Au Japon, en Corée et au Canada, les paysans rejettent le Partenariat transpacifique
Communiqué de presse de plusieurs membres de la Via Campesina contre le Partenariat transpacifique
(Séoul, Tokyo, Lachute, le 15 juin 2015). Nous, les membres de La Via Campesina sur les deux rives de l’Océan pacifique, nous exprimons conjointement notre opposition au Partenariat transpacifique (PTP). Ce soi-disant partenariat est en fait une extension des politiques néolibérales promues par les sociétés multinationales avec le soutien des gouvernements.
Les politiques néolibérales et les traités de libre-échange ont déjà beaucoup impacté de façon catastrophique les familles paysannes et les travailleurs agricoles. Elles les rendent de plus en plus à la merci des sociétés multinationales. Le contrôle croissant qu’exercent ces sociétés sur les marchés de biens mondiaux menace les moyens d’existence des familles paysannes et des ouvriers agricoles , le bien-être des communautés indigènes et la santé des consommateurs. Leur pouvoir constitue un affront à la souveraineté alimentaire et à la justice sociale, et une menace à l’intégrité écologique. Plus de vingt années de traités de libre-échange néolibéraux l’ont démontré, la croissance des exportations agricoles ne sert qu’à gonfler les profits des sociétés transnationales; elle n’augmente pas les revenus nets des paysans, hommes et femmes.
De plus, le PTP n’est pas un simple traité de libre-échange. Ses dispositions portent atteinte à la souveraineté nationale des pays concernés, en soumettant leurs citoyens et citoyennes aux règles dictées par les sociétés multinationales, et en causant la détérioration des conditions de vie de la grande majorité de la population – tout particulièrement les familles paysannes, les ouvriers et ouvrières agricoles et les petits entrepreneurs. En renforçant les droits de propriété intellectuelle des sociétés pharmaceutiques, le traité priverait les pauvres de médicaments sur ordonnance. Les dispositions relatives au règlement des différends entre investisseurs et États permettraient aux sociétés de poursuivre les gouvernements nationaux pour de prétendues pertes de profits, ce qui forcerait la modification, ou même l’abandon, des programmes de santé, environnementaux et sociaux. Les dispositions sur la concurrence, les entreprises de l’État et l’approvisionnement des gouvernements empêcheraient les pays membres de mettre en œuvre des politiques économiques adaptées à leur situation spécifique.
L’opposition croissante du public, qui devient de plus en plus conscient du caractère dangereux des dispositions du Traité transpacifique, a jusqu’à maintenant empêché la conclusion de l’accord entre les négociateurs. Le temps est venu d’arrêter les négociations. Au Japon, en Corée, au Canada et partout au monde, il est devenu urgent de mettre fin aux politiques et pratiques néolibérales et de construire un système d’échange international alternatif basé sur la souveraineté alimentaire, la protection de l’environnement et le bien-être de nos peuples.
Globalisons la lutte — Globalisons l’espoir!
Union Paysanne, Québec, Canada
National Farmers Union (NFU), Canada
Ligue paysanne de Corée (KPL), Corée du Sud
Association des femmes paysannes de la Corée (KWPA), Corée du Sud
Mouvement des familles agricoles du Japon (NOUMINREN), Japon