Assemblée des Jeunes Paysan·nes d’Asie du Sud-Est et de l’Est pour la Justice Agraire
Dili, Timor-Leste — 22-24 octobre 2024 :
L’Assemblée Régionale des jeunes pour la région de l’Asie du Sud-Est et de l’Est, organisée par La Via Campesina, s’est tenue à Dili, au Timor-Leste, rassemblant de jeunes paysan·nes pour aborder des luttes communes et renforcer la solidarité dans toute la région. Des représentant·es de la jeunesse du Timor-Leste, des Philippines, de Thaïlande, de Corée du Sud, d’Indonésie, du Japon, du Cambodge, de Malaisie et d’Australie ont participé à cette assemblée de trois jours, tenue du 22 au 24 octobre, pour promouvoir la coopération régionale, partager des connaissances et militer pour la justice agraire et des systèmes alimentaires durables.
L’assemblée, accueillie par MOKATIL en collaboration avec le Secrétariat Régional Asiatique de La Via Campesina, visait à construire une approche unifiée pour faire face aux défis des communautés rurales d’Asie du Sud-Est et de l’Est. Ces rassemblements sont essentiels pour former des stratégies collectives, donner du pouvoir aux jeunes paysan·nes et renforcer les mouvements de base pour faire face aux problèmes critiques qui touchent les communautés agricoles, qu’il s’agisse des droits fonciers ou de la souveraineté alimentaire.
Le Secrétaire d’État aux Coopératives du Timor-Leste a ouvert l’événement en accueillant les délégué·es et en réaffirmant l’engagement du gouvernement à promouvoir les coopératives agricoles. Il a souligné l’importance des jeunes pour défendre les droits paysans et assurer la durabilité de l’agriculture pour les générations futures.
Les représentant·es de MOKATIL ont partagé leurs perspectives sur les luttes des familles paysannes du Timor-Leste, dues à l’expansion capitaliste et à des projets écologiquement destructeurs. Ils ont mis en avant le besoin urgent de l’engagement des jeunes pour protéger les droits agraires et maintenir des pratiques agricoles durables face à ces défis.
Pendant l’assemblée, les jeunes représentant·es de chaque organisation participante ont présenté les problématiques qui touchent les agriculteur·rices dans leurs pays :
– Philippines (Paragos) : Les paysan·nes philippin·es font face à de graves difficultés, car les entreprises, souvent soutenues par le gouvernement, accaparent les terres, poussant beaucoup dans la pauvreté et forçant les jeunes à abandonner l’école. Les membres de Paragos se sont engagé·es à résister à ces injustices, et les délégué·es de l’assemblée ont proposé de créer une vidéo de solidarité pour sensibiliser aux luttes des paysan·nes philippin·es.
-Timor-Leste (MOKATIL) : MOKATIL a présenté ses initiatives visant à soutenir la jeunesse timoraise dans la construction de systèmes agricoles durables, essentiels pour la reprise économique post-COVID. Malgré des obstacles comme des politiques défavorables, les impacts climatiques et un manque de compétences en adaptation, les jeunes de MOKATIL restent déterminé·es à promouvoir une réforme agraire.
– Corée du Sud (KWPA) : L’Association des Femmes Paysannes de Corée a exprimé ses préoccupations au sujet des importations de riz non taxées, qui compromettent les prix locaux et rendent la concurrence difficile pour les agriculteur·rices coréen·nes. La KWPA plaide aussi pour la préservation des semences traditionnelles, la promotion de l’agroécologie et l’amélioration de l’égalité des genres en milieu rural, en impliquant particulièrement la jeunesse dans ces efforts.
– Australie (AFSA) : L’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire d’Australie a rapporté que plus de 70% des terres agricoles australiennes sont utilisées pour l’exportation, souvent avec une main-d’œuvre immigrée sous-payée. L’AFSA soutient des initiatives permettant aux jeunes australien·nes d’accéder aux terres agricoles, visant à promouvoir un secteur agricole agroécologique et localement dirigé.
– Thaïlande (AOP) : L’Assemblée des Pauvres a souligné le déplacement des paysan·nes thaïlandais·es dû aux projets gouvernementaux comme la construction de barrages et la récupération des forêts, qui, bien que destinés à la conservation, nuisent souvent aux communautés agricoles locales.
– Cambodge (FNN) : Le Réseau des Agriculteur·rices et de la Nature a mobilisé les jeunes cambodgien·nes dans des coopératives agricoles, axées sur l’agroécologie et les pratiques d’agriculture biologique. Le FNN propose des formations en gestion d’entreprise pour les jeunes et les implique dans la défense de leurs droits au niveau communautaire et ministériel.
– Indonésie (SPI) : Le Syndicat des Paysan·nes Indonésien·nes a discuté de ses efforts pour promouvoir la réforme agraire, tout en notant que les jeunes sont contraint·s de s’éloigner de l’agriculture en raison de politiques défavorables, du contrôle des terres par les multinationales et de la monopolisation. Le SPI pousse pour un modèle de distribution des terres plus équitable au profit des communautés rurales.
Le troisième jour, les participant·es ont visité la municipalité d’Aileu, où ils·elles ont discuté avec des membres de MOKATIL de la gestion des adhésions et des processus de production. Au cours de la visite, les jeunes ont également réalisé une vidéo de solidarité pour leurs pairs aux Philippines et à Sumatra, en Indonésie, qui ont perdu leurs terres en raison des saisies par les entreprises. Le groupe a conclu la journée par une visite du secrétariat de MOKATIL et de l’Entrepôt National pour voir de près le travail de l’organisation.
Cette publication est également disponible en English.