Contre la criminalisation, la persécution, la judiciarisation de la lutte pour défendre la vie, les droits, les territoires, l’eau, les semences et la Terre
Déclaration contre la crimininalisation des luttes de la Conférence internationale sur la Réforme agraire
(Marabá, 15 avril 2016) La Conférence internationale sur la Réforme agraire a rassemblé plus de 130 délégués, femmes et hommes, membres de La Via Campesina et des mouvements alliés venant de 28 pays différents, à Marabá, Pará au Brésil du 13 au 17 avril 2016. La Réforme agraire est un symbole de la lutte émancipatrice des hommes et des femmes de la terre, des mangroves et de la mer dont l’objectif est de construire un projet nécessaire de réforme agraire populaire qui fasse front à l’expansion capitaliste et néo-libérale.
Dans cet espace de lutte et de résistance des peuples du monde, nous avons discuté de la situation de criminalisation, de persécution, de judiciarisation de la lutte pour défendre la vie, les droits, les territoires, l’eau, les semences et la terre mère. Les intérêts capitalistes, responsables de cette situation, imposent un terrorisme politique, économique, militaire et social avec l’assentiment des gouvernements par le biais de leurs projets mortifères tels que les projets d’extraction, les infrastructures de « développement » capitaliste (tourisme, marché du carbone, exploitation minière, centrale hydroélectrique, monocultures, agro-négoce, aquaculture et mariculture industrielles) ainsi que la militarisation de nos territoires. Les assassinats systématiques, les massacres, les disparitions forcées, le taux élevé de féminicides, les emprisonnements et les détentions arbitraires, les intimidations et le harcèlement, la judiciarisation des dirigeantes et des dirigeants, les guerres contre les peuples dépouillent les populations et font régner l’instabilité et la répression sociale.
À cela s’ajoute une instabilité politique, dont le but est de maintenir un déséquilibre entre les peuples du monde, sans oublier les coups d’états fréquents sous le radar du gouvernement des États-Unis qui commence par créer des situations d’instabilité et de frustration comme au Honduras, au Guatemala, au Salvador, au Paraguay, en Équateur, en Bolivie, en Afrique du Sud et, de fait, la tentative actuelle de coup d’état contre le peuple brésilien et l’ingérence systématique dans le processus vénézuélien.
Nous pouvons constater la complicité entre les grandes entreprises privées et les élites qui créent une culture d’impunité pour les responsables.
Face à la vague de criminalisation à laquelle nous sommes confrontés, nous, défenseurs de l’eau, de la terre, des mangroves, de la mer, des territoires, et de la vie, nous dénonçons les responsables des milliers d’assassinats de dirigeants et dirigeantes sociaux et exigeons leur punition, nous dénonçons la persécution juridique de milliers de défenseurs, nous exigeons la libération des milliers de prisonniers et prisonnières politiques, nous dénonçons le cas extrême de Berta Cáceres dirigeante emblématique de la lutte contre le pillage du capital et défenseur de la paix au Honduras. Il est urgent de mettre fin à la criminalisation des luttes pour la terre, les mangroves, la mer et de la lutte sociale.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous réaffirmons que notre lutte se situe dans le cadre de la défense des droits humains et de la vie. Pour la vie nous donnerons tout, pour la mort nous ne donnerons rien, jamais.
Pas une minute de silence pour nos morts, toute une vie de lutte!