Communiqué Conjoint du Roppa et de la Via Campesina
COMMUNIQUE DE PRESSE COMMUN Bruxelles, le 17 mai 2001
Suite au séminaire des 12 et 13 mai 2001 portant sur « politiques agricoles et commerciales solidaires » organisé à Bruxelles par OXFAM-Solidarité, le Collectif Stratégies Alimentaires, la Coordination Paysanne Européenne (CPE), la Confédération des Betteraviers Belges, dans le contexte de la conférence de la CNUCED sur les Pays Moins Avancés (PMA), la VIA CAMPESINA et le Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) publient la déclaration suivante : Accès aux marchés d’exportation ou accès à son propre marché ? Dérégulation du commerce, prix mondiaux, ou bien souveraineté alimentaire ?
La Via Campesina et le Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) dénoncent la « libéralisation » des échanges de produits agricoles prônée par l’OMC et les politiques de dumping agricole pratiquées par les grandes puissances exportatrices vis à vis des pays tiers, en particulier les (PMA), qui ruinent leurs capacités productives et leurs habitudes alimentaires, tout en faisant disparaître l’agriculture paysanne du Nord et du Sud.
Par exemple, l’exportation des excédents européens vers les PMA à des prix très inférieurs au prix en Europe et dans les PMA ont ruiné la production des Pays les Moins Avancés .
La décision de l’UE d’ouvrir sans droit de douane son marché agricole aux produits des PMA est le contraire d’une solution pour ces pays. Elle est faite plutôt pour justifier la pénétration des marchés des PMA par les exportateurs de l’UE que pour donner une réelle chance aux agriculteurs des PMA de vendre leurs productions en Europe.
Pour la Via Campesina et le Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), la priorité doit être donnée à une production vivrière, saine, de bonne qualité, culturellement appropriée, pour le marché intérieur de chaque pays et pour le marché sous-régional ou régional de chaque région du monde.
Les priorités des paysans et de leurs familles dans les PMA est d’abord de pouvoir produire pour leur famille, puis d’avoir accès au marché intérieur, bien avant d’exporter. La décision européenne ne va au contraire que renforcer les bénéfices des grandes firmes utilisant les ressources et la main d’œuvre des PMA pour les cultures d’exportation vers l’UE. Cela diminuera les ressources et la main-d’œuvre consacrées à la production d’aliments pour les familles paysannes et urbaines de chaque pays, augmentant ainsi l’insécurité alimentaire.
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Les paysannes et les paysans de Via Campesina et du Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) réaffirment :
- Le DROIT pour les populations et leurs Etats à définir leur politique agricole et alimentaire au niveau national, puis au niveau régional, en faveur des exploitations agricoles familiales, à condition que cette politique soit sans dumping vis à vis des pays tiers : c’est la souveraineté alimentaire.
- Le droit d’accès aux ressources (terre, eau, semences,…) afin de pouvoir produire, de pouvoir vivre dignement, voilà le problème des paysans des pays du Sud , auxquels ces droits aujourd’hui encore sont niés.
- Le droit pour les pays/groupes de pays du Sud et du Nord à protéger leur agriculture et leur marché afin de rémunérer équitablement le travail et les produits des exploitations familiales agricoles
- Le marché mondial ne doit plus être un marché de surplus mais un marché d’échanges équitable entre produits régionaux à des prix rémunérateurs. Les marchés internationaux doivent être régulés afin de stopper la détérioration des termes de l’échange, en particulier pour les paysans du Sud exportant des produits tropicaux.
Ils demandent aux gouvernements du Nord comme du Sud :
- de mettre en place ou de réformer des? politiques agricoles pour qu’elles assurent la viabilité des exploitations familiales agricoles,
- de s’abstenir d’apporter des appuis? et des ressources de la coopération internationale conditionnés par des obligations de « libéralisation » et de privatisation non conformes aux priorités des pays
- de donner la priorité au développement? des marchés intérieurs (locaux, nationaux, régionaux) et non à l’exportation,
- de donner la priorité aux attentes de? la population en terme d’alimentation, des autres besoins vitaux, d’environnement, et non au commerce des multinationales ,
- d’interdire les brevets sur le vivant ainsi que la production et importation des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM).?
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