République du Congo : Les petit·es producteur·rices congolais·es à la tête du mouvement agroécologique
Dans la localité de Boko, située dans le département du Pool au sud-est de la République du Congo, s’est tenue la 3e édition de la “Semaine du paysan”. Cet événement, organisé par la Concertation nationale des organisations paysannes et producteurs agricoles (CNOP) du Congo, a offert l’opportunité de savourer des produits du terroir lors d’une foire agroécologique, ainsi que de participer à des formations et discussions thématiques. Des représentant·es des organisations paysannes du Cameroun, de la République Démocratique du Congo, du Gabon, ainsi que des producteur·rices locaux·ales venu·es de Loumo, Kinkala, Brazzaville, Igné, Ngabé et d’autres localités des douze départements de la République du Congo y ont participé.
Pourquoi l’agroécologie paysanne ?
L’agroécologie paysanne n’est pas seulement une méthode de production agricole, mais un mode de vie enraciné dans la préservation des semences locales, des territoires, et la promotion d’une alimentation de qualité accessible à tou·tes. Les petit·es producteur·rices, garants de ces semences traditionnelles, se sont rassemblés pour sensibiliser sur un défi majeur : le changement climatique. Face à la propagation des cultures transgéniques, les producteurs constatent l’urgence de revenir aux méthodes et aux cultures ancestrales, mieux adaptées aux conditions climatiques actuelles.
“Cette approche consiste à préserver et stocker nos semences dans nos greniers traditionnels en prévision des prochaines campagnes agricoles”, affirme Hortense Dolorès Kinkodila Tombo, représentante des femmes de La Via Campesina en Afrique Centrale et de l’Ouest, ainsi que membre sortante du comité de coordination internationale (CCI) de La Via Campesina, en soulignant l’importance de ces actions pour renforcer la résilience des petit·es producteur·rices face aux aléas climatiques, économiques et sociaux.
Des formations ont également été organisées sur les techniques de production de biofertilisants et de pesticides à base de plantes déjà présentes dans leur environnement, telles que l’ortie, le basilic et les feuilles de bananier. Ces formations ont exploré la possibilité de pratiquer des intercultures, c’est-à-dire de varier les cultures d’une saison à l’autre pour que chaque culture tire profit des résidus laissés par la précédente.
Ces connaissances sont mises en pratique, par exemple, dans la zone de Boko, un important pôle de production fruitière qui approvisionne la capitale, Brazzaville. Toutefois, cette région est confrontée à un problème : une mouche pond ses œufs pendant la floraison des arbres fruitiers, comme les manguiers. Une fois que les fruits se développent, les larves les colonisent et détruisent complètement la chair des fruits. Pour remédier à cela, une méthode de fumigation agroécologique a été démontrée pour éloigner ces mouches pendant la floraison des arbres.
Dorgelait Marvel MouKala, nouveau CCI des jeunes en Afrique Centrale et de l’Ouest, explique : « Nous utilisons des feuilles mortes, de la citronnelle et une feuille locale appelée “yélé-guégué”. On dit que cette feuille est aussi toxique pour l’homme, donc il est important de s’éloigner lorsque le feu est allumé. La fumée doit être produite à 5 heures du matin, lorsque l’air est lourd, pour que la fumée ne monte pas trop haut. Cette méthode est efficace pour éloigner complètement les mouches. »
Le CNOP Congo, aux côtés des petit·es producteur·rices, œuvre pour promouvoir l’agroécologie paysanne à travers trois espaces principaux : le “Forum des jeunes entrepreneurs”, les foires pour l’exposition et vente des produits locaux, et enfin, la “Semaine du paysan”. Cette dernière, organisée chaque année, est un moment clé pour sensibiliser les petits producteurs sur des thèmes tels que l’agroécologie, le changement climatique et les semences paysannes.
Tout au long de l’année, des visites sont également organisées sur les territoires des producteur·rices engagé·es dans les pratiques agroécologiques, afin de les encourager à partager leurs expériences avec celleux qui souhaitent s’engager et adopter cette méthode. Ces initiatives visent à diffuser les pratiques agroécologiques à travers l’ensemble des territoires agricoles du Congo, permettant ainsi aux communautés de produire suffisamment pour nourrir leurs populations avec des aliments sains et nutritifs.
Pour plus d’informations, veuillez consulter : www.cnop-congo.org
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