Stop à l’hypocrisie : L’Union Européenne doit favoriser l’accès à la terre pour les paysan-nes !
Communiqué de Presse de la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC)
(Bruxelles, 19 Juin 2014) – Mari Carmen Garcia Bueno, de la Coordination Européenne Via Campesina / SOC (Sindicato de Obreros del Campo), a participé aujourd’hui à la conférence de la DG Environnement sur « La terre en tant que ressource », pour rappeler un certain nombre de points essentiels pour les petits et moyens producteurs et productrices en ce qui concerne la question de l’accès à la terre en Europe.
Ces points sont les suivants :
– La concentration et l’accaparement de terres est aussi un problème en Europe, où 3 % des propriétaires terriens contrôlent plus de la moitié des terres cultivables[1], entre autres à cause des subventions versées dans le cadre de la PAC. C’est également une question sociale importante, qu’il ne faut pas occulter, car les habitants ruraux perdent petit-à-petit le contrôle sur leur terre et leur environnement.
– Le phénomène de privatisation des terres publiques ou gérées collectivement se renforce particulièrement en cette période de crise, en lieu et place de la gestion publique de cette ressource essentielle pour l’avenir de l’humanité, qui permet aux communautés de cultiver, prendre soin de leur environnement et dessiner le paysage, afin que leur propre communauté et région en profite, ce qui n’est pas le cas lorsque des intérêts privés se substituent au public.
– La nécessité de faciliter l’accès à la terre pour les jeunes qui souhaitent s’installer et les nouveaux paysans, ou dans le cadre des mouvements de repaysanisation à l’œuvre aujourd’hui[2].
– En Europe, l’âge moyen des agriculteurs est de 58 ans. Il y a donc un gigantesque problème de régénération de l’agriculture. Malgré cela, il est pratiquement impossible d’accéder à la terre pour les jeunes, en raison des prix élevés de la terre et des lois sur la transmission. Le même type de problèmes se pose également pour les néo-ruraux, qui ne viennent pas nécessairement du milieu agricole.
– Le fait qu’aucune politique publique ne soit mise en place au niveau européen pour faire face à ces situations dramatiques ! Les lignes directrices volontaires sur l’accès à la terre, votées par tous les gouvernements à la FAO, devraient être appliquées au niveau national et européen.
– C’est pourquoi ECVC demande d’urgence une directive sur la gouvernance foncière dans l’UE, qui soit l’application des lignes directrices volontaires de la FAO.
– Cette question devrait être immédiatement prise en compte par le nouveau Parlement Européen récemment élu, d’autant plus lors d’une année de l’agriculture familiale qui fait bien peu de cas des questions d’accès à la terre pour les petits paysans.
– Elle a enfin développé le fait que le meilleur modèle pour gérer la terre est une agriculture familiale agro-écologique à petite échelle, soit l’« agriculture paysanne ». Comme un récent rapport l’a montré, les paysans produisent la majorité de la nourriture de la planète, mais sur moins d’un quart des terres arables[3]. Leur mode de production à petite échelle est donc plus productif sur moins d’espace, plus écologique, permet d’entretenir des sols sains et fertiles, de stocker du carbone dans le sol pour contrer le changement climatique, et surtout de rémunérer dignement les producteurs d’aliments. Comme le montrent beaucoup d’études, cette voie est la seule viable pour le futur de l’agriculture.
La priorité absolue devrait donc être donnée au soutien aux petits producteurs, afin d’avancer vers la Souveraineté Alimentaire.
Porte-paroles:
Maria del Carmen Garcia Bueno (FR/ES) – marigarci62@hotmail.com – +34 629620479
Andrea Ferrante (EN/IT) – a.ferrante@aiab.it – +39 3480189221
[1] http://www.eurovia.org/spip.php?article758 Par ailleurs, l’étude contient aussi des exemples très intéressants de bonne gestion des terres.
[2] Les paysans du XXIè siècle, Mouvements de repaysannisation dans l’Europe d’aujourd’hui, Jan Douwe Van Der Ploeg, 2014.
[3] http://www.grain.org/article/entries/4929-hungry-for-land-small-farmers-feed-the-world-with-less-than-a-quarter-of-all-farmland