Déclaration finale de la formation des en agroécologie de la Via Campesina Afrique – Région 2
Nous sommes plus de trente (30) petits paysans et paysannes, travailleur-euse-s de la terre et de la mer, venant de sept 7 organisations paysannes de la zone Afrique 2 de la VIA CAMPESINA, représentant des millions de familles paysannes, et du Mozambique, du Sri Lanka et du Mexique. Accueillis par l’ECASARD à Techiman au Ghana du 5 au 11 septembre 2011 pour une formation politique en agro écologie, nous nous sommes réunis pour réaffirmer :
- Notre détermination à défendre l’agriculture paysanne familiale basée sur l’agro-écologie et la souveraineté alimentaire
- Notre droit à continuer à exister avec notre identité propre, nos connaissances et nos pratiques séculaires en tant que paysan et paysanne en harmonie avec notre environnement tant naturel que sociétal
- Notre conviction que les principes de l’agro écologie adaptées localement, sont applicables partout en respectant les écosystèmes et sont une clef pour refroidir la planète et offrir un futur aux prochaines générations
- Notre opposition aux « fausses solutions » : les agro carburants, les OGM et toutes plantes mutées, les crédits carbones, le REDD+ car l’agro-écologie est la seule alternative saine et pérenne
- Notre persévérance à lutter contre la main mise des multinationales sur le vivant, leur volonté spéculative de ne développer que des cultures de rentes dans nos pays tuant l’agriculture paysanne et vivrière, et ce, avec le plus souvent la complicité de nos États et de nos élites, des bailleurs de fonds, de certaines ONG’ s.
- Notre force à stopper tout accaparement de terre et à engager des réformes agraires favorables à la paysannerie.
- Notre capacité déjà à l’œuvre avec des millions de paysans et paysannes à travers les organisations de la VIA CAMPESINA de faire de l’agro écologie des pratiques au service de l’humanité
- Notre volonté de renforcer et développer le réseau agro écologique et la souveraineté alimentaire
Nous, représentant-e-s du continent africain, nous nous engageons à agir à tous les niveaux pour promouvoir l’agro écologie, pratique fondamentale pour notre agriculture paysanne familiale celle qui a nourrit, nourrit et nourrira encore le monde demain.
C’est pour cela que, nous membres de la VIA CAMPESINA, nous nous mobilisons champs après champs, voisin-e-s après voisine-e-s, élu-e-s après élu-e-s, gouvernements après gouvernements, instances après instances, partout pour un autre monde aujourd’hui et demain.
Nous nous engageons :
- à ne plus acheter de produits chimiques, semences commerciales… à toutes aliénations qui nous font perdre notre autonomie, nos savoirs et notre dignité
- à produire sain tant pour la nature que pour notre santé pour nourrir pas pour les marchés
- à lutter collectivement pour faire valoir nos droits pour un monde équitable et juste
Nous exhortons nos gouvernements et les instances de décisions de la sous-région à mettre en place des politiques agricoles publiques :
- à mettre l’agriculture paysanne familiale et l’agro écologie au cœur de leurs préoccupations et de leur programme
- à mettre en place des conditions justes et équitables pour tous les paysans et paysannes du monde l’accès à la terre, à l’eau, aux ressources naturelles et qu’ils soient sécurisés dans le temps,
- à créer un cadre favorable pour préserver, multiplier et diffuser les variétés locales de semences
- de soutenir et promouvoir les productions issues de l’agro écologie en les relocalisant au niveau de la production, transformation et commercialisation
- de soutenir la sensibilisation, l’information et la formation sur l’agro écologie par et pour les paysans et paysannes et en particulier pour offrir un avenir aux jeunes
- de mettre en œuvre les réformes internationales comme l’IRCCARD, le droit à l’alimentation, le respect des droits humains et des droits paysans (TIPAAR)
- de soutenir les directives de la FAO sur les ressources naturelles et la tenure des terres telles que défendues par la société civile et s’oppose aux investissements responsables proposés par les investisseurs eux-mêmes et soutenus par la Banque mondiale
- de ne pas se laisser berner et corrompre par les fausses solutions proposés par différentes instances comme la banque mondiale
- de protéger fortement l’agriculture au niveau des frontières et sortir l’agriculture de l’OMC
- de conforter et renforcer les alliances
Pour sortir des crises perpétrées par le système capitaliste et néolibéral :
- Qui chaque jour affame un plus les populations et en premier lieu les communautés paysannes
- Qui chaque jour pollue les sols, la terre, l’air, l’eau et nous rend malades
- Qui chaque jour s’accapare de nos terres, des ressources naturelles de nos savoirs et cultures
- Qui chaque jour enrichit un peu plus une poignée de nantis
- Qui chaque jour entrave nos droits et nos libertés fondamentales
- Qui chaque jour menace nos cohésions sociales, nos souverainetés
Nous membres de la VIA CAMPESINA unissons nos forces, nos capacités et nos savoirs pour transformer cette société en pratiquant l’agro écologie dans le cadre de la souveraineté alimentaire, en nous mobilisant derrière chaque paysan et paysanne à qui les droits sont bafoués, derrière chaque organisation paysanne déstabilisée en permanence, en interpellant les décideurs pour d’autres politiques publiques orientées sur les communautés paysannes, l’agro écologie, la relocalisation des productions, la redistribution des terres, de l’eau , des ressources naturelles…
Nous, plus de 200 millions de paysannes et paysans de la VIA CAMPESINA sommes une force de transformation en mouvement sur toute la planète, riche de nos savoirs et de nos cultures, et nous serons debout chaque fois qu’il le faudra.
Notre vigilance est sans cesse en alerte et partout où nous pouvons agir, faire pression, nous le faisons. Nous mettons aussi sans cesse en œuvre nos idées afin de renforcer et développer notre réseau et contribuer toujours à un meilleur avenir pour toutes et tous.
Dans la perspective des rencontres de DURBAN sur le changement climatique en décembre 2011, nous dénonçons les manœuvres de la Banque mondiale à vouloir duper les leaders africains sur les « fausses solutions » sur les crédits carbones.
Nous, ECASARD-Ghana, CNOP-Mali, CTOP-Togo, CNCR-Sénégal, PFP-Niger, CNOP-Congo Brazzaville, – ROPPA – Guinée Bissau, UNAC-Mozambique,…organisations paysannes de la VIA CAMPESINA appelons tous les leaders africains de ne pas signer « les fausses mesures » de la 17ème Conférence des Parties (COP 17) de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (UNFCCC) qui se tiendra à Durban en Afrique du Sud, du 28 novembre au 9 décembre 2011.
Ce processus initié par la banque mondiale, les gouvernements et élites corrompues, les multinationales, qui proposent des stratégies spéculatives de développement pour lutter contre le changement climatique contre les intérêts de la planète et des populations et plus particulièrement des communautés paysannes et autochtones.
Au contraire, nous appelons les leaders africains à promouvoir et développer l’agro écologie, défendue et pratiquée par la VIA CAMPESINA, au centre de leurs préoccupations pour nourrir et refroidir la planète dans l’intérêt de toutes et tous. Les pratiques écologiques, l’agroforesterie favorisent et amplifient la lutte contre le réchauffement climatique, car l’agro écologie est environnementalement et économiquement durable, et socialement et culturellement acceptable et juste.
La VIA CAMPESINA sera présente et donnera de la voix à DURBAN.
Le monde n’est pas une marchandise.
L’agro écologie n’est pas à vendre.
« Stop à l’accaparement des terres »
Les paysans et paysannes nourrissent le monde avec l’agro écologie qui refroidit la planète.
Globalisons la lutte, Globalisons l’espoir.
Fait à Techiman le 10 septembre 2011