Via Campesina: 11 années de luttes
Note – Via Campesina #2
Onze années ont passé depuis la constitution de Via Campesina. Onze annés d’innombrables luttes et résistances qui ont été remémorées par Rafael Alegria, Secrétaire Opératif de l’organisation, durant le deuxième jour de la IVe Conférence de ce mouvement paysan international. La Via Campesina s’est formellement constituée lors de la première rencontre à Mons (Belgique), en mai 1993, où ont été fixés les objectifs et principes fondamentaux qui ont marqué l’histoire de l’organisation. Sept mois plus tard avait lieu la première journée de lutte, lorsque l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) intégrait à son agenda le thème de l’agriculture, selon Alegria.
La IIe conférence (avril 1996, Tlaxcala) fut marquée par l’assassinat de 19 paysans du Mouvement des Sans Terre du Brésil, à Carajas, le 17 avril 1996, en hommage desquels chaque année on célèbrera à cette date la Journée des Luttes Paysannes. Cette même année, la Via Campesina participe de façon significative au Sommet Mondial de la FAO à Rome, où elle affirme que l’on ne doit pas breveter le vivant, et lance le concept de Souveraineté Alimentaire : le droit des peuples à déterminer ses politiques alimentaires, qui aujourd’hui n’est plus un concept, mais un principe de la Via Campesina.
La troisième rencontre de Via Campesina se tient à Bengalore (Inde, 2000), où le débat tourne autour de la construction d’alliances et l’équité de genre, juste après sa participation remarquée aux actions menées à Seattle fin novembre 1999 en refus de l’OMC. La vocation solidaire de la Via Campesina se manifeste de manière particulière en 2002, lorsque devant le massacre permanent du peuble palestinien, elle envoie une mission de solidarité et de paix à laquelle participent José Bové, Lee Kyung Hae, Paul Nicholson et Doris Guitierrez.
Lors du sommet de l’OMC, qui s’est tenu à Cancun en septembre 2003, la Via Campesina et le mouvement El Campo no Aguanta Mas (la campagne n’en peut plus), sont à l’origine des manifestations de protestation, aux cours desquelles le paysan coréen Lee s’immole, au nom de la lutte agraire, en prononçant ces mots : « L’OMC tue les paysans ».
C’est à la IVe Conférence, a souligné Alegria, d’analyser et de renforcer le rôle et la stratégie de la Via ; renforcer et affiner les politiques d’alliances avec l’ensemble des mouvements sociaux ; intégrer les stratégies et les actions internationales futures dans le travail des organisations nationales ; développer des mécanismes pour la formation de leaders internationaux ; promouvoir et renforcer la participation générale des femmes et des jeunes ; et clarifier la position de la Via Campesina face au système de l’ONU, telle que la FAO, et avec des institutions multilatérales telles ques l’OMC, le FMI et la Banque Mondiale.