ORFC 2025 : Droits fonciers, justice commerciale et renouvellement générationnel, enjeux clés pour les jeunes paysan·nes
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Chaque mois de janvier, la Conférence d’Oxford sur l’agriculture réelle (Oxford Real Farming Conference) réunit des personnes du Royaume-Uni et du monde entier pour discuter et explorer les transformations que les mouvements sociaux et les organisations de la société civile revendiquent pour les systèmes alimentaires et agricoles à l’échelle locale et globale. Cet espace unique rassemble agriculteur·rices, paysan·nes, activistes, décideur·euses politiques et chercheur·euses partageant une vision commune : transformer le système alimentaire.
Cette année, la Land Workers’ Alliance (notre membre au Royaume-Uni) et un petit groupe de jeunes paysan·nes de La Via Campesina ont participé à divers panels, en présentiel et en ligne. Ces sessions ont abordé des thématiques telles que la réforme agraire, la production alimentaire en contexte de déplacement, l’agroécologie et la justice commerciale.
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Anuka de Silva, membre du Mouvement pour la réforme foncière et agricole du Sri Lanka (MONLAR) et membre du Comité de coordination international (CCI) de La Via Campesina, a contribué à quatre sessions différentes. Elle a partagé ses perspectives et expériences sur les réformes agraires en Asie, tout en mettant en lumière les efforts de La Via Campesina pour soutenir les communautés ayant perdu leurs terres ou résistant aux expropriations. L’année dernière, des activistes pour les droits fonciers au Sri Lanka avaient mis en garde contre une vaste appropriation foncière dans le district de Kilinochchi à des fins d’exploration minière. Ils avaient également dénoncé les tentatives supposées du gouvernement sri-lankais d’exclure 418 acres de la réserve naturelle de Vidataltivu, dans le district de Mannar, au nord du pays, pour un projet d’aquaculture industrielle. MONLAR et d’autres organisations de la société civile du pays continuent de résister.
Récemment, la Land Workers’ Alliance a publié une étude appelant à faciliter l’accès à la terre et au logement par le biais de services de mise en relation financés par l’État, de prêts à faible intérêt pour les fiducies foncières, et de réformes des lois d’urbanisme pour inclure les petites entreprises agricoles, y compris de nouvelles habitations pour les travailleur·euses de la terre. Forts de ces expériences, les délégué·es ont participé à diverses sessions du forum, où ils ont défendu l’agroécologie paysanne, dénoncé les risques de son appropriation par les grandes entreprises agroalimentaires, et réaffirmé l’agroécologie comme une approche populaire et émancipatrice pour transformer les systèmes alimentaires et fonciers.
Edu H. Nualart, membre de l’organisation néerlandaise Toekomstboeren et participant actif des Groupes Jeunesse et Climat de la Coordination européenne Via Campesina (ECVC), a mis en avant le Nouveau Cadre Commercial proposé par La Via Campesina, tout en critiquant les stratégies impérialistes et néolibérales sous-jacentes aux accords de libre-échange. Depuis 2022, La Via Campesina s’emploie à élaborer un Cadre alternatif pour le commerce agricole mondial, promouvant la souveraineté alimentaire, aligné sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), et favorisant la coopération transfrontalière plutôt que la concurrence.
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Edu a également présenté les stratégies de La Via Campesina pour faire avancer les réformes foncières et améliorer l’accès au secteur agricole pour les jeunes. Depuis longtemps, l’ECVC insiste sur le renouvellement générationnel comme élément clé de la transition agricole. Cela passe par la mise en œuvre d’un plan dédié et souligne l’importance de créer un environnement rural accueillant, doté de services et de ressources financières pour réduire le fossé entre communautés urbaines et rurales. La transition des systèmes agroalimentaires ne peut se faire qu’avec les paysan·nes, en reconnaissant la diversité des systèmes agraires en Europe et en garantissant un revenu décent et stable, en particulier pour les petit·es et moyen·nes agriculteur·rices ainsi que les travailleur·euses agricoles.
Paola Laini, jeune paysanne de l’Association Rurale Italienne (ARI) et membre du CCI de La Via Campesina, n’a pas pu assister à la conférence en personne mais a partagé un message à travers Edu. Dans sa déclaration, elle a élaboré sur les principes de la souveraineté alimentaire :
« La souveraineté alimentaire est le droit des peuples, des pays ou des unions d’États à définir leurs politiques agricoles et alimentaires sans créer d’impacts négatifs (dumping) sur les pays tiers. C’est la liberté de décider – individuellement ou collectivement, en famille, en communauté, dans un territoire ou au sein d’une nation – des aliments que nous voulons produire et consommer. Il s’agit des mains et des cœurs qui cultivent la nourriture, des bouches qui la consomment, des graines qui germent et des eaux et sols qui les nourrissent. »
« Nous devons défendre cette liberté, ce droit, et protéger la souveraineté alimentaire contre toute forme d’appropriation ou de détournement. La souveraineté alimentaire résonne avec la justice et la solidarité internationale. Elle amplifie les voix des peuples – des voix qui exigent : la fin de toutes les guerres, le rejet des accords de libre-échange, le démantèlement de l’impérialisme, la sortie de l’agriculture des négociations à l’OMC, une réforme agraire populaire pour sécuriser l’accès à la terre et aux territoires, un nouveau cadre commercial ancré dans la souveraineté alimentaire et la solidarité, ainsi que la protection des droits paysans et de l’agroécologie. »
Ci-dessous le discours complet de Paola Laini
Photos de Hugh Warwick
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