Déclaration de la Rencontre globale de La Via Campesina sur les droits des migrant·es et des travailleur·euses ruraux·ales
Réuni·es du 25 au 28 octobre 2022 à Tegucigalpa, au Honduras, nous, paysan·nes de différentes parties du monde et de peuples ruraux déplacés de leurs terres, travailleur·euses ruraux·ales de l’agro-industrie, migrante·s, communautés paysannes frontalières, mères et pères d’enfants qui nous ont quittés à la recherche de plus d’opportunités et de revenus; nous nous sommes réunis à la Rencontre globale de La Via Campesina sur les droits des migrant·es et des travailleur·euses ruraux·ales pour nous écouter, nous reconnaître et construire des propositions communes qui nous permettent de faire face à l’exode rural de nos territoires et à la violation de nos vies et de nos droits aux frontières et dans les pays du Nord global.
Nous exprimons que l’exode mondial que nous vivons est la conséquence d’un système néfaste qui ne respecte pas la vie dans toutes ses expressions. Cette crise s’aggrave au milieu des pluies, des sécheresses et des inondations que nous, les gens de la campagne, subissons, en plus de l’accaparement de nos terres, territoires et biens communs. En conséquence, nous sommes contraint·es d’émigrer, laissant derrière nous nos familles, abandonnant notre droit d’être des personnes dignes, et en tant que main-d’œuvre bon marché nous devenons des personnes sans droits.
Pendant ces jours, nous avons presenté nos propositions en étudiant les implications de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan·nes et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) dans la défense des droits des travailleur·euses salarié·es et migrant·es ; les réglementations internationales du travail et sociales dans les campagnes ; et la situation du travail salarié en Amérique centrale et dans le monde. Nous avons également établi des plans d’action avec les outils politiques que notre propre mouvement a construits, comme le Pacte mondial de solidarité, en tant qu’alternative populaire au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, promu par les pays riches pour criminaliser la migration, violer les droits et exploiter le travail des personnes qui ont dû quitter leur ville et leur territoire d’origine.
Nous avons choisi le Honduras comme siège de notre rencontre en raison de sa position géographique au milieu des routes migratoires vers l’Amérique du Nord, d’où partent les caravanes de dénonciation et de résistance contre le colonialisme, le racisme et la répression des frontières. C’est aussi un territoire où la main-d’œuvre rurale a été historiquement et est toujours exploitée dans des plantations agricoles majoritairement aux mains de capitaux transnationaux.
Nous venons défendre les politiques publiques promues par les peuples en faveur de la souveraineté alimentaire, des droits des agriculteur·trices et de la réforme agraire, dans le cadre du nouveau processus politique du peuple hondurien. L’agroécologie paysanne est notre outil politique et le pari commun que construisent les paysan·nes pour résister à l’abandon de nos maisons, territoires et pays. Nous devons mettre en évidence les processus de transition locale que nous menons déjà depuis nos processus de formation et d’action.
Nous devons promouvoir la syndicalisation des travailleur·euses agricoles et le soutien solidaire aux travailleur·euses agricoles qui luttent actuellement dans de nombreuses régions du monde. Faire des campagnes avec l’aide de la société et des mouvements sociaux pour sensibiliser aux droits des personnes migrantes et des travailleur·euses agricoles ; mais aussi dans le cadre d’une grande campagne d’actions dans les mêmes frontières et dans les médias.
Pour le respect des pleins droits des travailleur·euses ruraux·ales et migrant·es Pour les droits des paysan·nes!
VIVE LA RENCONTRE GLOBALE DE LA VIA CAMPESINA POUR LES DROITS DES TRAVAILLEUR·EUSES AGRICOLES ET DES MIGRANT·ES !
Colectif International de Migrations et travail assalarié rural
Honduras, 25-28 octobre 2022
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