Renforcer la lutte commune contre les Accords de Libre Echange (ALE)
Du Costa Rica, du Mexique, de Thaïlande, des Îles Canaries, des Etats Unis et de Corée, plusieurs représentants de la Via Campesina étaient la semaine passée à Bruxelles. Ils ont participé à trois jours de réunions organisés à l’initiative des réseaux OWINFS (Notre monde n’est pas à vendre) et S2B (Seattle to Brussels) contre les accords bilatéraux promus par l’Union Européenne dans le cadre de sa stratégie commerciale « Global Europe ».
L’objectif de cette rencontre était au-delà de l’échange d’informations, une occasion de consolider les alliances et les stratégies de ces réseaux pour organiser la lutte contre les ALE européens. Ces réunions ont permis aux européens de consulter leurs partenaires du Sud et de bénéficier de leur expérience. En effet, que soit au Costa Rica ou en Corée, des plate-formes de résistance aux accords bilatéraux existent déjà regroupant de nombreux secteurs de la société civile. Les Européens ont pu en savoir plus sur les points de blocages possibles des négociations par les gouvernements sollicités par l’UE. Quant aux représentants du Sud, ils ont pu mieux connaître les processus et instances de décisions en Europe.
Certains ateliers se sont déroulés en groupes bi régionaux (UE/ Amérique Centrale et Sud, UE/ASEAN, UE/Afrique) permettant de faire un point sur l’état d’avancée des négociations par pays.
Tous les réseaux participants à ces rencontres sont pour nous des alliés précieux qui partagent la même volonté d’un rejet total des ALE, indépendamment de la diversité des méthodes de travail. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné José Ovideo (UNAG, Costa Rica) lors de son intervention au parlement européen, au cours de l’audition publique du 9 avril : « la lutte contre les ALE peut prendre des formes très variée, aucune méthode ou tactique n’est à disqualifier. L’essentiel est le parapluie commun qui abrite nos luttes : le Non aux ALE ».
Ces trois jours de réunions ont aussi permis de construire un calendrier commun, regroupant les opportunités de mobilisations contre les ALE dans les différentes régions du monde. Un atelier sur « les accords bilatéraux et lois sur les semences » avec Renée Velvet de Grain, a été organisé dans le but de mettre cette question importante au coeur des débats de la construction des stratégies dans les différentes régions. La question des semences est sans aucun doute un point d’ancrage fondamental pour la Via Campesina dans sa stratégie de lutte contre les ALE
Des idées d’actions concrètes ont été validées comme par exemple celle d’organiser en 2009 une visite de parlementaires européens et de fonctionnaires de la commission (DG Trade et Relex) dans les pays concernés par un ALE. Ils pourraient ainsi constater par eux-mêmes les impacts de libre échange sur les populations des pays signataires d’accords bilatéraux de libre échanges.
Les rendez-vous que nous avons eu en petit groupe à la Direction Générale des Relations Extérieures et au Parlement Européen nous ont confirmé l’intérêt d’organiser cet échange et de maintenir les contacts avec les députés qui nous soutiennent.
Au lendemain de ces 3 jours de réunions sur Bruxelles, plusieurs participants se sont rendus dans différentes capitales européennes (Berlin, Madrid, Londres, Amsterdam) pour dénoncer publiquement ce nouvel avatar de la libéralisation des marchés que sont les accords bilatéraux (traités de libre échange ou accords d’associations).
Via Campesina News
15 avril 2008