Haiti : « Avec la formation, il se développe une sorte d’esprit de famille »
Interview avec Rosenel Israël, formateur au Mouvement Paysan Papaye. Paru sur le site de Frères des Hommes.
Le 26 mars 2016, 25 paysans originaires des communes de Hinche et Mirebalais en Haïti ont été “diplômés en agroécologie”. Pendant 10 mois, ces jeunes ont été accompagnés par les formateurs du Mouvement paysan Papaye, partenaire de Frères des Hommes en Haïti.
Profil de Rosenel : Agronome et formateur, 49 ans, marié et 4 enfants – 2 filles et 2 garçons. Né dans la ville de Hinche, département du Centre où il habite toujours. Fils de paysans.
Rosenel, que fais-tu au sein du MPP ?
Je suis agronome et fais partie de l’équipe technique du MPP. Je forme les futurs agroécologistes à la technique, par exemple celle de conservation des eaux du sol ou celle à la fertilisation du sol. Il y a une partie théorique et l’autre pratique. Mais pour moi, le meilleur moment, c’est lorsqu’on va sur le terrain : c’est là que nous allons mettre en place les structures qui empêchent l’érosion, comme les murs secs ou le seuil en pierres sèches.
Est-ce que tu peux me décrire une journée de formation ?
On commence avec un chant d’animation puis on désigne une personne ou un groupe qui sera chargé de faire un résumé de la journée pour le présenter le lendemain matin. On poursuit avec le thème du jour. J’explique les grandes lignes aux paysans et on forme plusieurs groupes qui vont s’approprier ce thème. Tout le monde va ensuite débattre, chacun complétant les réponses des autres. Une journée de formation commence à 09h et finit à 17h.
Comment se sont passés les 10 mois de formation pour les 25 agroécologistes ? Comment vois-tu la dynamique de ce groupe et la relation des participants entre eux ?
Les gens ne sont pas de la commune de Papaye (où se situe le centre de formation [ndlr]), ils viennent de différentes sections communales mais ils s’arrangent très bien entre eux, ils sont solidaires et partagent leurs connaissances et leurs savoirs. Pour moi, avec la formation, il se développe une sorte d’esprit de famille.
Et tu vois aussi des changements dans leur savoir-être, dans leur comportement ?
Il y a effectivement du changement dans leur comportement, ils parlent beaucoup des projets qu’ils vont réaliser, des travaux qu’ils vont effectuer en commun. Chaque agroécologiste s’est engagé à produire environ 1 200 plantules d’arbres alors qu’avant ils ne s’impliquaient pas dans la production, ni collectivement, ni même individuellement. Ils s’adressent maintenant au MPP pour avoir des semences vivrières et forestières pour pouvoir produire ces plantules et participer notamment à l’amélioration de l’environnement.
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