Il est plus que jamais fondamental de construire de la solidarité entre les peuples
Déclaration politique de la Rencontre internationale de la jeunesse en lutte – femmes de Kobane.
(Marica, Rio de Janeiro – Brésil- du 21 au 25 Juin) Nous sommes originaires de 43 nations, de 4 continents. Nous avons des cultures et des expériences de vie différentes, nous parlons des langues différentes. Malgré cette diversité, il y a quelque chose qui nous unit au-delà du fait d’appartenir à la même génération : la violence systémique à laquelle nous sommes soumis. Cette situation renforce notre identité qui s’exprime internationalement dans la lutte, comme une forme de résistance de la jeunesse face à l’impérialisme.
Réunis dans la ville de Marica, Rio de Janeiro – Brésil- du 21 au 25 Juin, nous, jeunes résistants de plus de 115 organisations, avons organisé la Rencontre Internationale de la jeunesse en Lutte – femmes de kobane. Pendant cette période, nous avons réaffirmé notre engagement à construire une Organisation Internationale de la Jeunesse en Lutte de caractère anti-impérialiste, anticolonialiste, anticapitaliste, anti-néolibéral et anti-patriarcal.
Nous vivons une période de crises multiples, qui remet en question le système capitaliste tel que nous le connaissons. Le témoin principal est la détérioration de la crise économique mondiale, qui a démarrée en 2008 au centre du système, et qui maintenant s’étend partout, provoquant l’augmentation brutale du chômage, de la misère et des flux d’immigration massive. Malgré les guerres que l’impérialisme présente comme une façon d’accélérer l’activité économique et d’amplifier la domination et l’exploitation des territoires et des ressources, il n’y a aucune perspective de sortie de cette crise. Et avec cela, la violence du capital favorise la crise sociale en provocant de la répression policière, un génocide de la population la plus pauvre et plus particulièrement de la jeunesse.
Cette crise économique affecte aussi notre écosystème, mettant en danger la survie de la planète. L’exploitation effrénée et incessante par les multinationales qui recherchent l’augmentation de leurs profits accentue la crise environnementale.
De plus, nous vivons une crise de nature politique, dans laquelle les institutions de l’Etat perdent leur légitimité face à la société, en répondant chaque fois de moins en moins aux demandes de la population. Cette crise met également en avant l’incapacité de l’Etat à réguler l’économie. Donc, ce que nous pouvons observer est une participation minime ou inexistante de la population dans la prise de décision concernant l’orientation de la société et la présence dominante du capital dans les sphères du pouvoir. La combinaison de ces facteurs affecte les valeurs humaines auxquelles sont préférées les valeurs antisociales comme le profit, l’individualisme, le consumérisme et l’égoïsme.
Ainsi, comme la bourgeoisie rencontre des difficultés à trouver des solutions pour sortir de cette situation critique, les forces populaires ne peuvent pas présenter un projet alternatif pour la société. Toutefois cette situation de défi met en avant la possibilité de changement étant donné le degré d’instabilité du système. Il nous appartient, à nous la jeunesse en lutte, de construire un projet pour affronter l’impérialisme et surmonter la violence du capital. En ces temps de changements ce qui décidera de l’avenir de la société est notre capacité à faire des luttes de masse et à développer des processus organisationnels des peuples.
Face à l’offensive de l’impérialisme il est plus que jamais fondamental de construire de la solidarité entre les peuples. En ce sens, la consolidation du mouvement international de la jeunesse en lutte devient un impératif. Si notre ennemi opère globalement, nous ne pouvons pas résister localement, il est nécessaire de construire un processus de lutte qui affronte le système partout dans le monde.
Après avoir partagé notre analyse de la réalité, nos expériences de lutte et de résistance, nous nous sommes arrêtés sur les définitions communes suivantes :
Axes de lutte :
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Contre la dégradation de l’environnement et la privatisation de la nature, pour la défense des territoires et des biens communs.
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Contre les guerres impérialistes et l’exploitation des entreprises multinationales, pour la défense de la souveraineté des peuples.
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Contre l’extermination de la jeunesse et la militarisation des territoires, pour la défense de la vie.
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Contre l’oppression des hommes et des femmes noirs, des femmes, des LGBT, des indigènes, pour la défense de l’égalité et de l’équité.
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Contre les politiques néoliberales , pour la défense des droits sociaux (éducation, culture, santé, transport, logement, etc…) et pour un projet politique construit par le peuple.
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Contre la précarisation et la surexploitation des forces de travail de la jeunesse, pour la défense d’un travail décent et pour la construction d’alternatives économiques.
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Contre le monopole des communications et de la diffusion culturelle, pour la défense de la démocratisation des communications et de la valorisation des cultures locales.
Défis politiques :
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Nous devons reprendre la méthode de travail de terrain pour politiser, mobiliser et organiser le peuple et la jeunesse. Nous devons organiser les jeunes de la classe ouvrière qui est le domaine le plus impacté par l’offensive impérialiste et en même temps le plus dynamique de la lutte des classes.
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En temps de crise, il est urgent de construire des outils pour dénoncer le projet de l’ennemi, et en même temps annoncer le nôtre au moyen de l’agitation et la propagande. En construisant des nouvelles formes de communication avec les peuples grâce à notre force créative. Il ne suffit pas de critiquer le projet de l’ennemi, il faut annoncer un nouveau projet de société.
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Avancer dans l’éducation politique et idéologique de la jeunesse, en comprenant que ce n’est qu’à travers cela que l’on assurera une meilleure fermeté dans un horizon stratégique.
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Il est nécessaire de favoriser l’expansion des luttes de masses. Ce sont les mobilisations massives qui peuvent faire basculer la balance des pouvoirs. Notre force se trouve dans la quantité de personnes que nous organisons et que nous poussons dans les rues. Si l’ennemi se renforce à travers la concentration de capital, l’oligopole des médias et l’appareil militaire, nous nous renforçons avec le peuple dans les rues.
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Construire l’unité entre les forces populaires, aussi bien dans nos pays qu’au niveau international. Nous devons nous engager dans les constructions unitaires. Nous ne pouvons pas alimenter nos petites différences au détriment de l’unité. Il est nécessaire d’organiser des espaces d’unité qui renforcent notre combat contre l’ennemi commun.
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Exploiter la force créative de la jeunesse pour construire des outils innovants afin d’organiser ce segment social, grâce à des moyens de communication populaires et des méthodes d’organisation et de luttes qui parlent à la jeunesse.
Défis organisationnels :
Nous formons ensemble un collectif de coordination provisoire pour ce processus d’organisation qui tient compte de la diversité de nos organisations avec une représentation régionale/continentale.
Construction d’une dynamique d’organisation qui implique 3 tâches :
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Construire des Rencontre Nationales à partir de fin 2016 en cherchant à amplifier le nombre d’organisations participantes qui s’identifient dans cette déclaration politique.
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Construire des réunions régionales pour organiser une Rencontre Régionale d’ici fin 2017.
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Identifier un pays et ses organisations qui s’engagent à recevoir la prochaine Rencontre Internationale de la Jeunesse en Lutte et qui a la possibilité de le réaliser.
Lutte :
Le 8 octobre, jour anniversaire de la mort du Che Guevara –résistant international qui inspire notre génération- deviendra « La journée internationale de la jeunesse en lutte contre la violence du capital »
Vive la jeunesse en lutte !!
Marica- RJ – 24 Juin 2016