Journée mondiale de l’alimentation : les investissements de l’agro-industrie détruisent la paysannerie
(Rome, le 15 octobre 2012) Lors de sa conférence de presse qui s’est tenue à Rome le 15 octobre à l’occasion de la 39ième session du Comité pour la sécurité alimentaire mondiale, les représentant(e)s du mouvement paysan international La Via Campesina ont mis en évidence les risques qu’encourent l’agriculture paysanne si les investissements agricoles ouvrent la porte à de nouveaux accaparements des terres, de l’eau et des ressources naturelles.
Pour La Via Campesina, la question des investissements agricoles est extrêmement importante. En effet, selon la manière dont elle est traitée, elle peut être un facteur d’appui à l’agriculture paysanne ou au contraire l’anéantir. Les accaparements des terres sont d’une rare violence sur le continent africain comme a pu en témoigner Ibrahima Coulibaly, membre du Comité de coordination international de La Via Campesina qui a ajouté que : “les investissements des multinationales en Afrique sont tout sauf des investissements bénéficiant aux plus vulnérables”.
Kalissa Regier, paysanne candienne membre de l’organisation paysanne “National Farmers Union” a insisté sur le fait qu’au lieu de “s’appuyer sur les investissements privés à grande échelle ou sur des partenariats entre les secteurs public et privé, les Etats doivent mobiliser des fonds publics pour venir en appui aux paysans et paysannes qui produisent la majorité de l’alimentation dans le monde et jouent un rôle central pour lutter contre la faim”. Depuis sa dernière session en Octobre 2011, le Comité pour la sécurité alimentaire mondial travaille sur des principes qui permettraient de guider les états dans l’élaboration de politiques d’investissements en faveur du secteur agricole. La Via Campesina participe activement à ce groupe de travail afin que ces principles ne deviennent pas un tapis rouge pour les multinationales de l’agro-industrie.
Le mouvement paysan international est d’autant plus en alerte sur cette question que les exemples de violations des droits des paysans et des paysannes dans le cadre d’investissements du secteur privé dans le secteur agricole se multiplient. Comme en a témoigné Rodolgo Gonzalez Greco, membre du Mouvement national paysan et indigène d’Argentine (MNCI), le quotidien des paysans et paysannes argentins est fait de : “menaces, de maisons brulées, de leaders paysans tués, l’empoisonnement de l’eau du bétail, l’abattage des troupeaux, la fermeture par des barbelés des chemins empêchant les enfants de se rendre à l’école ou les femmes de s’approvisionner en eau”. Toutes ces exactions sont pratiquées par des personnes armées à la solde de grandes entreprises de l’agrobusiness qui contrôlent la filière du soja en Argentine. Des situations semblables se répètent partout dans le monde.
A la veille d’une nouvelle journée mondiale de l’alimentation, La Via Campesina relance son combat pour la souveraineté alimentaire, dénonce les violations quotidiennes des droits des paysans et des paysannes et rappelle que seuls les paysans et les paysannes peuvent nourrir le monde.
Pour plus d’information sur les accaparements de terres, vous pouvez visionner le documentaire projeté lors de cette conférence de presse en cliquant ici : Lutte contre les accaparements de terres au Mali
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