2023 | Bulletin d’info de février – L’actu des membres de La Via Campesina dans le monde entier
En février, La Via Campesina a exprimé sa profonde tristesse et sa colère suite au tragique tremblement de terre qui a frappé la Syrie et la Turquie. Le mouvement paysan a publié une déclaration de solidarité sur son site web, soulignant que la majorité des pertes humaines et des dommages résultent d’une urbanisation non planifiée et non surveillée, qui a empiété sur des terres autrefois agricoles.
La Via Campesina a convoqué une réunion des secrétariats régionaux en Turquie ce mois-ci dans le cadre des préparations pour la 8ème Conférence internationale, prévue au Nicaragua plus tard dans l’année. Lors de la réunion régionale, le mouvement paysan mondial a réaffirmé sa solidarité avec le peuple de la Turquie, en particulier avec les familles paysannes, qui pleurent la perte de nombreuses vies et de moyens de subsistance après un tremblement de terre dévastateur.
Dans son appel à l’action pour la Journée internationale des luttes pour les droits des femmes (le 8 mars), publié en février, LVC appelle également à la solidarité avec les organisations de femmes en Turquie qui ont créé un groupe de solidarité féministe pour les secours en cas de catastrophe.
L’appel à l’action, émis aux 181 membres de La Via Campesina et à nos alliés du mouvement paysan mondial, condamne les dimensions patriarcales et racistes du capitalisme qui oppriment la société, en particulier les femmes, les enfants et les individus qui ne se conforment pas aux identités de genre binaires.
Par ailleurs, la Fédération des coopératives du Sud, une coalition d’agriculteur·trices noir·es, de propriétaires terriens, de coopératives et d’autres personnes rurales à faible revenu des États-Unis, collaboreront avec le centre de recherche politique de l’université d’Alcorn State pour mener des recherches visant à déterminer la diminution du nombre d’agriculteur·trices Noir·es aux États-Unis, la perte de terres des Noir·es et les problèmes d’accès au crédit.
Pendant ce temps, au Royaume-Uni, le projet Jumping Fences, un projet de recherche collaboratif entre Land in Our Names, Ecological Land Cooperative et Landworkers’ Alliance, présente les expériences des personnes noires et des peuples autochtones (PANDC) dans les secteurs agricoles et fonciers britanniques. Le rapport fait état d’une racialisation systémique ou structurelle, d’un racisme manifeste et agressif, par exemple dans les fermes d’échange de travail ou à l’université agricole.
Au Canada, les militant·es de l’Union Paysanne de la Gaspésie à l’Outaouais ont écrit une lettre d’opinion dans Le Devoir qui aborde la question des animaux dans nos modèles alimentaires. La lettre réaffirme que le rôle des animaux est complémentaire à celui des végétaux car ils permettent, entre autres, d’améliorer la qualité des aliments. Les militant·es du syndicat paysan insistent sur le fait qu’il est essentiel de trouver des modèles agricoles où le nombre d’animaux par troupeau est fortement réduit, ce qui permet de limiter leur impact environnemental et de les intégrer dans une production diversifiée, menant à une alimentation tout aussi diversifiée.
Ce point de vue est également repris dans un rapport publié en février par la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC), qui énumère des recommandations pour s’éloigner de manière viable des modèles d’élevage industrialisés et faire en sorte qu’en Europe, le nombre d’animaux élevés ne dépasse pas ce que chaque territoire est capable de supporter.
En Tanzanie, MVIWATA, le réseau national des groupes d’agriculteur.trices, a fourni une nouvelle information qui insiste sur l’importance de l’élevage et de la culture de bovins à petite échelle. Dans un hameau situé dans la région de Shinyanga, MVIWATA a établi un réseau laitier composé de près de 100 ménages qui possèdent collectivement 15 veaux. Cette initiative vise à augmenter les revenus des ménages et à améliorer la nutrition. Le système offre aux propriétaires de bétail la possibilité de distribuer deux veaux nouveau-nés à un groupe d’agriculteur·trices auquel ils appartiennent, afin que les autres membres puissent également posséder du bétail en prenant soin des veaux qu’iels ont acquis et en les élevant.
Dans la région de l’Afrique de l’Ouest, plusieurs organisations, dont la Coordination Togolaise des Organisations Paysannes (CTOP), le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux – CNCR du Sénégal, et la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP) du Mali, se sont réunies au Togo pour passer en revue le travail accompli en 2022. Le CNCR a également fait rapport sur des activités de plaidoyer menées en février à Dakar pour promouvoir la transition agroécologique dans le pays.
En Corée du Sud, l’Association coréenne des femmes paysannes (KWPA) a organisé un festival des semences et des récoltes pour réaffirmer le lien entre la transition agroécologique et la centralité des systèmes de semences paysannes pour permettre une telle transition. Des paysan·nes de tout le pays ont apporté une grande variété de semences autochtones, notamment de l’huile de sésame, des poivrons, du kimchi altari, du gamalang et du kuyi de sorgho à la foire organisée par la KWPA.
Cependant, les accords de libre-échange et les traités internationaux sur les semences ont souvent joué un rôle contre-productif et ont marginalisé l’agriculture paysanne, les systèmes de semences paysannes et la souveraineté alimentaire.
La Coordinadora Latinoamericana de Organizaciones del Campo (CLOC Via Campesina) et la Coordination Européenne Via Campesina (ECVC) ont condamné l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur en février, en invoquant sa nature antidémocratique et sa violation des droits des paysan·nes et des engagements climatiques. Cette déclaration intervient alors que la Commission européenne et certains États membres de l’UE font pression pour trouver des moyens d’adopter l’ALE, sans prendre en considération le contrôle démocratique des parlements nationaux ni l’impact réel ou la mise en œuvre des soi-disant mesures environnementales.
Kilusang Magbubukid ng Pilipinas – KMP, l’un des membre de LVC aux Philippines, a attiré l’attention sur l’accord de partenariat économique global régional (RCEP), que le pays a ratifié en février. KMP souligne que l’agriculture fait partie des secteurs qui seront les plus touchés par le RCEP. 84 % des lignes tarifaires agricoles du pays auront des droits nuls dans le cadre du RCEP, ce qui les met en danger.
En Indonésie, le Serikat Petani Indonesia a protesté contre la décision de l’Agence alimentaire nationale (BAPANAS) de limiter le prix d’achat des céréales. Le SPI allègue que ces décisions ont été prises sans consulter les syndicats paysans et qu’elles ne profiteront qu’aux grandes entreprises.
Certaines de ces manifestations menées par les mouvements paysans sont également confrontées à la répression, à la criminalisation et même à la mort !
En février, La Via Campesina a reçu la nouvelle de l’assassinat d’Eduardo Mendua, un dirigeant de la CONAIE, le dimanche 26 février, avec chagrin et indignation. Son assassinat a eu lieu en plein milieu de l’avancée de l’extraction pétrolière dans les territoires de la région amazonienne de Cofán en Équateur.
Par exemple, en Corée du Sud, la Ligue des paysan·nes coréen·nes et l’Association des femmes paysannes coréennes ont déploré l’arrestation illégale du secrétaire général de la KPL, Ko Chang-geon, qui menait la lutte pour de meilleurs prix d’achat des produits agricoles et pour la souveraineté alimentaire.
La Via Campesina, prenant note de cette arrestation, a également publié une déclaration demandant au gouvernement sud-coréen de libérer immédiatement Ko Chang-geon.
Passons à d’autres nouvelles, au Sri Lanka et au Pakistan, les paysan·nes protestent contre l’augmentation du coût de la vie et la forte inflation qui ont rendu la vie extrêmement difficile pour tou·tes les citoyen·nes, mais surtout pour les paysan·nes et les travailleur·euses. À Lahore, au début du mois, les dirigeant·es paysan·nes du Pakistan Kissan Rabita Committee ont organisé une manifestation contre l’augmentation des prix des produits pétroliers et du taux de la taxe de vente sur les intrants agricoles, craignant que cela n’augmente leur coût de production.
En Europe, l’ECVC a lancé un nouveau rapport sur les conditions de travail et d’apprentissage des jeunes travailleur·euses agricoles, définis comme des personnes qui travaillent dans les champs, les montagnes et les fermes, ainsi que dans les unités d’élevage ou de transformation alimentaire, et qui ont moins de 40 ans. Le rapport examine un large éventail de questions sous l’angle de l’intersectionnalité, notamment les heures de travail, les honoraires, les contrats, le pouvoir de négociation, la nourriture et le logement, ainsi que la discrimination fondée sur le genre.
(Avons-nous loupé une mise à jour importante ? Si oui, vous pouvez envoyer les liens à communications@viacampesina.org, et nous les inclurons dans la prochaine édition. Seules les mises à jour des membres de La Via Campesina feront partie de ce bulletin d’information. Pour une mise à jour complète des différentes initiatives de Février 2023, visitez notre site web).
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