Déclaration du premier campement international de jeunes paysans et indigènes
Nous, femmes et hommes, jeunes paysans représentants de 9 régions du globe terrestre (Afrique 1, Afrique 2, Europe, Caraïbe, Amérique centrale, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie du Sud, Asie du Sud-Est et de l’Est), de différentes nationalités, communautés, cultures, langues et religions, nous nous sommes réunis à ce campement international de jeunes de la Via Campesina à la Aldea Puy de Cinca, Aragon, Espagne, du 24 au 30 septembre 2009.
Nous, les jeunes de la Via Campesina ici présents, avons analysé notre situation dans le cadre du contexte actuel de discriminations, d’injustices et de misères perpétrées dans le monde entier en raison du féodalisme, du capitalisme néolibéral et du néo-colonialisme. Ce système oppresseur impose une agriculture corporative, de marchandisation des aliments, dans un but purement lucratif. Tout cela ne fait qu’empirer les conditions sociales des paysans/paysannes et a un impact sur l’augmentation de l’expulsion des jeunes paysans vers les villes ou vers d’autres pays dans le seul but de survivre.
NOUS DÉNONÇONS :
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Les politiques du capitalisme néolibéral qui altèrent la vie et le bien-être des paysans/paysannes, des pêcheurs traditionnels et des producteurs d’aliments dans le monde entier y compris les jeunes paysans/paysannes et les indigènes.
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Le néocolonialisme qui encourage l’accaparement et l’achat illégitime de terres (par les pays plus riches et par les multinationales) dans des pays plus faibles et pauvres du monde entier. Cela pousse les paysans/paysannes, notamment les jeunes, à l’exode rural et à la migration vers d’autres pays.
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Les latifundiums qui ont recours à des pratiques féodales, qui refusent l’accès à la terre aux paysans/paysannes, travailleurs/travailleuses ruraux, chômeurs, indigènes et sans terre et les soumettent à un esclavage invisible.
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Les organismes et traités internationaux tels que : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Banque de développement asiatique, l’Organisation mondiale du commerce, l’ASEAN CHARTER qui promeuvent des politiques néolibérales et néocoloniales en faveur des pays les plus riches et des multinationales.
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La volonté impérialiste de contrôle des États et des nations au moyen de la militarisation qui entraîne le déplacement forcé de familles paysannes indigènes.
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La criminalisation et la violence envers les mouvements sociaux, notamment les organisations paysannes.
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La privation et la pollution de biens naturels tels que : terre, eau, bois, faune, air, afin de générer des bénéfices ne profitant qu’à l’oligarchie transnationale.
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Les droits intellectuels dont le plus important est la brevetisation des semences et de la vie en général.
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L’introduction d’organismes génétiquement modifiés qui déplacent la diversité des espèces en faveur d’une monoculture qui détruit l’identité, la culture, le droit et expulse les communautés paysannes et indigènes.
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Le paquet technologique de production imposé qui crée un système de dépendance transnational et détruit la biodiversité.
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L’utilisation de terres cultivables destinées à des productions non alimentaires comme la production d’agrocarburant, de papier, de caoutchouc.
La jeunesse paysanne et indigène organisée dans la défense de la vie est une réalité du présent qui construit le futur. L’identité de la jeunesse est la clé du développement de l’humanité.
Pour tout cela, nous demandons :
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Des politiques de droits paysans et de l’homme qui garantissent le droit fondamental de la souveraineté alimentaire, en créant un contexte attirant afin que les jeunes agriculteurs restent ou reviennent à la production d’aliments sains et de qualité.
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Une politique agricole reconnaissant l’agriculture comme étant une profession digne qui garantit, conserve et recrée l’identité paysanne, notamment auprès des jeunes.
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La réforme agraire intégrale basée sur la biodiversité, une agriculture biologique, durable, organique et indépendante de paquets technologiques agricoles. Nous supprimons ainsi l’utilisation d’agrotoxiques et nous nous dirigeons vers une agriculture agrobiologique.
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Promouvoir l’agriculture coopérative afin de renforcer la vie paysanne et lutter contre l’exploitation de l’agriculture corporatiste capitaliste.
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Mettre immédiatement un terme aux actes de violence, aux expulsions, à la répression et à tout autre type de violence physique ou psychologique dont souffre le peuple paysan et notamment les femmes.
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Mettre un terme à la criminalisation de la protestation sociale et à la persécution des mouvements paysans indigènes.
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Le retour à la terre des personnes expulsées et déplacées par des forces militaires, paramilitaires, transnationales ou par les propres États et garantir leurs droits.
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La suppression de tout type de discrimination basée sur le sexe, l’orientation sexuelle, la race, la caste et la religion dans tous les aspects de la vie et du travail, y compris l’agriculture.
Vive la Via Campesina
Vive la révolution agraire
Vive l’union des paysans et des paysannes
Globalisons la lutte, globalisons l’espoir