Forum Mondial de l’Agriculture Familiale : LVC déclare, “Plus de politiques nuisibles à l’agriculture familiale ! Nous avons besoin d’un nouveau cadre commercial international !”
Des délégué·es de La Vía Campesina ont participé au Forum Mondial de l’Agriculture Familiale, qui s’est tenu à Rome du 14 au 18 octobre, à mi-parcours du Décennie des Nations Unies de l’Agriculture Familiale (2019-2028).
José Oviedo de la CLOC – La Via Campesina d’Amérique Centrale a pris la parole lors de la session de clôture sur les “Stratégies de suivi – Poursuite de la mise en œuvre du Décennie.” Voici son intervention complète :
Au cours de la semaine, nous avons constaté que, bien que nous ayons fait quelques progrès au cours des cinq premières années du Décennie, il reste encore beaucoup de travail à faire. Nous faisons face à de nombreux défis dans la mise en œuvre des outils dont nous disposons, et nous avons besoin que les gouvernements nous écoutent et s’engagent envers l’agriculture familiale à petite échelle. L’agriculture familiale, qu’elle soit paysanne ou autochtone, est la seule manière durable de nourrir le monde, de lutter contre le changement climatique, d’enrichir la biodiversité et d’assurer un avenir pour les jeunes dans le respect de la nature.
Cher·es ambassadeur·rices et camarades, il nous reste cinq ans pour obtenir un changement réel dans les communautés paysannes qui serve le bien commun de la population mondiale et qui priorise la vie sur les intérêts du capital et de la domination.
En tant que La Via Campesina, nous avons cinq propositions pour le suivi du Décennie au cours des cinq prochaines années :
- Prioriser le Droit à la Terre et aux Communs : Nous appelons à ce que les politiques publiques nationales et le travail de la FAO se centrent sur le droit à la terre et aux Communs, comme établi dans l’Article 27 de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Paysans et des Autres Personnes Travaillant dans les Zones Rurales (UNDROP). Nous invitons les gouvernements—en particulier ceux qui sont membres du Comité de Pilotage International du Décennie—à se joindre à nous pour organiser une nouvelle Conférence Internationale sur la Réforme Agraire et le Développement Rural, CIRADR +20, et à lancer un nouveau processus mondial pour la réforme agraire avec des politiques de redistribution des droits d’utilisation de la terre, de l’eau et des territoires conformément aux Directives Volontaires sur la Terre et la Pêche. Cela est particulièrement crucial pour les femmes rurales, car lorsque les femmes rurales ont accès à la terre et produisent des aliments, elles nourrissent toute leur famille et assurent la sécurité alimentaire.
- Aborder les Marchés et la Monétisation des Produits : Il est essentiel de noter que certaines politiques publiques ont contribué au changement climatique. Par conséquent, nous exigeons : plus de politiques nuisibles à l’agriculture familiale ! Nous avons besoin d’un nouveau cadre commercial international qui garantisse des prix justes pour les petits producteurs ainsi que pour les consommateur·trices, libérant les aliments de la spéculation, de la concurrence et du pouvoir monopolistique des multinationales. Comme cela a été mentionné lors d’une récente table ronde, nous avons besoin d’un Observatoire Global et National pour surveiller les coûts de production. Aujourd’hui, en tant qu’agriculteur·trices familiaux·ales, notre plus grand ennemi est le fait que les prix ne couvrent pas les coûts de production. Nous avons besoin d’un Observatoire qui produise des données objectives sur les coûts de production dans chaque pays.
- Préoccupations concernant les Nouvelles Technologies : Nous sommes inquiet·es que les débats se concentrent de plus en plus sur la promotion de nouvelles technologies, en particulier les technologies numériques. C’est une illusion dangereuse de penser que le déploiement vertical de technologies contrôlées par des oligopoles d’entreprise peut répondre aux multiples crises auxquelles l’humanité fait face. Les technologies numériques ont non seulement un impact environnemental énorme et souvent sous-estimé, mais elles perpétuent également les schémas existants d’injustice, d’exploitation et de colonialisme. Cela marginalise non seulement les producteur·trices alimentaires à petite échelle, mais érode également la souveraineté alimentaire des pays, alors que le contrôle sur les données et le pouvoir décisionnel se centralisent de plus en plus entre les mains de quelques entités corporatives et d’États puissants.
- Soutien à l’Agroécologie : Nous tenons à souligner l’important travail de la FAO et des États sur l’agroécologie, y compris les conférences régionales et internationales, et la nécessité de mettre l’accent sur la promotion des innovations agroécologiques provenant des paysan·nes, des Peuples Autochtones et des petit·es producteur·trices alimentaires. Nous devons continuer notre travail tout au long du Décennie pour promouvoir l’agroécologie en mettant en œuvre les recommandations et les outils approuvés par la FAO. Nous avons besoin de politiques qui encouragent la création d’écoles d’agroécologie dans tous les pays, afin de diffuser largement les connaissances et les savoir-faire des Peuples Autochtones, des paysan·nes et des pêcheur·euses artisanaux·ales sur la manière de prendre soin de la Terre tout en produisant des aliments sains et abondants.
- Appel à un Travail Collaboratif : Enfin, nous faisons appel à un travail conjoint entre les bureaux nationaux et régionaux de la FAO et les organisations paysannes pour inciter les gouvernements à promouvoir des politiques publiques en faveur de l’agriculture familiale. Nous demandons à la FAO de nous aider à garantir ces cinq points selon son mandat. Au-delà du travail réalisé dans les Comités nationaux d’Agriculture Familiale, nous invitons les gouvernements à s’engager avec les organisations mondiales et les États à organiser des séminaires et des événements sur des thèmes stratégiques tels que l’agroécologie, le droit à la terre, et les marchés et prix.
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