Les paysannes de la Via Campesina en Afrique disent NON à l’OMC et aux accords de libre-échange
La résistance mondiale au libre-échange s’intensifie : Journée internationale d’action contre l’OMC et les accords de libre-échange
Lomé, Togo 10 septembre 2024 ; Aujourd’hui, les membres de La Via Campesina du monde entier s’unissent pour résister à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et aux accords de libre-échange. Nous organisons des actions et menons des campagnes de sensibilisation pour dénoncer les injustices et les inégalités causées par ces politiques sur les moyens de subsistance, la santé publique, l’environnement et la souveraineté alimentaire.
Nous, les femmes de la Via Campesina en Afrique, réunies ici à Lomé, au Togo, nous joignons à d’autres membres de LVC, alliés et amis de la Via Campesina à travers le monde pour élever nos voix contre l’OMC et les accords de libre-échange, car ils constituent une menace pour les droits de l’homme, la souveraineté alimentaire, la durabilité de l’environnement, les économies locales et conduisent à d’immenses inégalités.
Le coût réel du libre-échange
Au fil des ans, l’OMC et les accords de libre-échange ont donné la priorité aux intérêts des multinationales, souvent au détriment des petits producteurs de denrées alimentaires et des communautés indigènes. Ces politiques accentuent les inégalités et permettent aux entreprises d’exploiter la main-d’œuvre, de saper la souveraineté alimentaire et d’épuiser les ressources naturelles sans aucun remords.
Les femmes de La Via Campesina en Afrique disent NON à l’OMC et aux accords de libre-échange, car ils ne nous servent pas, ils ne protègent pas nos droits en tant que femmes paysannes et ils n’embrassent pas la souveraineté alimentaire. Au contraire, les accords commerciaux élaborés par l’OMC sont conçus pour ne profiter qu’à quelques individus et plus particulièrement aux multinationales, tout en violant les droits des paysans, en dégradant l’environnement, en limitant l’accès aux services sociaux essentiels et en en limitant le contrôle. L’OMC et les accords de libre-échange ont eu un impact profond sur les petits exploitants agricoles en les exposant à une concurrence accrue de la part des grandes entreprises agroalimentaires et des producteurs internationaux. Ces accords encouragent la suppression des barrières commerciales, ce qui permet de déverser sur nos marchés locaux des produits agricoles bon marché fortement subventionnés provenant de l’étranger, avec lesquels les petits producteurs de denrées alimentaires ne peuvent pas rivaliser. En conséquence, nous sommes évincés des marchés locaux, contraints de passer de cultures vivrières traditionnelles à des cultures de rente orientées vers l’exportation, ce qui porte atteinte à la souveraineté alimentaire et à l’héritage culturel. En outre, les droits de propriété intellectuelle liés aux accords de libre-échange donnent souvent aux entreprises le contrôle des semences, ce qui nous empêche, nous les paysans, d’accéder à nos variétés traditionnelles, de les échanger et de les développer, ce qui exploite les femmes et érode encore davantage notre autonomie et notre résilience. Cela limite notre rôle essentiel de gardiennes des semences en tant que femmes.
En outre, ces accords promeuvent des modèles d’agriculture industrielle qui contribuent à la dégradation de l’environnement et à l’accaparement des terres, menaçant nos moyens de subsistance en tant que petits producteurs de denrées alimentaires. Enfin, la réduction des protections gouvernementales, telles que les réductions tarifaires et la privatisation des services agricoles, rend les petits exploitants vulnérables à la volatilité des prix, au changement climatique et à l’exode rural. Cela a conduit à une demande croissante de justice commerciale, appelant à des politiques qui donnent la priorité à la souveraineté alimentaire, à la durabilité environnementale et à l’accès équitable aux marchés et aux ressources. Nous avons besoin de politiques commerciales qui soient inclusives et qui protègent nos droits en tant qu’agriculteurs paysans.
Alors que les partisans de l’OMC et des accords de libre-échange affirment que ces accords créent des opportunités d’accroissement du commerce et de la croissance économique, les petits exploitants agricoles en subissent souvent les conséquences négatives. Ces politiques favorisent généralement les grandes entreprises agroalimentaires et les multinationales, ce qui entraîne l’exploitation de la main-d’œuvre, la perte de la souveraineté alimentaire, l’accroissement des inégalités, la dégradation de l’environnement et l’instabilité sociale. Par conséquent, les appels à la justice commerciale et à la protection des petits agriculteurs par le biais de politiques donnant la priorité aux économies locales, à la souveraineté alimentaire et à l’accès équitable aux ressources se font de plus en plus pressants.
Appel à l’action
Nous,
1. Appelons à des politiques de commerce équitable qui soient inclusives et protègent nos droits en tant que paysans
2. Appelons les pays africains à adopter leur agro biodiversité locale pour la souveraineté alimentaire.
3. Nous appelons différents partis prenants à rejoindre la campagne et à sensibiliser aux dangers de l’OMC et des accords de libre-échange.
4.Nous appelons les gouvernements africains à promouvoir et encourager le marché local ainsi que la protection de la femme rural paysanne.
En tant que mouvement mondial, nous sommes solidaires des crises climatiques et économiques sans précédent et appelons à des accords commerciaux qui respectent les droits de l’homme, la souveraineté alimentaire, l’égalité et la justice environnementale. Nous plaidons pour la démocratisation des politiques commerciales, en veillant à ce qu’elles soient élaborées de manière transparente et avec la participation de toutes les communautés concernées. Nous dénonçons les voies destructives tracée par l’OMC et ces accords commerciaux. Nous exigeons au contraire un système qui donne la priorité au développement durable, au commerce équitable et au respect de la nature.
GLOBALISONS LA LUTTE ! GLOBALISONS L’ESPOIR !