Brésil : “2013: un bilan négatif pour les travailleurs agricoles”
(23 décembre 2013). C’est le bilan que tire João Pedro Stedile, dirigeant national du MST, dans un article qui vient de paraître dans la revue Caros Amigos. Selon Stedile, “le processus de concentration de la propriété de la terre et de la production agricole continue de s’accélérer. Les ressources naturelles sont toujours plus concentrées entre les mains d’un nombre réduit de personnes. Il y a eu une avalanche de capital étranger et financier, investi pour contrôler un plus grand nombre de terres, d’eau, d’usines, d’agro-industries, et pratiquement l’ensemble du commerce extérieur des matières agricoles.”
“Le lobby des ruralistes au Parlement, fidèle défenseur des intérêts des capitalistes – qu’ils soient grands propriétaires ou entreprises transnationales – , après nous avoir imposé, l’année passée, la défaite de la révision du Code des forêts (Codigo florestal, loi protégeant de la déforestation), veut maintenant mettre la main sur les terres des indigènes et empêcher l’entrée en vigueur de la loi qui punit ceux qui pratiquent encore l’esclavage.”, continue Stedile. “Ils veulent de plus autoriser l’utilisation des semences terminator, qui sont des semences stériles interdites dans le monde entier”.
Sur le gouvernement Dilma, Stedile constate qu’”il a moins redistribué de terres que le dernier gouvernement de la dictature militaire, celui du général Figueiredo [1979-1985]. Pendant que plus de 100 000 familles attendent, moisissant dans des campements le long des routes!”
En termes d’avancées pour les travailleurs ruraux en 2013, Stedile note la mise sur pied d’un Plan national d’Agroécologie, destinant près de 9 milliards de reais au développement de cultures agro-écologiques dans le pays; la conquête de cours d’études supérieures pour les jeunes Sans Terre, à travers des partenariats avec les universités; et le programme “plus de médecins”, qui amène des médecins étrangers dans les campagnes délaissées par les médecins brésiliens.
Pour Stedile, un des éléments qui a marqué 2013 est l’augmentation de la visibilité des contradictions sociales auxquelles mène le modèle de l’agronégoce, notamment à travers des agressions toujours plus brutales contre l’environnement, avec son utilisation intensive des produits agrotoxiques – qui mène à un réel problème de santé publique, avec une augmentation des cas de cancer liés à leur consommation et utilisation – et sa main mise sur le prix des aliments.
Pour conclure, le dirigeant du MST aborde les grandes mobilisations urbaines de juin: “Dans les grandes villes, les jeunes ont été notre voix, demandant des changements et se mobilisant pour un pays meilleur. Nous nous joindrons certainement à eux en 2014, exigeant une réforme politique et la mise sur pied d’une Constituante souveraine, puique les oreilles des élites et des trois pouvoirs continuent à être bouchées par leur propre stupidité.”