persécution de Cristina Fernández de Kirchner. Nous déclarons notre solidarité avec le peuple vénézuélien et les peuples en lutte.
Nous rejetons la criminalisation des combattantes et combattants sociaux et exigeons la libération des prisonniers politiques de tout le continent.
Nous appuyons les réflexions, les analyses et les contributions contenues dans les déclarations de la 5e Assemblée des jeunes et de la 6e Assemblée des femmes.
Nous rejetons le patriarcat, le racisme, le sexisme et l’homophobie. Nous luttons pour des sociétés démocratiques et participatives, exemptes d’exploitation, de discrimination, d’oppression et d’exclusion des femmes et des jeunes. Nous condamnons toutes les formes de violence familiale, sociale, au travail, politique, économique, psychologique et institutionnelle contre les femmes.
Le féminisme paysan et populaire fait partie de notre horizon stratégique. Il renforce la lutte paysanne et la construction du socialisme. Avec le féminisme, nous construisons le socialisme.
La participation et le rôle de premier plan des jeunes au Congrès et dans nos organisations renforcent les luttes et en garantissent la continuité.
Nous célébrons le fait qu’après 17 ans de lutte, les Nations Unies ont approuvé et adopté la Déclaration des droits des paysans et paysannes, laquelle devient ainsi un outil juridique et stratégique pour nos luttes. Nous reconnaissons le rôle de notre camarade Evo Morales dans le travail et l’engagement de l’État plurinational de la Bolivie pour assurer un processus large et participatif au sein des Nations Unies qui a permis d’atteindre un consensus international sur la Déclaration.
Nous ratifions notre engagement de solidarité permanente et inconditionnelle avec la révolution cubaine. Nous condamnons l’intensification de la guerre économique, l’accentuation du blocus génocidaire, inhumain, illégal et immoral imposé depuis près de 60 ans au peuple cubain par le gouvernement américain, ainsi que l’application totale de la loi Helms-Burton par l’actuelle administration américaine et nous exigeons la fin de cette politique.
Nous réaffirmons notre engagement à lutter et à exiger l’application de la proclamation adoptée lors du deuxième sommet de la CELAC à La Havane que l’Amérique latine et les Caraïbes sont déclarées zone de PAIX. Nous exigeons également que l’État colombien respecte les accords et les dialogues de paix.
Nous exigeons le respect et la non-ingérence dans les affaires internes et l’autodétermination des peuples de notre Amérique et, dans ce contexte, nous réaffirmons notre engagement envers le peuple de Puerto Rico et sa lutte contre la colonisation.
Nous nous donnons la tâche d’approfondir, d’une manière autocritique, les causes de la chute et du recul des gouvernements progressistes afin de nous renforcer et renverser les rapports de forces actuels sur le continent.
Nous continuons de suivre le chemin tracé à La Havane en 2009, en enrichissant un processus de discussion, de réflexion et de synthèse à partir de notre mémoire historique des luttes contre la colonisation et la barbarie menées depuis plus de 500 ans par les peuples, les efforts d’indépendance, les luttes de libération et les contributions théoriques classiques et les expériences socialistes, les contributions des intellectuels latino-américains, avec la certitude que notre proposition ne constitue ni une copie ni une reproduction, mais bien la création adéquate pour la lutte des classes dans notre moment historique.
Nous ratifions que notre plan d’action doit prioriser le travail de base et l’organisation populaire, la formation politique idéologique et le développement de la communication populaire pour faire face à l’agrobusiness et à la privatisation des semences et ainsi avancer vers des territoires sans capital financier, ni semences transgéniques ni produits agrotoxiques, où la production agroécologique forge la souveraineté alimentaire tout en respectant notre Terre mère.
Nous avons tous et toutes convenu que pour la construction du modèle socialiste auquel nous aspirons, notre principal défi est de réaliser l’unité de toutes les forces de gauche et révolutionnaires dans chaque pays et sur le continent et d’avancer dans l’articulation des mouvements sociaux et des partis politiques de gauche, de manière à assurer l’accumulation des forces et la rupture de l’hégémonie néolibérale en élevant le drapeau de l’intégration des peuples et de la construction de la grande patrie, de l’internationalisme et de la solidarité croissants.
Le 7e Congrès de la CLOC que nous concluons aujourd’hui constitue un point de départ pour nos organisations, nos pays et le continent pour concrétiser le slogan choisi au moment de préparer cet événement :
« À partir des territoires, unité, lutte et résistance pour le socialisme et la souveraineté des peuples ».
Nous vaincrons !
Vive l’unité des peuples !
Vive la solidarité et la fraternité entre les peuples !
Jusqu’à la victoire, toujours !
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