Déclaration de LVC contre le Traité de Commerce de Libre-Échange de l’UE-Japon

À travers le Mouvement Paysan International de La Vía Campesina[1] ainsi que de ses membres, la Coordination Européenne de La Vía Campesina[2] (ECVC) ensemble avec le Mouvement des Petits Agriculteurs du Japon[3] (NOUMINREN) réclament l’arrêt immédiat des négociations sur le Traité de Commerce de Libre-Echange  entre l’Union Européenne et le Japon. Le soussigné mouvement paysan défend la Souveraineté Alimentaire comme base pour les politiques publiques en lien avec l’alimentation et l’agriculture.

Dans toute l’Union Européenne ainsi qu’au Japon, les corporations transnationales (TNCs) utilisent leur emprise sur les gouvernements afin d’imposer un autre traité de commerce soi-disant “libre” qui rendra la vie des paysans de toutes ces régions encore plus difficile. Lancé en 2013, le Traité de Commerce de Libre Échange entre l’Union Européenne et le Japon a déjà passé 18 étapes de négociations hautement occultées. Avec les États-Unis qui ont enclenché le Partenariat Transpacifique (TPP) et le Partenariat pour le Commerce et l’Investissement (TTIP), la presse médiatique, en alerte contre le protectionnisme et supportant le commerce “libre”, déclare que l’Europe et le Japon sont sérieusement appelés à ratifier l’accord pour la fin de cette année.

Lorsqu’il est question de paysans et du système alimentaire, les corporations transnationales du secteur de l’agroalimentaire d’Europe – qui exportent déjà quelques 5,3 millions d’euros de marchandises agroalimentaires au Japon ­– espèrent que cet arrangement mette fin au tarifs douaniers ainsi qu’aux régulations qui sont exigées sur les produits agricoles et alimentaires transformés, aggravant les effets déjà désastreux des corporations du système agroalimentaire. Les entreprises agroalimentaires veulent vendre tout ce qu’elles peuvent au Japon et l’Union Européenne affirme que les exportations au Japon pourraient résoudre les difficultés du secteur laitier et porcin. Nous, paysans du monde, savons que toutes ces fausses promesses ne vont en rien améliorer nos vies. Nous n’avons rien à gagner avec ce type d’agriculture d’exportation, au contraire, nous serons forcés de rivaliser avec les mêmes marchandises subsidiées par les corporations qui sont actuellement en train d’empoisonner la population planétaire tout en forçant les paysans à émigrer partout dans le monde. Pendant ce temps, les industries japonaises veulent que l’Union Européenne retire ses taxes sur les véhicules et les produits électriques, en vue d’obtenir une offensive d’exportation massive et de rendre la vie plus facile au capital japonais à gérer. Les entreprises agroalimentaires japonaises veulent vendre plus de bœuf, plus de thé, plus d’aliments transformés (sauces, nouilles instantanées ou des en-cas à base de riz) et du vin de riz en Europe.

La lutte paysanne internationale contre l’OMC a permis de paralyser l’organisation, faisant échouer le TPP ainsi que le TTIP. Nos campagnes et les mobilisations réalisées à travers le monde continue de sensibiliser nos compagnons citoyens à propos de la menace faite envers nos systèmes alimentaires qui se trouve au sein de chacun des traités de commerce de libre-échange. Dans de telles circonstances, l’Union Européenne et le gouvernement japonais, en tant que gardien de ce commerce dit “libre”, sont en train de promouvoir ce traité. Nous, paysans et familles de petits agriculteurs à travers l’Europe et le Japon, nous demandons ensemble avec La Vía Campesina d’en finir avec cette tentative désespérante de la mise en place de ce traité, et au lieu de cela, nous réclamons la Souveraineté Alimentaire Maintenant !

“Le gouvernement japonais du Premier Ministre Shinzo Abe sacrifie même sa propre population ainsi que ses industries locales au profit des transnationales, avec l’agriculture et l’alimentation comme cibles principales. Le traité UE-Japon augmentera de manière significative les importations agricoles, infligeant d’extrêmes souffrances aux petits agriculteurs. L’accord pourrait même aller au-delà du TTP, le pire des traités avec comme but de détruire l’agriculture. Un futur anéantissement de l’agriculture japonaise rendra les choses difficiles pour tous les citoyens qui aspirent à obtenir de manière constante une alimentation saine et accessible, dorénavant menaçante pour leurs vies. Le Japon est l’unique pays avec une population de plus de 100 million de personnes et avec un taux d’autosuffisance alimentaire d’un peu moins de 50%. Si le Japon comptera dans le futur sur les importations alimentaires et ainsi privant la nourriture d’autres pays, les réserves alimentaires stables dans le monde entier seront également compromises et la pauvreté et la brèche entre les riches et les pauvres continuera d’augmenter. La Souveraineté Alimentaire est une solution pour reconstruire les marchés locaux qui ont été détérioré par l´économie globale de marché ainsi que le cadre institutionnel de sécurité alimentaire obsolète.” (Yoshitaka Mashima, Vice Chair of NOUMINREN)

LA VIA CAMPESINA SUPPORTE FERMEMENT A NOS MEMBRES D’EUROPE ET DU JAPON !

NON AU TRAITÉ DE COMMERCE DE LIBRE-ÉCHANGE !

SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE MAINTENANT !


[1]       La Vía Campesinaregroupe environ 164 organisations locales et nationales dans 73 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et des Amériques. En tout, elle représente environ 200 millions de paysannes et de paysans, de petits et de moyens producteurs, de sans terre, de femmes et de jeunes du monde rural, d’indigènes, de migrants et de travailleurs agricoles du monde entier. www.viacampesina.org.

[2]       Coordination Européenne de la Vía Campesina : www.eurovia.org

[3]       Mouvement des Petits Agriculteurs : www.nouminren.ne.jp/en