La IVe Assemblée internationale des Femmes de La Via Campesina pose les premières pierres d’un féminisme paysan et populaire
Nouvelles de la Via Campesina
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(Jakarta, 6 juin 2013) Les participantes ont commencé leur IVe Assemblée des Femmes de La Via Campesina en proclamant “ Que vivent les femmes paysannes! Nous sommes les mères de la souveraineté alimentaire!” Après avoir rendu hommage à la mémoire de María do Fetal, décédée l’année dernière victime de violence domestique. L’assemblée a réaffirmé l’importance d’en finir avec la violence faite aux femmes rurales et citadines.
Environ 300 paysannes de tous les coins du monde se sont réunies dans un premier temps pour débattre et analyser le contexte de la crise et du capitalisme et ses conséquences sur les femmes.
Après les conférences de l’Inde en 2000, du Brésil en 2004 et du Mozambique en 2008, la rencontre en Indonésie se penche sur les aspects du patriarcat, du féminisme et de la construction d’un féminisme paysan et populaire qui reconnaisse la diversité des femmes membres de La Via Campesina. Aujourd’hui, débutent deux journées où se déroulera un débat profond sur nos luttes, nos défis et nos aspirations, avec le slogan “Semeuses de luttes et d’espoir, pour le féminisme et la souveraineté alimentaire!”.
Elisabeth Mpofu, représentante de l’Organisation des paysans du Zimbabwe, a dénoncé “les effets du capitalisme ayant influencé les Traités de Libre Échange et encouragé la dérégulation qui porte préjudice au développement alternatif”. Elle a également insisté sur le fait que la “crise du capitalisme touche les plus pauvres et, en particulier, les femmes rurales, en leur ôtant l’accès aux marchés ou aux produits de qualité”. “Les politiques financières imposées par l’occident ont affecté négativement la souveraineté alimentaire des communautés locales, en augmentant l’écart différentiel entre riches et pauvres”.
Dans les différents panels, référence a été souvent faite à la défense des biens de la nature, en reconnaissant que l’accélération du changement climatique accentue les souffrances des peuples. En outre, la valeur des paysans a été soulignée au motif de leur rôle stratégique en tant que moteur des valeurs communautaires et de la souveraineté alimentaire.
Pendant la journée, des groupes de travail ont été organisés afin de discuter sur la façon dont le patriarcat et le capitalisme affectent la vie des femmes. Des femmes d’Asie, d’Afrique, d’Amérique, d’Europe et de Palestine sont venues témoigner et ont fait part de leurs expériences.
L’Assemblée se poursuivra demain avec deux tables rondes, l’une sur le processus politique et l’autre sur l’organisation pour les femmes de La Via Campesina en relation avec la campagne : Stop à la violence faite aux femmes. D’autre part, un plan d’action sera élaboré par continent, avec un agenda de luttes et actions communes, ainsi que pour la formation, la communication et les échanges.
Une mística est organisée pendant ces deux jours afin de représenter et projeter la confiance des femmes pour atteindre leurs objectifs communs, au-delà des différences culturelles et d’affirmer l’importance d’articuler les luttes des paysannes et des paysans du monde dans ce moment historique.
Ce matin, la journée a débuté par des danses et des chants populaires indonésiens, et elle se terminera par la projection d’un documentaire sur les femmes paysannes, réalisé par la Via Campesina où le rôle politique et l’importance des femmes sont reconnus tout au long de ces 20 années de lutte et de mobilisation du mouvement.
Y figurent également des témoignages et le point de vue de la Marche mondiale des Femmes, y compris la dénonciation de la violence exercée par le capitalisme, le colonialisme et le patriarcat et en renforçant la campagne Stop a la violence.
Demain, la séance de clôture de la IVe Assemblée internationale des Femmes sera menée par les paysannes d’Asie et d’Afrique. Mais,au préalable, sera présentée la déclaration finale où les femmes exposeront leurs alternatives pour s’opposer au néolibéralisme et, surtout, leurs stratégies pour lutter contre le patriarcat.
Dans les prochains jours, un total de 500 personnes, paysans et paysannes, petits et moyens agriculteurs, paysans sans terres, peuples autochtones, migrants et travailleurs agricoles du monde entier vont participer à la VIe Conférence de La Via Campesina, où il est prévu de renforcer le mouvement et les alliances, ainsi que d’approfondir les débats sur le droit à la souveraineté alimentaire, à la terre et sur la lutte contre le modèle néolibéral et le capital.
La Campagne Stop à la violence faite aux femmes
Demain, la IVe Assemblée internationale des femmes relancera la campagne “Stop a la violence faite aux femmes”, lancée il y a 4 ans par la Via Campesina . Il s’agit d’une des campagnes les plus osées et importantes que le mouvement paysan international s’est proposée et qui est le fruit d’un processus de discutions et de débat s’étant matérialisé lors de la Ve Conférence de la Via Campesina de Maputo en 2008.
L’objectif en est de dénoncer la violence à laquelle les femmes doivent faire face et qui est due à la discrimination de classe, de genre, ethnique, sexuelle et qui s’accentue surtout dans le monde rural. Cette campagne réaffirme l’engagement pour la construction des nouvelles relations entre hommes et femmes au sein de la Via Campesina.
Equipe de communication de la Via Campesina