Liban : Déclaration de solidarité de la Région Arabe et Afrique du Nord avec le peuple libanais, ses paysan·nes, ses villages et son Sud résilient.
La Via Campesina – Région Arabe et Afrique du Nord ARNA, 23 Septembre 2024
Cette déclaration de la Région Arabe et Afrique du Nord ARNA est également disponible en arabe. Cliquez ici pour visiter leur site web.
Le mouvement La Via Campesina – Région Arabe et Afrique du Nord condamne l’agression criminelle commise par l’occupation sioniste contre le peuple frère du Liban aujourd’hui, 23 septembre, qui a conduit au martyre de 492 Libanais·es et fait plus de 1 650 blessé·es. L’occupation a intensifié ses actions au cours de la troisième semaine de septembre, en lançant sa guerre terroriste contre le Liban dans des zones urbaines densément peuplées et sur des terres agricoles. Au cours des journées du 17 et du 18 septembre, l’entité sioniste a piégé et fait exploser plus de 5 000 appareils de communication et de téléavertisseurs. Selon le ministère libanais de la Santé, 37 personnes ont été tuées et plus de 2 931 ont été blessées à la suite de ces attaques terroristes.
Le ministère libanais de la Santé a annoncé que « les équipes médicales ont travaillé jusqu’aux premières heures de l’aube, dans une scène qui rappelle l’explosion du port du 4 août ». Au matin du 22 septembre, les hôpitaux avaient pratiqué 460 interventions chirurgicales, principalement aux yeux et au visage, ainsi que des opérations sur les membres, en particulier les mains, qui ont conduit à l’amputation des mains et des doigts. Suite à la seconde explosion (mercredi 18 septembre), 25 personnes ont été tuées et 608 blessées.
En outre, probablement des centaines de blessé·es ont perdu la vue. Selon le Dr Elias Warraq, ophtalmologue à l’hôpital du Mont-Liban, « 60 à 70 % des blessures oculaires ont conduit à la perte d’au moins un œil. Pour certain·es, nous avons dû retirer les deux yeux. Cela me brise le cœur. En 25 ans de pratique, je n’ai jamais enlevé autant d’yeux qu’hier ».
De plus, selon la Défense civile libanaise, 51 personnes ont été tuées, 68 blessées et 10 sont portées disparues, à la suite d’une troisième attaque de l’entité sioniste sur Beyrouth sous la forme de raids aériens sur l’un des quartiers résidentiels les plus densément peuplés de la banlieue sud de Beyrouth.
L’entité sioniste a également mené plus de 200 raids sur des villages du sud du Liban, une région essentiellement agricole, bombardant et brûlant principalement des terres agricoles, des oliveraies et des forêts, notamment Wadi Zabkine, l’un des sites les plus riches écologiquement dans le sud du Liban. La guerre du Liban a causé la mort de plus de 1 600 Libanais·es et le déplacement de plus de 100 000 personnes.
Au Liban et à Gaza, l’entité sioniste ne se contente pas de tuer directement les personnes ; elle brûle aussi leurs terres et empoisonne leur eau pendant des années, détruisant ainsi leur environnement, leurs moyens de subsistance et anéantissant leur souveraineté alimentaire.
Jusqu’en juillet 2024, par cet écocide (destruction délibérée de l’environnement naturel), l’entité sioniste a brûlé plus de 4 000 ruches dans le sud du Liban, incendié des terres, des arbres, des sols et de l’eau avec du phosphore blanc, interdit au niveau international. Elle a également porté atteinte aux oiseaux migrateurs traversant la région en cette saison, détruit environ 50 000 oliviers, brûlé des milliers d’hectares de terres agricoles et de forêts, et ravagé plus de 150 villages..
Il est clair que cette destruction de la vie rurale est planifiée, systématique et délibérée, visant à bombarder les structures essentielles à la vie rurale, à la survie et à la résilience. Le mois de septembre est la saison des olives dans le sud du Liban, et ces attaques ont empêché les agriculteurs et les agricultrices d’accéder à leurs terres et de les récolter, une activité dont la majorité des familles rurales du sud dépendent pour leur économie tout au long de l’année.
Par ailleurs, l’armée de l’entité sioniste semble se diriger vers l’occupation du Sud-Liban, une région qui a connu une longue histoire d’occupation et d’entraves au développement, et qui subira donc les conséquences de l’opération militaire à venir.
La population libanaise, qui souffre déjà de l’une des plus grandes crises économiques de l’histoire moderne, souffrira encore plus de l’occupation du Sud-Liban, notamment en termes de souveraineté alimentaire. Dans le sud-est, des céréales sont cultivées, tandis que des olives, du tabac, des figues, des amandes, des agrumes et des bananes sont produits le long de la côte sud, où une communauté historique de pêcheurs et de pêcheuses survit malgré des conditions défavorables.
Le génocide à Gaza et la guerre en cours au Liban sont des actes de terrorisme systématiques et délibérés, qu’il s’agisse de tuer directement des personnes, de détruire leurs terres, leur eau ou leurs moyens de subsistance, ou de mener des actions militaires qui conduisent à une famine imminente.
En conséquence, La Via Campesina, Région Arabe et Afrique du Nord ARNA , recommande ce qui suit :
- Nous demandons au Conseil de sécurité d’intervenir pour mettre fin à la guerre menée par l’occupation contre le Liban et ses territoires.
- Nous appelons les institutions de la communauté internationale à s’opposer aux interventions israéliennes flagrantes qui limitent la souveraineté du Liban sur son territoire.
- La poursuite de la guerre au Liban rend la situation économique du pays encore plus difficile, par conséquent les instances internationales doivent intervenir pour y mettre fin.
- Les attaques qui se poursuivent depuis plus de dix mois sur les zones du sud du Liban ont gravement nui à la souveraineté du Liban sur ses sources alimentaires et ses ressources naturelles. Nous appelons donc les organisations agricoles, représentées par la FAO, à assumer leurs responsabilités pour mettre un terme à l’agression contre le secteur agricole.
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