17 Avril 2018 : la journée internationale des luttes paysannes est célébrée partout dans le monde
Le 17 avril, Journée internationale des luttes paysannes, La Via Campesina a rappelé le massacre des 19 sans-terre assassinés impunément par l’agroindustrie au Brésil.
La nécessité de résister de manière organisée aux accords de libre-échange qui menacent la paysannerie, l’urgence d’une déclaration des droits des paysans, le combat contre l’impunité des multinationales et contre la criminalisation des luttes faisaient partie des principales revendications de cette journée de mobilisations.
Au niveau mondial, les organisations paysannes ont réaffirmé leur engagement à dénoncer les impacts des accords de libre-échange, « ces traités qui tentent de s’emparer de nos biens naturels et des marchés locaux, au profit du capital international et de l’agroindustrie en profitant du silence complice des Etats “, (communiqué de presse du 17 avril).
Belgique :
Bruxelles, 17 avril 2018 – En cette journée internationale des luttes paysannes, commémorant la résistance et la défense des paysans persécutés à travers le monde, des organisations paysannes de Belgique, de France, d’Espagne et même du Canada ont convergé avec d’autres mouvements sociaux, syndicats et ONG ce #17Avril à Bruxelles pour exprimer leur opposition aux actuels accords de libre-échange (ALE) négociés par l’Union européenne.
L’agro-industrie tue les paysans mais dans cette machine de guerre, les ALE jouent un rôle fondamental. Les consommateurs pourraient être en mesure d’acheter des produits moins chers, mais qu’est-ce que cela implique? L’exploitation et l’anéantissement des paysans. La perte de nos terres, de notre eau, de nos connaissances et de nos droits au profit des multinationales. Les risques sanitaires et les dommages environnementaux » a répété Claude Girod, paysanne de la Confédération Paysanne – ECVC, devant la Commission européenne.
Lisez le compte rendu de la manifestation d’Eurovia.
Suisse
Le syndicat Uniterre a organisé deux actions à l’occasion du 17 avril 2018 : une table ronde sur le sujet “souveraineté alimentaire : vers la concrétisation d’une société meilleure” en collaboration avec le journal Le Courrier. Uniterre a également organisé un rassemblement devant l’Office Fédéral de l’agriculture à Berne, pour dénoncer le mépris de la loi et de la constitution par l’office, baisse continuellement les prix seuils pour les céréales fourragères ainsi que les tarifs douaniers pour le blé.
Communiqué d’Uniterre sur la manifestation devant l’OFAG.
Maroc :
La Jeunesse de la Confédération Paysanne du Secteur Agricole a organisé à l’occasion du 17 avril une conférence sur le sujet : “Pas de politique agricole sans souveraineté alimentaire”, le 13 avril 2018, avec la participation de l’économiste Najib Akesbi et de l’agronome Abderrahim El Handouf. La conférence a été l’occasion de déconstruire les concepts de l’autosuffisance, la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire, d’évaluer l’aptitude du Maroc à atteindre la souveraineté alimentaire et dénoncer les politiques agricoles successives qui ont servi les grands agriculteurs et les mutltinationales de l’agrobusiness et marginalisé les paysan.nes et les ouvrièr.es agricoles et l’agroécologie.
Tunisie
En marge de la réunion de la Région Emergente de la Via Campesina, composée des membres de La Via Campesina en Palestine, au Maroc et en Tunisie, qui a eu lieu à Tunis du 12 au 16 avril 2018, avec la participation d’organisations venues du Soudan, d’Egypte et de Mauritanie, les militant.es ont rendu visite aux paysan.nes et ouvrièr.es agricoles des villages : Eddkhila, Tebourba et Chouigui. La rencontre a été l’occasion d’échange entre paysan.nes de plusieurs pays de la région et de souligner l’importance de la coordination régionale entre paysans.
Haiti
La Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif a organisé les 16 et 17 avril 2018 le Forum de la plateforme 4G, un mouvement composée d’organisations paysannes, afin de faire le bilan du cahier national des revendications des paysans. Le cahier des revendications est le fruit de multiples réflexions des paysans de tous les départements sur le système agricole du pays. « Le Premier ministre de la République parle comme s’il vit dans l’espace. Nous, les paysans, nous nous battons pour la décentralisation et la déconcentration, il faut que nos idées fassent partie des idées politiques », a déclaré Rosnel Jean Baptiste, porte-parole de la 4G.
Brésil
Depuis le 10 avril dernier, plusieurs actions ont été menées à travers le Brésil à l’occasion de la Journée nationale de lutte pour la réforme agraire. Avec le slogan “Massacre de l’Eldorado dos Carajás – 22 ans d’impunité : Réforme agraire et Liberté pour Lula maintenant ! la journée, qui est célébrée chaque année en avril par le MST, se déroule dans un contexte de lutte de classe profonde dans le pays.
Culminant au 17 avril, la Journée a mobilisé 19 états avec des barrages routiers, des occupations de terres, des occupations de la Rede Globo et deux camps permanents : l’un à Curitiba et l’autre à Brasilia. Le matin, environ 300 travailleurs occupaient l’hacienda Santa Cecília à Araçatuba, dans l’intérieur de São Paulo, propriété d’Oscar Maroni, un recruteur bien connu de femmes pour la prostitution et un protagoniste déclaré du coup d’état institutionnel.
Argentine
Le Movimiento Campesino Indígena de Argentina, MNCI (Mouvement indigène paysan d’Argentine) a organisé des journées nationales de mobilisation dans tout le pays en réponse à l’offensive néolibérale promue par le gouvernement dirigé par le président Macri et son parti Cambiemos.
A l’occasion de ces mobilisations, ils ont dénonçé l’avancée du capital sur les peuples et leurs territoires. “Le capitalisme, le racisme et le patriarcat forment un modèle imbriqué de dominations multiples qui s’exprime au travers de l’accaparement des terres et des territoires, le pillage des biens communs, l’exploitation du travail, le contrôle des corps et la misogynie ».
Ils ont aussi déclaré que le gouvernement, en collusion avec des groupes d’entreprises, cherche à privatiser les terres publiques où les familles paysannes vivent et produisent générant ainsi des expulsions d’une extrême violence. A cela s’ajoutent les pressions indues du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire, éloignant de plus en plus l’accès à la justice pour les familles paysannes.
Chili
A l’occasion de la Journée internationale des luttes paysannes, les paysannes et les productrices indigènes de l’Association nationale des femmes rurales indigènes, ANAMURI se sont réunies pour élever leur voix contre ce système capitaliste et patriarcal qui opprime les femmes dans les campagnes et favorise l’expansion de l’agro-industrie sur ce qui étaient autrefois des terres paysannes et indigènes.
L’Assemblée des Femmes productrices d’ANAMURI s’est tenue les 17 et 18 avril, à l’Institut d’Agroécologie des Femmes Rurales, institut nommé “Semeuses d’Espoir”, sur la côte d’Auquinco, au Chili. Dans leur déclaration finale, les femmes ont réaffirmé leur lutte pour nourrir les peuples et changer le monde.
Honduras
A Tegucigalpa La Via Campesina Honduras a organisé le Forum “Conflit agraire et lutte paysanne” qui a été suivi d’une grande marche dans les rues de la capitale. Au Honduras, il y a des milliers de paysans assassinés dans la lutte pour la terre. Le système judiciaire penche en faveur de l’impunité et a laissé plus de 5 000 paysans et paysannes sans protection et persécutés. Sur ces 5000 personnes, 1 700 sont des femmes, paysannes, indigènes ou issues de la communauté garifuna qui ont fait l’objet de poursuites pénales pour avoir exercé leur droit à la terre et plus d’une centaine ont déjà été assassinées.
Chaque jour les revendications dans les campagnes se font de plus en plus fortes et nécessaires, l’abandon de l’agriculture a un impact sur la production dans les campagnes mais aussi sur la souveraineté alimentaire. Les habitant-e-s des campagnes, ceux-là mêmes qui ont soutenu et nourri les citoyen-ne-s du pays, sont ceux et celles qui survivent aujourd’hui dans des conditions inhumaines. En effet, les terres et les ressources naturelles sont accaparées par les grandes sociétés multinationales et leurs partenaires locaux.
Pérou
Pour la Journée Mondiale de la Lutte Paysanne, la Confédération Nationale Agraire, CNA du Pérou, a appelé tous les paysans et les paysannes, les peuples indigènes et les citoyen-ne-s à s’unir pour défendre la terre et de la vie, à faire des propositions pour avoir un impact sur les politiques publiques, en demandant notamment à ce que les acteurs eux-mêmes soient entendus et que la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) soit respectée.
« Nous, les peuples autochtones, nous sommes toujours présents et nous disons : non au modèle extractif et d’exploitation des ressources naturelles qui met en danger notre droit à vivre librement en restreignant nos droits collectifs ! Cessez de persécuter et de criminaliser la lutte de nos dirigeants autochtones ! »
Équateur
La Confeunassc – membre de Cloc Via Campesina Equateur a mobilisé environ 800 paysans et paysannes dans les rues de Quito pour les droits des tous les paysans, hommes et femmes. Ils ont déclaré catégoriquement ” nous exigeons une attention urgente aux besoins des paysans, paysannes et des pêcheurs artisanaux “.
Espagne
La COAG, Coordination européenne Via Campesina, SLG, EHNE Bizkaia et CNA ont réuni à Madrid les principaux promoteurs de l’initiative pour une déclaration des Nations unies des droits des paysans et autres personnes vivant dans le monde rural. Des représentants de la FAO, du ministère espagnol des Affaires étrangères et des représentants au plus haut niveau du gouvernement bolivien se sont donc retrouvés le 26 avril pour faire prendre conscience de l’importance de cette déclaration pour les hommes et les femmes des zones rurales.
Corée du Sud
La Via Campesina Asie du Sud-Est et de l’Est a organisé à Séoul, le 19 avril, un Forum international sur les impacts du libre-échange sur l’agriculture. Voir la déclaration issue de ce forum et d’autres interventions ayant eu lieu lors du forum.
Retrouvez les actions organisées dans autres pays du monde sur notre carte interactive.