Honduras: Profondes inquiétudes face à la vague de criminalisation de la lutte paysanne
Déclaration de la Cloc – Via Campesina Amérique centrale
(Tegucigalpa, 03 mai 2016) La Coordination politique de CLOC – Vía Campesina Amérique centrale, composée de représentants du Panama, Costa Rica, Nicaragua, Salvador, Guatemala et Honduras, s’est réunie à Tegucigalpa, Honduras. Après avoir réalisé une analyse exhaustive de la situation sociale et en particulier du mouvement paysan et autochtone, nous déclarons : 1.- Nous sommes Centraméricains, unis par le même idéal pour lequel a lutté Francisco Morazán Quezada et d’autres héros centraméricains, à savoir la pleine intégration de la région.
2.- Nous exprimons notre profonde inquiétude face à la violation répétée des droits humains de milliers de paysans, autochtones et afro-honduriens. Dans leur lutte, plus de 5000 paysan(ne)s se sont vus criminalisés et poursuivis devant les tribunaux de la République pour des questions touchant aux conflits agraires. Parmi eux, on compte plus de 1700 femmes. 200 paysannes et paysans ont été assassinés et nombre d’entre eux sont soumis à une persécution systématique.
3.- Nous avons été choqués par l’odieux assassinat de Berta Cáceres, notre sœur, camarade, combattante autochtone luttant pour la défense de la terre et du territoire, des fleuves, des forêts et autres biens naturels et des droits ancestraux, mais aussi par l’assassinat du dirigeant du COPIHN Nelson García, quelques jours plus tard, et d’autres encore.
4.- Nous sommes préoccupés face à l’immobilisme de l’enquête et plus encore des condamnations envers les responsables de l’assassinat de la camarade Margarita Murillo, en août 2014, membre fondatrice de la Centrale nationale des travailleurs agricoles (CNTC).
5.- Nous dénonçons les expulsions violentes et constantes de groupes paysans, détruisant les cultures et leurs logements, leur niant le droit à la souveraineté alimentaire et le droit à la vie.
6.- Les conflits agraires autochtones et paysans sont le résultat de la mise en œuvre du modèle néolibéral, de concentration, extractiviste, qui accapare les biens naturels par la violence institutionnalisée.
La Via Campesina Amérique centrale regroupant des milliers de paysans, paysannes, femmes, jeunes, autochtones, afro-mésoaméricains, se solidarise pleinement avec les associations paysannes et autochtones et c’est pourquoi nous nous sommes rassemblés dans ce pays frère.
Nous exhortons le gouvernement de la République du Honduras à mettre un terme aux effusions de sang dans les zones rurales et nous exigeons que les responsables, acteurs matériels et intellectuels de ces crimes soient punis, conformément à la loi, et que la concession minière DESA, projet synonyme de mort pour les communautés autochtones, soit immédiatement annulée.
Nous invitons le Congrès national à adopter le projet de loi de Réforme agraire intégrale basé sur l’équité de genre pour la Souveraineté Alimentaire et le Développement Rural, la proposition de loi de dépénalisation de la lutte paysanne et autochtone, loi de consultation préalable, libre et éclairée pour protéger les territoires et les ressources des peuples autochtones et qu’il déclare le fleuve Gualcarque patrimoine national des peuples et de l’humanité.
Pour l’intégration des peuples d’Amérique centrale, pour la souveraineté alimentaire, pour le respect de la vie, en finir avec la criminalisation des paysan(ne)s, autochtones et afro-honduriens.