Pour défendre la vie du peuple brésilien, des mesures d’urgence pour une réforme agraire populaire !
En juin 2020, la pandémie du Coronavirus, qui a jusqu’à présent infecté plus de 550 000 personnes et tué plus de 30 000 personnes au Brésil, a montré l’ampleur de la crise économique à laquelle le pays est confronté. Cette crise est antérieure à l’apparition mondiale de la maladie et sa cause principale est la politique économique du gouvernement de Jair Bolsonaro, qui s’oriente vers l’austérité, avec des coupes sombres dans les investissements publics.
C’est pourquoi le Mouvement des Sans-Terres (MST) a lancé le plan d’urgence pour une réforme agraire populaire. Le mouvement y a énuméré les mesures de protection et de production visant à garantir des conditions de vie décentes à la population rurale.
La pandémie du coronavirus et ses effets sur les travailleurs et les plus pauvres aggrave les conséquences de la crise du capitalisme qui atteint l’économie, la politique, la société et la nature.
Face à cela, il est nécessaire de démocratiser l’accès à la terre, de distribuer les richesses et de défendre les droits des peuples du monde rural. Nous présentons à la société des mesures qui peuvent rapidement permettre la création de milliers d’emplois, produire des produits alimentaires pour tout le peuple, activer le commerce, garantir un revenu et des conditions de vie dignes.
- Terre et travail
a) Installer sur des terres des milliers de familles qui aujourd’hui sont dans des campements, au chômage et à la périphérie des villes.
b) Exproprier les « latifundios » improductifs et des parcelles en proximité des villes pour faciliter la production et l’installation des familles des périphéries urbaines.
c) Récupérer, sans frais, les 6 millions d’hectares des quelques 729 familles ou entreprises débitrices envers l’Etat fédéral, qui ont une dette totale de plus de 33 milliards d’Euro et sont propriétaires de ces terres.
d) Affecter les terres publiques et les terres vacantes existantes aux installations de réforme agraire d’urgence.
e) Echanger les dettes que des propriétaires de latifundio doivent aux banques publiques contre des terres.
f) Suspension de toutes les expulsions de familles installées provisoirement sur des terres et de toutes les restitutions de terres aux latifundios.
g) Légaliser tous les territoires de quilombolas, des peuples indigènes, des communautés de riverains de cours d’eau et des communautés rurales natives.
h) Garantir l’intégrité et la préservation des réserves indigènes et des aires environnementales, en expulsant les envahisseurs, les voleurs de terres, les chercheurs d’or illégaux, qui exploitent de dévastent ces terres.
i) Suspension des subventions et des avantages fiscaux aux entreprises de produits de traitement agricole toxiques et attribution de ces ressources à la Réforme agraire.
- Production d’aliments sains
a) Attribuer les ressources nécessaires à l’élargissement du PAA (Programme d’achat d’aliments), qui fournit travail et aliments à tout le peuple, par un achat anticipé de la production des paysans par la CONAB
b) Garantir la mise en œuvre du PNAE pendant la période de « distanciation sociale », avec de la nourriture saine pour les enfants et leur famille.
c) Financement et diffusion de machines agricoles pour l’agriculture familiale et paysanne.
d) Mise en place du Plan national d’agroécologie, pour garantir des aliments sains.
e) Organiser des jardins urbains agroécologiques pour donner du travail à tous ceux qui veulent y travailler et produire des aliments.
f) Utiliser des lignes de crédit spéciales dans les banques publiques pour financer des agro-industries coopératives pour la production d’aliments et dégager des financements d’urgence pour les installations de la Réforme Agraire permettant de stimuler la production.
- Protéger la nature, l’eau et la biodiversité
a) Nous devons veiller sur les zones humides et les sources, protéger les forêts et la biodiversité de tous les milieux naturels.
b) Appuyer les programmes d’intensification de plantations d’arbres natifs et fruitiers dans tout le pays, selon le biome.
c) Attribuer les ressources nécessaires pour la construction de citernes d’eau potable et pour la production dans toute la zone semi-aride et les régions qui en ont besoin.
d) Empêcher l’usage des produits de traitement toxiques qui contaminent les eaux et les aliments et qui détruisent la biodiversité.
e) Organiser la production de semences agroécologiques dans tous les territoires ;
f) Stimuler l’agroforesterie comme manière de garantir la diversité et l’abondance d’aliments, en même temps que la reforestation.
- Conditions de vie dans le monde rural pour tout le peuple
a) Garantir l’accès de toutes les familles au Programme « Minha casa, minha
vida », pour la rénovation et la construction de logements en milieu rural.
b) Mettre en place des politiques pour que les jeunes restent à la campagne, avec un travail, un revenu et l’éducation.
c) Garantir que nous n’aurons plus une seule école de fermée à la campagne.
d) Renforcement du FUNDER pour les municipalités et élargissement du PRONERA, pour recevoir les enfants des paysans, à tous les niveaux de scolarité.
e) Empêcher les violences domestiques à la campagne, qui atteignent les femmes, les enfants, les adolescents, les personnes âgées et les LGBT et qui est en train d’augmenter avec la distanciation sociale.
f) Renforcement et élargissement du SUS, Service de santé universel, dans tout le pays et en milieu rural.
Ce programme d’urgence exige des mesures immédiates et une volonté politique des gouvernements pour résoudre les problèmes d’emploi, de revenu et d’alimentation pour tout le peuple. Pour cela nous devons tous contribuer, le gouvernement fédéral, les gouvernements des Etats et les mairies. C’est un plan d’urgence pour affronter les problèmes du moment.
La Réforme Agraire Populaire est urgente et nécessaire pour répondre aux besoins des travailleurs et travailleuses sans terre, pour approvisionner les villes en aliments, principalement les périphéries urbaines et garantir une relation équilibrée entre les êtres humains et la nature.
Nous appelons la société, les mouvements populaires, les syndicats, les partis, les églises et les secteurs engagés dans la lutte pour la démocratie, à défendre l’urgence de la Réforme Agraire Populaire et celle d’un pays juste, sans privilèges de classe et inégalités sociales.
Cette publication est également disponible en Español.