Le Parlement Européen adopte une réforme laitière qui sert les intérêts de l’industrie
Communiqué de presse – European Coordination Via Campesina
Il n’y a pas de mécanismes pour que les prix du lait rémunèrent les coûts de production et le travail, ni pour éviter la volatilité des prix.
(Bruxelles, le 17 février 2012) La réforme, adoptée par 574 voix pour, 97 contre et 18 abstentions, renonce à créer une législation qui empêche des prix du lait ruinant les exploitations laitières européennes ou qui garantit aux productrices et producteurs un cadre de stabilité pour le développement de l’activité laitière dans les différentes régions.
Il n’est pas vrai que la réglementation va renforcer le pouvoir de négociation des éleveurs, comme l’a assuré le rapporteur du Parlement, le britannique James Nicholson, puisqu’elle n’inclut aucune formule pour fixer des prix qui permettent d’intégrer les coûts de production et la rémunération du travail, ni non plus de mécanismes pouvant éviter l’imposition par l’industrie de conditions défavorables ou ruineuses pour les producteurs.
Des multinationales comme Lactalis ou des grands groupes coopératifs pourront imposer leurs intérêts, grâce à un modèle de contractualisation fait à sa mesure, et non en fonction de l’intérêt général des citoyens et des producteurs. Le Parlement Européen se fait ainsi le complice de la mise en danger d’un secteur fondamental pour l’alimentation en Europe.
L’unique moyen d’éviter des crises à l’avenir est de réguler publiquement la production et le marché ; c’est indispensable pour équilibrer la chaîne alimentaire et éviter la volatilité des prix. Cette réforme ne propose pas de solution aux problèmes à l’origine de la crise de 2009. Le Parlement Européen a choisi un chemin qui abandonne des milliers de producteurs de régions où la production laitière est stratégique pour le maintien de sont tissu économique et social.
La production va continuer de se concentrer Dans des exploitations de plus en plus grandes, de plus en plus industrialisées, au détriment d’une production familiale durable et du maintien de la production dans toutes les régions laitières d’Europe. De plus, avec cette réforme, le dumping de nos excédents laitiers vers les pays tiers va continuer, avec un impact important tant pour les producteurs européens que ceux des pays tiers.
Quatre ministres de l’agriculture ont eu le courage au dernier Conseil Agricole européen d’exprimer leurs réticences face à la suppression des quotas laitiers en 2015… C’est l’heure de la régulation, pas d’une contractualisation au service de l’industrie dans un marché dérégulé.
Une autre politique laitière est indispensable, une politique qui donne la priorité à la régulation de la production – condition nécessaire pour un prix du lait juste et stable – et à une production laitière durable basée sur la production de fourrages des différentes régions et liée à la terre.
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