Accaparement des terres et justice foncière
14 juin 2020
La terre est la base de la vie sociale. Elle est non seulement le fondement de la production agricole, mais elle façonne et est également façonnée par les dynamiques politiques, économiques et culturelles des sociétés : le pouvoir affecte l’accès à la terre, et l’accès à la terre donne le pouvoir.
Étant donné le rôle central de la terre dans la société humaine, il n’est pas surprenant qu’elle ait également joué un rôle central dans l’accumulation des profits dans l’expansion du capitalisme mondial. L’accaparement de terres à longue distance – l’expropriation, la marchandisation et la privatisation de terres lointaines – est un élément central de l’histoire du monde depuis 500 ans. Les gouvernements ont toujours cherché à contrôler la terre, mais depuis la fermeture des terres des paysans en Angleterre et les conquêtes européennes des terres indigènes à partir de 1492, l’accaparement des terres a été lié aux intérêts coloniaux et impériaux du capital privé aux côtés des États. Le résultat : des vagues continues de dépossession, de génocide et d’asservissement des peuples indigènes, noirs et bruns. Ainsi, si les récents accaparements de terres reflètent une continuité, les moteurs et les impacts contemporains doivent également être compris dans leur contexte actuel.
Ce numéro de Nyéléni est la première partie de deux éditions (juin et septembre) consacrées au thème de la terre. Ce numéro examine les défis de la ruée actuelle sur la terre par des acteurs financiers et des entreprises, du local au global. Il évalue les opportunités actuelles et propose des stratégies et des solutions pour promouvoir le changement. La terre est un lieu de contestation et d’injustice ; c’est aussi un lieu de lutte, et de progrès, pour la souveraineté alimentaire et la justice.
Illustration de Boy Dominguez, Journal of Peasant Studies édition sur Green Grabbing (l’ Accaparement Verte), 2012